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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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depuis
que je suis revenu.
    Furieux, Guilhem lui tourna le dos et se rendit
dans la cour. Il trouva l’aubergiste qui en avait après deux femmes plumant des
canards.
    — Ce ne sera jamais prêt à temps !
s’emportait-il.
    — Avez-vous vu notre amie ? demanda
Guilhem.
    — Oui-da ! Elle est dans la salle.
    — Elle n’y est plus !
    — Elle a dû partir.
    — Où ? Quelqu’un est-il venu la
chercher ? tonna Guilhem.
    — Comment vous voulez que je le sache, gentil
jongleur ! J’ai assez à faire ici ! En plus, une de mes servantes m’a
quitté sans raison !
    Voyant qu’il n’en tirerait rien, Guilhem revint
rageusement dans l’auberge.
     

Chapitre 20
    Jeudi 13 mai
     
    T orturés
par l’indécision et l’inquiétude, ils étaient retournés dans la première salle
quand ils virent entrer la servante les ayant servis la veille. Sitôt qu’elle
les aperçut, elle se précipita vers eux.
    — Très-haut et gracieux seigneurs, je vous
cherchais, fit-elle, essoufflée.
    — Nous ? demanda Guilhem, suspicieux, en
remarquant quand même combien la jeune fille était charmante.
    De petite taille, brune aux yeux verts avec de
longs cils, son regard était tendre, malgré un visage vif et un menton
volontaire. Sa coiffe dissimulait mal la profusion de ses cheveux arrangés en
boucles ondoyantes jusqu’au cou. Ses traits étaient fins, sa bouche petite avec
des lèvres bien dessinées et des dents comme des perles. Elle avait surtout un
sourire ensorceleur.
    Comme elle s’approchait de Guilhem, un arôme de
romarin chatouilla ses narines et réveilla de troublants souvenirs. C’était la
même odeur que celle de Constance Mont Laurier qui se parfumait avec l’huile de
la plante. Inconsciemment, il compara les deux femmes. Celle-ci n’était qu’une
humble servante en tunique de lin grossier avec une simple aumônière brodée à
la taille, tandis que la dernière fois qu’il avait vu Constance, elle portait
un manteau fermé par une agrafe d’or sur un bliaut paille, étroitement lacé sur
sa poitrine, avec une ceinture d’argent d’où pendait une escarcelle de soie.
Mais quand Constance affichait souvent une rude expression et un regard sévère,
cette servante montrait une figure à la fois naïve et souriante qui ressemblait
à celle des anges peints dans les églises.
    — Je peux vous conduire auprès de votre amie,
proposa-t-elle.
    — Savez-vous où est Anna Maria ? gronda
Bartolomeo en la saisissant par le bras.
    Elle le repoussa en se débattant.
    — Ne vous avisez pas de me toucher,
vous ! Oui, je sais où elle est ! Elle est partie avec moi tout à
l’heure !
    — Pourquoi, gracieuse demoiselle ? Où
l’avez-vous conduite ? demanda Guilhem avec une politesse de pure forme,
car il avait compris que brusquer la fille ne servirait qu’à la perdre.
    — Ne l’écoutez pas, c’est un piège,
seigneur ! le prévint Bartolomeo, dépité. Cette fille a attiré ma sœur
dans un traquenard et veut maintenant nous trahir. Laissez-moi lui faire avouer
la vérité.
    — C’est faux ! cria la servante si fort
que plusieurs clients levèrent les yeux.
    Elle ajouta, un ton plus bas.
    — C’est votre ami qui m’envoie, le comte
anglais. Elle m’a dit qu’elle était sa femme.
    Guilhem n’hésita plus. Ils étaient armés et la fille
trop jolie. Il ne pouvait imaginer que cette femme soit méchante.
    — Lorsque Belzébuth adresse un message, le
fait-il porter par l’ange Gabriel ? demanda-t-il à Bartolomeo. Gentille
dame, nous vous accompagnons.
    Il la prit pourtant par l’épaule – avec lui,
elle se laissa faire – passant la porte que Bartolomeo avait ouverte en
grimaçant de contrariété.
    Devant eux, la rue était barrée des deux côtés par
une douzaine d’arbalétriers en gambison blasonné à la crosse de l’évêque. À
quelques pas, un homme à cheval en broigne couverte d’une tunique portant une
crosse brodée écarlate, cria :
    — Ne bougez plus ou vous perdrez la
vie !
    Le temps que Guilhem réagisse, la fille s’était
arrachée de sa main. Il tourna la tête, elle était rentrée dans l’auberge et
avait disparu à ses yeux.
    — Toi ! Tire sur elle ! cria le
cavalier à l’un des archers.
    Le trait partit, mais au bruit il s’était planté
dans du bois.
    — Rattrapez-la !
    Bartolomeo était paralysé par la stupeur. Dans le
même temps, Guilhem avait évalué la situation. Il aurait pu fuir comme elle,
mais

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