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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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même le
roi. Propos qui ne laissaient pas de m’effrayer, ne faillant à penser qu’en
cette cohue traînaient à coup sûr des oreilles à la solde de la Médicis –
ce qui plus tard, hélas, fut avéré.
    Mon Miroul
m’attendait hors, et dès que nous eûmes pris par la rue des Fosses
Saint-Germain (pour ce que j’avais décidé de retourner aux Cinq Pucelles pour faire mes merciements au maître Delay) il me dit à voix étouffée et
pressée :
    — Moussu,
cet attentement de meurtrerie me pue. Vous avez votre grâce en poche. Quittons
cette villasse. Partons sans délayer.
    — Ha !
Miroul, dis-je, je le voudrais, mais ne le peux. Je suis commis par Ambroise
Paré à veiller sur l’Amiral, et comment pourrais-je me désemparer de ce soin,
étant médecin ?
    — Ha !
Moussu, reprit-il, l’appréhension assombrissant ses yeux vairons à l’accoutumée
si joyeux, ramentevez-vous, je vous prie, que Monsieur votre père vous a
enjoint de prendre mes avis à l’heure des périls. Nous y sommes tout à plein.
Paris a respiré l’odeur du sang et il ne se peut qu’il ne nous tombe sus. Il
n’est que cheminer ès rues et observer comme les papistes ce matin vous bravent
et outragent un gautier dès qu’ils le cuident de la religion. Moussu, nous
sommes dans les toiles, et le flanc offert au cotel ! Ensauvons-nous tant
qu’il est temps !
    — Sans
chevaux, Miroul ? dis-je en haussant le sourcil. Et sans la coche de Dame
du Luc, laquelle est en Saint-Cloud, comme bien tu sais.
    — Moussu,
louons des montures. En un jour nous sommes en Montfort et de là, tirons au
large vers notre plat pays.
    — Ha !
Miroul ! dis-je après m’être donné le temps d’y songer, je crois ton avis
fort sage et toutefois ne le peux suivre. L’honneur me le défend.
    À quoi mon
gentil Miroul ne répliqua rien, mais bien marri et le pensement dans les
extrêmes affres, non dans l’appréhension de sa propre perte, mais de la mienne,
tant il s’estimait comptable de ma vie.
    Dès qu’il me
vit apparaître en son jeu de paume, le maître esteufier Delay me vint à
l’encontre et sans même me laisser le temps de lui reconnaître les obligations
que je lui devais, me tira à part et s’enquit avidement de l’état de l’Amiral.
Et moi, me doutant bien que cette avidité n’était point bienveillante, je fus
en mes répons d’une prudence extrême, lui disant que la navrure n’était pas
mortelle de soi, mais que Coligny étant vieil et une infection gangréneuse se
pouvant mettre en la plaie, on ne pouvait être assuré de présent de sa curation.
    — Ha !
dit Delay à voix étouffée et comme distraitement et en même temps m’envisageant
du coin de l’œil, il vaudrait mieux pour lui et les siens qu’il ait été occis
sur le coup. D’autant que ses huguenots, brouillons qu’ils sont et remuants, bourdonnent
comme abeilles en furie, tempêtent à tous vents et menacent séditieusement la
Cour, sans tout le respect aux Princes qu’ils devraient. Plût à Dieu,
ajouta-t-il avec un renardier sourire, qu’ils fussent aussi avisés que vous,
Monsieur de Siorac, qui ne parlez point à langue déclose, montrez peu de zèle à
votre parti, et allez même à messe, à ce que j’ai ouï.
    — Ha !
Maître Delay ! dis-je en riant pour celer ma confusion, que voilà un beau
coup de moine, et qu’adroitement vous avez placé cet esteuf ! Bien fol
j’étais de croire que vous ne sauriez point à quel parti j’appartenais, vous
qui savez tout.
    — Je l’ai
su dès que de prime je vous ai vu, dit Delay se paonnant à l’infini, non point
tant à votre mine qu’à celle de votre frère, lequel est si raide, combien qu’il
soit beau comme un ange. Et M. de Nançay m’apprit le reste.
    — Cependant,
dis-je, tant peu ami que vous soyez des miens, vous n’avez pas laissé que de me
rendre un capital service.
    À quoi,
m’envisageant un instant en silence – silence qui m’étonna pour ce qu’il
jasait à l’accoutumée comme chute de rivière en moulin –, Delay me dit
d’un air grave :
    — J’aime
votre humanité, Monsieur de Siorac. J’aime que vous ne vous piquiez pas de
votre noblesse avec l’honnête roture dont je suis. Et j’approuve fort que vous
ayez appris un état, tout noble que vous soyez.
    — Ha !
dis-je, je tiens avec mon père que c’est l’étude qui fait l’homme, non la
naissance.
    — Bien
dit ! bien dit ! dit le maître Delay que mon apophtegme

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