Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
j’acquiesçai, trouvant cette
prudence bonne.
    Après notre
repue, laquelle, en dépit de sa savoureuseté, fut fort triste et du bout des
lèvres gloutie, Giacomi voulut pour ma sûreté m’accompagner jusqu’à la rue de
Béthisy où logeait l’Amiral, et en ce long chemin, nous pûmes observer, accrus
encore, le remuement et le branle des Parisiens. À ce furieux grouillement,
vous eussiez cru une fourmilière que la botte d’un chasseur a par malchance
décapitée.
    Mon patient
reposant derrière sa custode et Cornaton m’ayant dit qu’il s’ensommeillait, je
descendis dans la chambre basse et y ayant là une telle presse et effervescence
de gentilshommes huguenots toujours dans leur courroux et chagrin, je saillis
sur la petite placette devant la maison pour me nourrir d’un air moins épais.
Étant alors dans mes songes et inquiet de cette grosse nuée qui se rassemblait
sur nos têtes, je marchais qui cy qui là et, tirant ma montre d’un gousset sous
l’épaulure senestre de mon pourpoint, je vis qu’il était deux heures à peine et
soupirai après le retour d’Ambroise Paré, lequel m’avait promis de me décharger
dans l’après-midi de l’office où il m’avait commis. En ces réflexions,
j’entendis un grand bruit et me retournant, j’envisageai, béant, venant de la
rue des Fossés Saint-Germain et s’engageant dans la rue de Béthisy, les gardes
de la manche du roi, portant la casaque à mi-cuisse qu’on appelle céans
hoqueton, lequel est blanc et garni de papillotes d’argent. Ces gentilshommes étaient
précédés de trompettes qui marchaient en rangs serrés et sonnaient à perdre
souffle dans leurs instruments pour annoncer le roi, les verrières partout
s’ouvrant malgré la touffeur de l’août, et les têtes des manants et habitants
apparaissant au moindre fenestrou sans qu’aucun d’eux osât ès rues saillir,
tant les gardes de la manche étaient redoutés. En leur milieu, flanqué de deux
archers du corps qui ne le quittaient jamais, marchait le jeune roi, grand,
maigre, courbé et la face tant tiraillée par le souci qu’il paraissait le
double de ses jeunes ans. La Reine-mère, en ses atours noirs mais avec toutes
ses perles et pierreries, suivait, tant plus ronde et vive que son fils malgré
son âge, ayant à sa dextre le Duc d’Anjou, fort beau en sa pâleur et la face
imperscrutable, et à sa senestre, le Duc d’Alençon, son troisième fils, lequel,
outre qu’il était de son corps une sorte d’avorton, portait sur le visage je ne
sais quel air faux, bas et peureux qui ne prévenait pas en sa faveur.
    Les hoquetons
blancs, à atteindre le logis de l’Amiral, se mirent en double haie jusque sur
les degrés, et le Roi avança, saluant bénignement les gentilshommes qui étaient
là, ceux-là lui rendant son salut avec du respect assez, mais sans faire plus
de cas de la Reine-mère et de ses deux fils qu’un poisson d’une pomme, la
suspicion étant que, si le Roi n’était pour rien dans l’attentement comme sa
visite au navré paraissait le prouver, on ne pouvait être assuré d’autant pour
Catherine et le Duc d’Anjou dont, tout au rebours, on ne pouvait douter qu’ils
tinssent l’un et l’autre l’Amiral en grande détestation, la première parce
qu’il lui voulait dérober l’autorité qu’elle tenait sur son fils et dans
l’État, le second parce que l’Amiral, craignant son pouvoir, le voulait voir régner
en Pologne.
    Le roi,
quérant s’il y avait là un médecin, je courus à lui, lui disant que je
suppléais pour lors MM. de Mazille et Paré, et que le navré qui seulement
sommeillait le pouvait entretenir, si le Roi le voulait, mais pour peu de
temps. Le Roi s’avança alors vers la custode du lit qu’un de ses archers du
corps souleva pour lui permettre de voir l’Amiral, qui, à son approche, ouvrit
l’œil.
    — Ha !
mon père ! dit le Roi (car c’est ainsi qu’il aimait l’appeler), je suis
bien chagrin de vous voir gisant et navré.
    — Il est
vrai, Sire, dit l’Amiral qui parut fort conforté par l’honneur qui lui était
fait de cette royale visite, qu’une chose m’afflige en cette blessure :
c’est que je me vois privé du moyen de faire paraître au Roi combien je désire
lui faire service.
    — Vous
guérirez, mon père, dit le roi. Et par la Mort Dieu, je vous proteste que je
vous rendrai justice ! Dans la maison d’où vous fûtes arquebusé, on a
trouvé une femme vieille et un laquais,

Weitere Kostenlose Bücher