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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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impiété fameuse dont le
châtiment visiterait non seulement « ceux qui l’avaient fait », mais
hélas, le peuple entier. À la parfin, mettant en croix ses bras musculeux, et
le col en arrière renversé, le père Victor envisagea le ciel comme s’il y
puisait – quasi à la source même – une inspiration sacrée et s’écria
d’une voix qui ébranla les voûtes :
    — Dieu ne
souffrira pas cet exécrable accouplement !
    À quoi les
fidèles qui l’avaient ouï, béants et le souffle suspendu, répondirent par un
murmure d’assentiment qui, se gonflant de proche en proche, devint un
grondement tant farouche et terrible que je ne le peux mieux comparer qu’à
celui d’une meute de dogues à l’attache, tirant tous ensemble sur leurs
laisses, la gueule large ouverte et les babines découvrant les crocs.

 
CHAPITRE IX
     
     
    Ce même 21 au
soir, Quéribus me convia à départir en sa maison des champs à Saint-Cloud où il
voulait se rafraîchir des ardeurs du soleil en compagnie de Dame du Luc et de
Zara, mais combien que me tentât la paix du vert pays après tout le branle des
fêtes, je ne voulus pas être du voyage, pour ce que, au sortir du prêche du
père Victor, j’avais encontré le maître-paumier-esteufier Delay, lequel, comme
on sait, m’aimait prou pour la raison que j’oyais toujours ses propos d’une
oreille avide, trouvant suc et moelle en ses clabaudages de cour, étant au
Louvre si neuf et en Paris si mal parisianisé, alors même que Quéribus arguait
le contraire, prétendant qu’à rester un mois de plus en la capitale, je serais
un parfait muguet.
    Le
maître-paumier, apprenant mon proche départ, voulut savoir – étant de sa
complexion fort inquisitif – si je repartais content en mes provinces.
    — Hélas,
non, maître-paumier, dis-je avec un soupir, je suis venu céans pour quérir la
grâce du Roi, ayant tué en Sarladais un gentilhomme, quoique en loyal duel.
Mais le Roi, me cuidant être au Duc d’Anjou depuis l’affaire du pourpoint, me
refuse sa porte.
    — Qu’est
cela ? dit le maître-paumier levant le sourcil, la crête haute, et tout
parisien qu’il fût, se paonnant comme un Gascon, Charles vous refuse
audience ? Par ma fé, je rhabillerai ce refus ! Comptez-y !
C’est chose faite déjà : vous parlerez demain au Roi. Trouvez-vous à mon
jeu de paume sur les dix heures, et je vous mettrai d’une partie en double que
Charles doit disputer avec le Guise, Téligny et le bâtard d’Angoulême, lequel,
à ce que j’apprends, est au lit, affligé d’une fièvre quarte et continue,
symptômée d’un grand mal de tête, et comme pour cette raison, il faillira à
être là, je ménagerai si bien que vous prendrez sa place.
    Je n’en crus
pas mes oreilles à l’ouïr trancher ainsi, et disposer du Roi comme à sa
volonté, tant il parais sait incrédible qu’un paumier réussît là où M. de
Nançay avait échoué, mais ayant vu Delay entretenir Charles IX dans les
termes d’une non-pareille effronterie et observé qu’à la Cour, ce n’est pas de
force forcée le plus grand qui agit le plus sur nos Princes, bien le rebours, je
décidai de courre le risque, lequel était bien petit, car dans la réalité,
j’inclinai fort peu à ce séjour en Saint-Cloud (si joli que m’eussent paru, à
mon arrivée, ce village et ses moulins) augurant que même les bras de la belle
Zara me conforteraient mal de savoir Gertrude dans ceux de Quéribus, le cœur me
saignant d’être le témoin de l’infidélité qu’elle ferait à mon beau Samson et
quasiment à moi-même, ayant assez à faire à résister à ses attraits pour non
pas souhaiter les lui voir bailler à un autre.
    J’allai donc
au Louvre le 22, sur les dix heures et juste comme j’approchais du guichet, je
vis le roi, entouré de ses gentilshommes, saillir de la chapelle de l’hôtel de
Bourbon où il venait, à ce que je supposai, d’ouïr la messe. Au même moment,
l’amiral de Coligny, suivi de plusieurs seigneurs protestants, sortait du
Louvre par la porte piétonne et les deux groupes traversant à l’encontre l’un
de l’autre la petite place devant le château, l’un brillant et coloré, et
l’autre tout de noir vêtu, se saluèrent, s’entr’embrassèrent et se
congratulèrent avec une effusion d’amitié dont le Roi donna l’exemple en
appelant l’Amiral « mon père » et en le baisant sur les joues. Après
quoi, le prenant par le bras, je l’ouïs qui

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