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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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le
tisserand qui est remonté seul et a refermé la porte au verrou. On a été
libérés par quelqu’un venu porter le dîner de son frère.
    — Vous n’aviez jamais vu cet archer ?
    — Non, père prévôt.
    — Décris-le-moi.
    — Très grand et brun, vêtu d’un gambison
d’arbalétrier ou d’archer.
    — Ce serait un soldat ?
    — Certainement, seigneur, un mercenaire ou un
routier. Peut-être un Cottereau, ou un Brabançon flamand. J’ai remarqué qu’il
portait un gant à la main qui tenait la corde.
    — Un godon, plutôt, il n’y a qu’eux pour
savoir si bien tirer. Quelle taille avait son arc ?
    — Très grand, mon père, une toise, ou plus.
    — Un arc gallois, peut-être… Mais comment
connaissait-il Le Trébuchet ? Pourquoi un Anglais viendrait-il
délivrer un tisserand accusé d’hérésie ?
    — Si c’est un mercenaire, ce pourrait être sa
famille ou ses amis qui l’ont engagé, suggéra le geôlier.
    — C’est possible, mais comment le retrouver
maintenant ? Il a dû quitter Paris.
    Le geôlier resta silencieux, n’ayant rien à
proposer, tandis que Robert Hamelin réfléchissait. Qu’allait-il dire à
l’abbé ? Puis une idée lui vint : son frère Philippe, qui était le
prévôt de Paris, pourrait certainement l’aider à retrouver cet archer au
gambison, pour autant qu’il existe.
    — Tu mérites le pilori, tu le sais, fit-il
sévèrement au geôlier.
    — Oui, mon père, déglutit l’autre, mais je
vous jure sur la sainte Croix que je n’ai rien pu faire.
    — Rentre à la prison. L’abbé décidera de ta
punition.
    Le geôlier partit. Le prévôt réfléchit encore un
moment, puis quitta la salle voûtée où il jugeait les délits commis dans la
censive du prieuré. Il traversa un cloître, saluant quelques moines, et prit un
escalier qui le conduisit à une galerie dont la première porte était celle des
appartements de l’abbé Isembard.
     
    Saint Éloy, évêque et ministre du roi Dagobert,
avait construit l’église de Saint-Martial dans la Cité, puis y avait adjoint
des bâtiments conventuels. C’était devenu un monastère de religieuses qui avait
pris une importance considérable.
    Après la mort de saint Éloy, l’abbaye avait pris
son nom. Riche, elle possédait de nombreux fiefs, dont une partie du
Monceau-Saint-Gervais. Au début du XII e siècle, un grand relâchement des mœurs se fit chez les religieuses. Leurs
désordres furent tels que l’évêque de Paris, Galon, les dispersa. Le monastère
et ses censives furent donnés à l’abbaye de Saint-Pierre-des-Fossés, devenue Saint-Maur-des-Fossés,
tout en restant sous la dépendance de l’évêque de Paris. Les religieuses furent
remplacées par douze religieux de l’ordre de Saint-Benoît devant offrir chaque
année aux chanoines de la cathédrale six porcs gras, cinq muids de vin, trois
setiers de froment, huit moutons et six écus. L’abbaye connut à nouveau la
prospérité et le nombre de religieux augmenta rapidement.
    — C’est une affaire doublement grave, dit
Isembard quand Robert Hamelin eut terminé le récit de l’évasion. D’abord parce
que l’autorité de notre abbaye est compromise, ensuite parce que ce tisserand
est certainement bogomile et qu’il a des complices. Comment les trouver
maintenant ? Allons-nous laisser se répandre cette effroyable
hérésie ? Si l’évêque l’apprend, nous serons démis de nos charges.
    — Je sais, mon père, et je vais tout faire
pour restaurer l’autorité de l’abbaye et retrouver Le Trébuchet. Ce sont
certainement les compagnons de sa secte qui l’ont fait libérer en payant un
mercenaire. Si je le trouve, j’aurai tous les autres.
    — Ils seraient donc si puissants ?
Comment un tel groupe de bogomiles a-t-il pu vous échapper ?
    — Je ne suis pas certain que
Le Trébuchet soit bogomile, noble père abbé, d’ailleurs il a nié l’être.
Mais il y a une autre hérésie qui ressemble à celle des bogomiles : les
cathares. Elle serait très répandue chez les tisserands de Flandre.
    Isembard pâlit et balbutia, plein
d’inquiétude :
    — Les cathares ! Pourraient-ils avoir
contaminé nos bons tisserands de Paris ? Ce serait effroyable !
Savez-vous qu’à Toulouse ces hérétiques sont si nombreux qu’ils imposent leur
loi à l’Église et refusent de payer la dîme ? Il faut retrouver ce
mercenaire et Le Trébuchet, frère Robert ! Et nous devrons tous les
brûler pour extirper

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