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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’écart, tandis que la discussion entre le
prévôt et les bourgeois reprenait sur le casse-tête du guet.
    — La population à l’intérieur de l’enceinte
est de cinquante mille personnes, dont dix mille hommes, rappelait Philippe
Hamelin. Mais la ville est immense. Il faut non seulement que l’ordre y règne
le jour et la nuit, mais aussi assurer la garde sur les remparts.
    — C’est du domaine du roi, objecta Thibault
Le Riche qui devinait qu’on allait encore faire appel à leurs pécunes.
    — Le roi paie des arbalétriers génois et des
soldats flamands et brabançons, en effet, mais il n’en a pas assez. Il y a trop
de larrons qui échappent au guet.
    — Sont astreints au guet, à tour de rôle, les
marchands et les artisans qui paient la taille, noble prévôt, remarqua Athon de
Grève.
    — Sauf ceux qui ont passé soixante ans, les
boiteux, les estropiés, les mutilés, les maîtres, les jurés des métiers et même
les bourgeois dont la femme est en couches ! ironisa le prévôt en
énumérant sur ses doigts ces cas particuliers.
    — Mais c’est justice ! intervint Evrouen
Le Changeur. Tout comme l’exemption de guet est de droit pour les
seigneurs, les ecclésiastiques, les sergents, les serviteurs du roi, de
l’évêque et des abbayes. Voulez-vous changer la coutume ?
    — Seulement, ils ne sont pas seuls !
Tous ceux dont les travaux sont utiles à l’équipement des chevaliers et aux
gens de guerre sont aussi dispensés du guet. À leur nombre, il faut ajouter les
colporteurs, les vendeurs de vin à étal, les peintres, les imagiers, les
chasubliers, les libraires, les parcheminiers, les enlumineurs, les écrivains,
les tondeurs de draps, les tailleurs de pierres, les haubergiers, et que
sais-je encore ! s’emporta Philippe Hamelin.
    Devant l’expression renfrognée des trois
bourgeois, il ajouta d’un ton conciliant :
    — Les couteliers ont la faculté de faire
faire le service du guet par leurs ouvriers et les tonneliers d’en être exempts
moyennant une redevance. Je propose que cette redevance soit étendue à tous
ceux qui ne participent pas au guet.
    Il les considéra à tour de rôle avant
d’ajouter :
    — Mon devoir est d’assurer la sécurité dans
cette ville. Vous êtes les premiers à vous plaindre des courtauds, des capons,
des francs-mitoux et des malingreux qui mendient indûment et volent à la
moindre occasion. Comment voulez-vous que mes sergents patrouillent dans une si
grande ville s’ils ne sont pas plus nombreux ? Je n’ai que trois douzaines
d’hommes d’armes au Châtelet et à peine deux cents au Palais. La sûreté de la
ville exige des patrouilles de nuit plus nombreuses.
    Voyant que les bourgeois restaient contrariés, et
sachant qu’il ne devait pas leur forcer la main, il leur proposa :
    — Parlez-en entre vous, et faites-moi une
proposition pour notre prochaine réunion.
    Pas fâchés de s’en tirer si bien, les trois
bourgeois se levèrent, saluèrent les deux frères et se retirèrent.
    Une fois seuls, Robert vint accoler Philippe avec
une sincère affection. Si les deux frères avaient une grande ressemblance avec
le même regard inquisiteur, le même nez mince, le même menton fuyant, le même
visage plissé, la même bouche aux lèvres épaisses et à la dentition jaune mal
plantée, la même voix grave, la même musculature puissante, ils étaient
pourtant très différents. D’abord, l’âge les séparait. Philippe Hamelin avait
la quarantaine bien sonnée quand Robert approchait à peine de la trentaine. Il
y avait aussi la coiffure. Robert, qui était prêtre, était tonsuré, tandis que
son aîné portait une belle toison brune et bouclée. Enfin, il y avait les
vêtements. Philippe Hamelin était revêtu d’une lourde broigne maclée d’anneaux
de fer avec une longue épée à double tranchant et une miséricorde pendues à son
large baudrier, alors que Robert était en robe noire à capuchon avec une simple
croix d’argent autour du cou.
    — Dès qu’il s’agit de leur faire sortir leurs
deniers, ces marchands sont tous les mêmes ! s’exclama avec dépit le
prévôt de Paris. Mais si je n’étais pas là pour les contraindre, le désordre
régnerait dans cette ville et ils le reprocheraient au roi !
    — Le désordre règne quand même, ironisa le
prévôt de Saint-Éloy, c’est d’ailleurs la raison de ma venue.
    Philippe Hamelin fronça le front.
    — Explique-toi ! S’est-il passé

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