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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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le mal !
    — Je vais demander l’aide de mon frère, le
prévôt de Paris.
     
    Le Grand-Châtelet, d’abord construit en bois,
avait été incendié par les Normands lors du siège de Paris, aussi les rois
capétiens l’avaient-ils reconstruit en pierre. C’était à l’origine un simple
châtelet, une porte fortifiée. Du côté de la place de la boucherie, il se
présentait comme un corps de bâtiments de deux étages flanqué de deux tours
rondes et d’un donjon, tandis que du côté du fleuve c’était une cour entourée
d’une courtine.
    Venant de Saint-Éloy, et ayant traversé le pont,
le prévôt Robert Hamelin laissa sa mule dans la cour et pénétra dans le logis
principal par un escalier d’une dizaine de marches. Entré dans la salle des
gardes, éclairée seulement par de fumants flambeaux de résine, il prit un
escalier en colimaçon qui le conduisit à l’appartement de son frère.
    Philippe Hamelin, le prévôt de Paris, habitait en
effet dans le Grand-Châtelet, tout comme la garnison à son service pour
surveiller la porte de l’Outre-Grand-Pont et assurer le guet. C’est dans sa
chambre qu’il rendait la justice pour les petits délits en flagrance. C’est là
aussi qu’il réunissait les bourgeois qui l’assistaient, les religieux avec qui
il devait composer sur les droits des censives et, enfin, les maçons qui
construisaient la nouvelle enceinte sur la rive gauche ainsi que le donjon du
Louvre.
    On le voit, le prévôt avait des attributions
extrêmement étendues. Agent seigneurial, chef de la noblesse de la ville, il
administrait Paris au nom du roi, collectait impôts et taxes, assurait la
police des marchandises, avait en charge le guet et la garde des portes de la
ville, et enfin s’occupait de la construction des fortifications.
    En ce temps-là, il n’y avait pas de municipalité à
Paris, simplement une confrérie des marchands d’eau à qui le roi avait confié
la police du fleuve et le privilège des transports et du débarquement des
marchandises. Quand il était parti à la croisade, Philippe Auguste, qui avait
confiance en eux, leur avait remis le gouvernement de la ville. C’étaient eux
qui avaient payé la construction de l’enceinte du côté de l’Outre-Grand-Pont.
Depuis son retour de Terre sainte, le roi les associait à ses décisions en leur
laissant l’affermage de la collecte des taxes sur le sel, le vin ou le blé.
    Cet après-midi-là, trois des plus éminents
représentants de la bourgeoisie, Thibault Le Riche, Athon de Grève et
Evrouen Le Changeur se trouvaient dans la chambre du prévôt de Paris. Ces
bourgeois se ressemblaient étrangement. Glabres, corpulents et bedonnants, tous
trois en épais bliaud de velours brun à grandes manches, mais sans
passementerie ni broderie, une aumusse fourrée d’hermine sur la tête, ils
avaient la cinquantaine passée et les cheveux gris sauf Evrouen
Le Changeur qui était chauve.
    Les bourgeois et le prévôt venaient de se mettre
d’accord sur la répartition de différentes taxes. Ainsi ils avaient accepté que
le droit d’aubain soit réparti avec l’évêché comme le demandait monseigneur
Eudes de Sully. De la même façon, ils avaient approuvé un partage des tailles
avec lui. Ils avaient aussi proposé au roi une liste de drapiers, forgerons,
tanneurs et autres métiers marchands qui auraient le droit d’exercer sur le
parvis de Notre-Dame et appartiendraient à l’évêque.
    Ils avaient aussi acquiescé à la demande de frère
Haimard, le Templier chargé des finances royales, au sujet d’une meilleure
collecte des taxes sur les vins, car les fraudes des cabaretiers étaient
nombreuses.
    Enfin, Philippe Hamelin leur avait présenté un
mémoire de frère Guérin, le chancelier de Philippe Auguste, au sujet des
amendes et des châtiments pour ceux pris en flagrant délit de meurtre, ainsi
que sur l’organisation des duels judiciaires dans la cour de l’évêché, pour
ceux qui se disaient innocents.
    Ils abordaient l’organisation du guet quand Robert
se glissa dans la salle. Les trois bourgeois avaient l’habitude de la présence
du prévôt de Saint-Éloy, aussi le saluèrent-ils d’un signe de tête amical.
Quant à Philippe Hamelin, il savait qu’il pouvait compter sur la discrétion de
son frère et il appréciait ses conseils tant Robert connaissait bien les
rouages de l’évêché.
    Comme à chaque fois, le prévôt de Saint-Éloy
s’assit discrètement sur un banc à

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