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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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je vais dire là,
que le Seigneur me pardonne et mon curé aussi, mais je cuide quand et quand que
le ciel m’a oubliée en ma pauvre geôle terrestre !
    Giacomi ne fut
pas du voyage, ne voulant laisser au Louvre la pratique que Silvie lui avait
baillée, à telle enseigne qu’escortant notre belle Gertrude en sa coche, nous
fûmes trois à mener nos cinq chevaux à Montfort où, comme je m’étais bien
apensé, le Maître Béqueret nous trouva incontinent un laboureur qui les mit au
vert pour deux sols le jour et sans demander pécunes pour le ruisseau où il les
abreuvait.
    Notre gentille
Normande fut bien marrie d’avoir à quitter mon Samson le 16 pour retourner en
Paris assister aux fêtes du mariage princier, mais comment les manquer quand
tout ce qui comptait de noblesse en France était accouru pour les
envisager ? Et comment renoncer à se parer des splendides attifures
qu’elle s’était fait façonner tout exprès pour ce grand événement dont elle
répétait qu’il serait quasi unique en sa vie de femme, y devant se trouver à la
Cour alors tant de gens à voir, et tant d’occasions d’être vue.
    Miroul
s’offrit à monter à côté du cocher, mais Gertrude, sachant bien qu’il était
plus qu’un valet pour moi, le voulut dans la coche assis à côté de Zara et nous
faisant face à elle et moi. Miroul fut tant ravi de voyager avec nous, et en ce
gracieux voisinage, que je cuidais qu’il allait en tirer profit, mais, soit
qu’il ait été repu ces trois jours passés au-delà des humaines forces par la
chambrière de Dame Béqueret avec qui, comme on sait, il avait jà coqueliqué en
notre premier séjour, soit qu’il fût comme rabattu par l’éclatante beauté de
Zara, soit encore que me voyant à celle-ci si attentif, il ne voulût pas
derechef marcher sur mes brisées, il fut sage tout du long comme un saint de
vitrail, les mains jointes, le parler rare et les paupières baissées sur ses
beaux yeux vairons.
    Pour moi, je
me sentais quasiment trop à l’aise dans la pénombre de cette coche (les
tapisseries étant baissées en raison du soleil) sentant contre mon flanc les
suavités du corps de Gertrude et dans l’œil, face à moi, les charmes de Zara,
laquelle se voyant par moi et sa maîtresse tant épiée, les multipliait à
plaisir, jasant beaucoup de sa chantante voix, et avec une infinité de petites
mines mignardes, des tournements de son long cou et des jolis gestes de ses
fines mains, lesquelles à’steure comme sans y toucher écartaient un peu le
mouchoir qui voilait son tétin et à s’teure le remettaient en place d’un air
effarouché, parfois encore, empoignant de part et d’autre de sa jolie face ses
longs cheveux, les mettait en tas sur sa tête, geste où il devait y avoir
beaucoup d’art sous un apparent désordre à en juger par l’émeuvement où il me
jetait. Je n’eus garde toutefois d’envisager trop continuement cette
ensorceleuse, ne voulant point, comme il arrive, passer de la commodité de la
contemplation à l’incommodité du désir. Je pris donc le parti de fermer les
yeux et contre-faisant le dormeur mais recueilli en mon cocon, je me mis à
rêver à mon Angelina, doux songes que j’ai faits plus de mille fois, que je ne
voudrais pour un royaume redire ici, et auxquels m’inclinait mon renaissant
espoir.
    Ha ! que
cette Paris, malgré la splendeur de ses monuments, me parut sale et puante en
la touffeur de l’août, au regard de l’air champêtre que j’avais respiré en
Montfort ! Gertrude m’eût voulu au débotté inviter à souper au logis
qu’elle avait depuis trois mois rue Brisemiche retenu, mais pour parler à
langue déclose, je ne me sentais pas, pour y consentir, assuré assez de mes
vertus, tant ce voyage les avait éprouvées. Je la priai donc qu’elle m’arrêtât
rue de la Ferronnerie, ce qu’elle fit non sans rechigner de prime et au
département avec tant de brassées, de mignonneries et d’échauffés baisers que
seul le pensement de mon pauvre Samson enfermé dans les bocaux de Maître
Béqueret me donna la force de ne point m’engager où ce train me menait. Me
sentant à la descente de la coche quasi étourdi de ses assauts, et en outre
sale et sueux de ce long voyage, je décidai d’aller me rafraîchir ès les
vieilles étuves de la rue Saint-Honoré, Miroul pour ma sûreté m’y accompagnant,
mais me laissant sur le seuil après l’assurance que je lui donnai que j’y
passerais la

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