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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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infâme bruit ? D’où le tient-on ?
    — De
bonne source : Margot même.
    — Et le
Duc ?
    — Le Duc
la poursuit d’une amour haïssante depuis qu’elle s’est ouverte à Guise. Le Roi
aussi. Et Alençon. Bon sang des Florentins ne saurait mentir : Margot est
aimée de ses trois frères, mais à l’italienne : jaleusement.
    Effrayé de ces
tant licencieux propos, je jetai un coup d’œil à l’entour, et je vis que le
fraternel couple, tandis qu’il avançait dans la nef, était miré de toute la
Cour avec des souris, des guignements, et des chuchotis qui en disaient fort
long sur le respect fort court que ces courtisans à courbettes nourrissaient en
leur for pour leur Prince. Ha ! pensai-je, j’entends enfin pourquoi le
peuple de Paris est tant rebelle, insolent et maillotinier : l’exemple
vient de haut.
    Tout huguenot
que je fusse, je n’avais eu, quant à moi, à entrer dans l’Église papiste des
scrupules tant gros que je n’eusse pu au berceau les étouffer, ne pouvant en
civilité planter là les dames et mon délicieux Quéribus. Mais, lecteur, sans
vouloir te donner offense si tu es de la religion du roi, qu’interminable
malgré son faste me parut cette messe, laquelle dura quatre mortelles heures, à
croire que les chanoines du sacré chapitre l’avaient tout exprès allongée pour
picanier Navarre et les réformés, lesquels pendant ce temps marchaient qui cy
qui là dans le cloître de l’Évêché, en butte aux grondements et huées du
populaire qui, tout vaillants seigneurs qu’ils fussent, les eût accablés sous
le nombre et à main nue déchiquetés, sans les Gardes françaises et les Suisses.
Mais d’après ce que j’ouïs plus tard, les paroles sales et fâcheuses prirent le
relais, et il n’est injure ni menace dont on ne les accablât et jusqu’à
dire : « Ha ! Chiens d’hérétiques ! Méchants bougres !
Suppôts d’Enfer ! Vous ne voulez la messe ouïr ! Mais nous saurons
bien vous y forcer ! » À cela les nôtres, guère plus sages ni
avisés ; répondaient en gasconnant de grosses gausseries sur Marie et les
saints qu’assurément ils eussent mieux fait de tenir enfermées dans l’enclos de
leurs dents, pour ce qu’elles portaient à tant de flammes la stridente haine
dont ils étaient l’objet qu’on eût dit que le massacre allait incontinent
saillir du pavé brûlant de Paris.
    Pour moi qui
ne vis rien de cela, j’oyais la messe pour la seconde fois, mais l’oyant en
Notre-Dame, j’étais béant des cérémonies qui se déroulaient dans le chœur où
ces prêtres mitrés, vêtus en resplendissantes chasubles, déroulaient lentement
un apparat qui paraissait vouloir dépasser en splendeur les pompes de la Cour.
Oncques n’avais-je vu, sous d’aussi grandioses voûtes, plus fastueux spectacle,
et certes, à ne consulter que l’œil et que l’ouïe (car la musique et les chants
étaient fort mélodieux) j’eusse été séduit par l’émerveillable beauté de ce
rite, si je n’y avais trouvé – élevé comme je l’avais été dans le culte
dénudé des huguenots – un luxe tant vaniteux, mondain et superflu qu’il ne
laissait pas de me rebrousser dans le temps même où j’y trouvais plaisir.
Solace qui, de reste, diminua jusqu’à disparaître tout à plein au fur et à
mesure que s’allongeaient les heures.
    Surl' ite
missa est, on saillit enfin des fraîches voûtes de la cathédrale et on
regagna l’estrade devant le porche, le soleil étant au zénith et fort chaud. Le
Roi et la Reine-mère prirent place au centre sur deux fauteuils et Margot devant
le Roi s’agenouilla sur un des deux prie-Dieu qu’on avait apportés durant la
messe. Le Duc d’Anjou s’écarta, la face imperscrutable, et dépêcha Montmorency
quérir Navarre, lequel, s’en revenant du cloître, suivi de ses huguenots, vint
s’agenouiller au côté de Margot face au cardinal de Bourbon, à l’évêque de
Digne et à deux prélats italiens qui figuraient là tout exprès pour faire
accroire au bon peuple que le pape avait donné son agrément, et qu’on avait été
pêcher Dieu sait où tant ils avaient la mine basse.
    Margot était
fort pâle, la lippe boudeuse, la face fort rechignée et soit qu’elle ne fit que
répondre à sa naturelle répugnance, soit qu’elle ménageât cette petite comédie
dans l’espoir que l’Église y trouverait un jour matière à annulation, au moment
où le cardinal lui demanda si elle consentait à

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