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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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déterminer exactement où se trouvait ce Templier, sinon que ce
n’était pas à la Villeneuve du Temple.
    La badaudaille se pressait dans la boueuse rue
Saint-Martin et Locksley, retardé par un convoi de mules devant eux, regrettait
déjà de ne pas avoir pris son cheval. Comme partout, des marchands ambulants
proposaient gâteaux et pâtés chauds. L’un d’eux les interpella en lançant son
refrain traditionnel :
    — Dieu ! Qui appelle l’oubloier [47]  !
    Amaury avait faim, aussi acheta-t-il une oublie
qu’il partagea avec l’enfant.
    Enfin ils s’écartèrent des mules, leur guide les
ayant fait tourner à l’angle d’une église consacrée à saint Julien. Le chemin
qu’ils suivirent alors était bordé de murets et de haies devant des jardins
plantés de choux ou de fèves et des vergers de pommiers. Dans un grand champ,
devant deux longues granges de bois, des jongleurs et des saltimbanques
s’entraînaient à des tours. Devant un ours enchaîné à un pieu, deux porcs
savants, dressés sur leurs pattes de derrière, dansaient en musique au son d’un
tambourin manié par une jeune fille. L’enfant s’arrêta pour les regarder, les
yeux brillants d’admiration. Même Amaury resta émerveillé par le spectacle.
    — Nous en avons assez vu ! décida
Locksley au bout d’un instant.
    — C’est trop drôle ! s’esclaffa l’enfant
en voyant l’ours se dresser et se mettre à son tour à se dandiner.
    — Tu reviendras tout à l’heure ! dit
Locksley qui s’impatientait.
    — D’ici, vous pouvez y aller sans moi,
seigneur, répondit le gamin. Vous voyez toutes ces maisons là-bas ? (Il
désigna le bout du chemin.) La ruelle qui part de la maison rouge conduit à une
place où le Templier vous attend.
    Ne s’intéressant plus à Locksley, il se mit à
encourager l’ours qui sautillait d’une patte sur l’autre.
    — Martin ! Danse, Martin !
criait-il.
    — Laissons-le, dit Amaury en haussant les
épaules. Je connais l’endroit.
    Ils repartirent. Après les cultures qu’ils avaient
longées, l’endroit que leur avait désigné l’enfant était un vrai village, car
on voyait dépasser un clocher des pignons des maisons à pans de bois. Mais
c’était un pauvre village, sans même une clôture. Les artisans n’avaient que de
minuscules boutiques aux étals étroits, en bas de petites maisons d’un ou deux
étages. Il y avait des fabricants de boucles ou d’aiguillettes, des savetiers,
des emmancheurs de couteaux et des chandeliers qui coulaient le suif pour en
faire des chandelles. La maison rouge, désignée par leur guide, était occupée
par un marchand de vin devant laquelle deux garces, en robe écarlate à collet
renversé et chapeau de même couleur, attendaient les clients. À quelques pas,
un corps desséché se balançait à la corde d’une potence.
    La ruelle indiquée par le gamin était nauséabonde
et ne faisait pas deux pieds de large. Obscure, elle semblait conduire à
l’église.
    — Tu connais cet endroit ? demanda avec
méfiance Locksley à Amaury.
    — C’est le Beau bourg, seigneur. Il faut être
prudent, car il y a beaucoup de truands et de grinches.
    — Et cette ruelle ?
    — Je crois que c’est un cul-de-sac qu’on
appelle la ruelle du Cul-de-Pet. Je ne sais pas si on va y rencontrer votre
Templier mais on va y trouver des bougresses.
    Locksley s’approcha d’une des garces qui lui jeta
un regard aguicheur.
    — Je cherche un chevalier du Temple qui nous
attend par ici.
    — Pas vu ! répliqua-t-elle, déçue.
    — Passez par la rue des Truies, beau
seigneur, proposa l’autre. Il y a un cabaret où leurs sergents se retrouvent
pour boire et prendre du bon temps avec nous. Vous verrez une tête de cerf sur
la porte.
    Elle désigna une ruelle plus bas, à l’angle de
laquelle se trouvait la boutique du chandelier.
    — Essayons la rue des Truies, proposa
Locksley.
    Elle était à peine plus large que celle du
Cul-de-Pet. Les étages débordaient les uns au-dessus des autres et les
encorbellements se touchaient presque pour former un sombre tunnel. Ils
avançaient dans une quasi-obscurité en faisant attention aux endroits où ils
mettaient les pieds, tant le sol était raviné de trous puants. Avisant un
étroit passage entre deux maisons aux portes basses, Amaury proposa qu’ils
l’empruntent pour rejoindre le cul-de-sac du Cul-de-Pet. Se dirigeant vers le
clocher, ils traversèrent un sombre jardin où broutait une

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