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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la crypte pour prier, avec leur pasteur, pour l’âme d’Amaury.
    Les femmes lavèrent les corps que les hommes
descendirent sous la tour du Pet au Diable. Durant tout ce temps, Étienne
Le Trébuchet ne quitta pas son fils. Ses cheveux avaient blanchi d’un seul
coup quand il avait appris l’effroyable nouvelle.
    C’est Sanceline qui prévint Guilhem, Anna Maria et
Bartolomeo à la Corne de Fer. Craignant que ce ne soient des hommes de
Mercadier qui aient tué Amaury, Guilhem partit aussitôt examiner le cadavre.
S’ils l’avaient torturé et s’il avait parlé, ils n’étaient plus en sécurité. Il
demanda donc à Bartolomeo de rester à la Corne de Fer avec sa sœur, armé et
rembarré dans la chambre, car une attaque-surprise des routiers était possible.
    Le corps d’Amaury était dans la crypte, veillé par
son père. Guilhem l'étudia longuement avec une lanterne et constata qu’on lui
avait seulement coupé la gorge. Il n’y avait aucune trace de torture sinon de
nombreux hématomes sans doute dus à sa rencontre avec Thomas le Tondeur. Comme
la logeuse avait aussi été massacrée, peut-être n’était-ce, finalement, que des
maraudeurs, se rassura-t-il. Il demanda pourtant à Sanceline d’être prudente et
de ne plus sortir seule avant d’aller raconter à Locksley ce qui s’était passé.
    À cette occasion, il transmit à son ami une prière
de Noël de Champeaux : les cathares souhaitaient qu’ils participent, tous
les quatre, à la cérémonie pour la mort d’Amaury. Ce ne serait pas
compromettant, lui avait assuré Noël, Enguerrand lirait seulement un texte de
saint Jean et bénirait l’assemblée. Guilhem avait déjà donné son accord, pour
être avec Sanceline. Locksley accepta aussi, en mémoire d’Amaury, et Anna Maria
et Bartolomeo ne voulurent pas qu’ils y aillent seuls.
    La nuit tombée, quand ils arrivèrent dans la
crypte après être passés par la maison de Bertaut, la salle était déjà pleine
d’une trentaine de cathares, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Toute la
communauté de la rue de la Tisseranderie était là.
    La grande cave était éclairée par des chandelles
de suif et des torches de résine attachées aux murs par des crochets de fer. Le
corps d’Amaury, enveloppé d’un linceul, était allongé sur des planches posées
sur des tréteaux. Au milieu de la crypte avait été dressée une table couverte
d’une nappe blanche avec l’Évangile de saint Jean posé dessus, ainsi qu’une
croix à trois branches.
    Dès que Sanceline les aperçut, elle se précipita
pour les présenter à des amis que Locksley connaissait déjà : Jehan le
Flamand, le tisserand aux cheveux flamboyants, et Aignan le libraire qui était
avec ses deux grands garçons. Dame Bertaut et d’autres femmes avec enfants et
nourrissons les rejoignirent.
    Ensuite, Locksley et Guilhem vinrent se recueillir
un moment devant le corps d’Amaury où priait déjà Enguerrand.
    — Allez-vous pratiquer votre consolamentum  ?
lui demanda Locksley, un peu agressivement. Amaury mérite qu’on lui pardonne
ses péchés.
    — Je le ferais, si c’était possible, seigneur
comte, mais le consolamentum ne peut être reçu que vivant. Soyez
pourtant assuré que l’âme d’Amaury existe toujours. Simplement, comme elle n’a
pas accompli sa pénitence dans le corps où elle se trouvait, elle est passée
dans un nouveau corps.
    — Nous changeons ainsi souvent de
corps ? s’enquit Guilhem, intrigué.
    — Sept fois, ou seize fois selon nos évêques.
Il n’y a ni purgatoire ni résurrection dans notre foi, répondit Enguerrand en
les considérant avec tristesse.
    Il ajouta, sur un ton de reproche :
    — Pourquoi êtes-vous venus en haubert et
cervelière, avec dague et épée ? C’est le temps de la prière et non celui
de la fureur. Ne croyez-vous pas qu’il y a déjà eu assez de violence ?
    — Nous ne sommes pas cathares, maître
Enguerrand, et encore moins Parfaits, lui répondit Locksley en plantant ses
yeux dans les siens. Amaury était mon ami, il a été tué par les armes et je lui
rendrai hommage armé. C’est aussi avec mes armes que je le vengerai.
    Sans baisser les yeux, le Parfait prit doucement
les mains de Locksley et les garda un instant dans les siennes avant de
s’éloigner, sans une parole, vers Étienne Le Trébuchet qui sanglotait. Le
Saxon resta immobile. Il avait ressenti une brusque colère quand Enguerrand lui
avait reproché d’être armé,

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