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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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deux sanglots.
    — Monsieur
de Téligny, dit le paumier Delay qui, toujours officieux, disait son mot à
tout, étant chez lui comme un Roi en son royaume, peux-je vous ramentevoir que
M. de Siorac est médecin ?
    À quoi, sans
piper, j’enfilai mon pourpoint à la diable et Téligny me priant de l’œil, mais
sans pouvoir parler, je le suivis, qui courait jà à perdre vent et haleine, et
contournant l’hôtel de Bourbon, prenait par la rue des Fossés Saint-Germain et
traversant la rue de l’Arbre Sec, atteignit enfin la rue de Béthisy où, au fond
d’une placette, s’élevait la maison que l’Amiral avait louée en Paris et qui, à
ce que je sus plus tard, appartenait aux Du Bourg, descendants du martyr
huguenot supplicié sous Henri II.
    Il y avait
devant la maison, et dedans, une grande presse de gentilshommes de notre parti,
tout fort indignés et échauffés de cet attentement et le clamant fort haut en
français et en oc (beaucoup étant gascons ou de nos provinces du Midi) d’aucuns
pleurant, et d’autres courroucés, la main sur la poignée de l’épée et criant
qu’ils se revancheraient durement sur les assassins, qu’ils voulaient leur
sang, qu’ils les tueraient tous !... Téligny eut le plus grand mal à
fendre cette foule irritée et pour moi, la fendant à sa suite, je fus arrêté
roidement par un guillaume quérant de moi l’œil en furie qui et qu’est-ce. Et
sur ma réponse que j’étais médecin, il me cria au nez :
    — L’Amiral
ne veut point d’un médecin papiste !
    — Mais,
dis-je, je suis des vôtres.
    Sur quoi
Téligny se retournant pour confirmer, le guillaume me lâcha, grondant encore.
    Toujours
courant, et moi sur ses pas, Téligny gravit le degré qui menait au premier
étage et à la chambre de l’Amiral, lequel était assis fort pâle sur un
fauteuil, tenant en l’air sa main dextre d’où pendaient les deux premières
phalanges de l’index, son bras gauche étant, lui, ensanglanté d’une plaie qu’il
avait au-dessus du coude. Je quérai des personnes qui étaient là qu’on
m’apportât, dès qu’on pourrait s’en garnir, de l’esprit-de-vin et des
pansements, et en attendant, une paire de ciseaux que quelqu’un incontinent me
mit en main et avec lesquels je commençai à ouvrir la manche gauche de
l’Amiral, ayant mis bas mon pourpoint pour non pas le tacher de tout ce sang.
Encore que j’y allasse fort doucement avec ma découpure, je ne pouvais que je
ne branlasse quelque peu le bras, ce qui, à chaque secousse, faisait ciller
l’Amiral, lequel m’envisageait de ses yeux clairs, les lèvres serrées, la sueur
lui coulant sur la face, mais sans dire mot ni miette.
    J’achevai à
peine de découvrir le bras tout à plein quand Ambroise Paré, à mon immense
soulagement, survint, accompagné de M. de Mazille, lequel était l’un des
médecins du roi. Comme il entrait, quelqu’un – et je crois bien que c’était
Cornaton, l’enseigne de Coligny – apporta les pansements et
l’esprit-de-vin, lequel Ambroise Paré en versant quelque peu dans un gobelet
appropria et la plaie de l’index et les ciseaux dont j’avais découpé la manche,
et dit d’une voix douce :
    — Monsieur
l’Amiral, vous allez beaucoup pâtir.
    — Je
serai patient, dit Coligny.
    Et la face
fort pâle et fort sueuse, mais merveilleusement constante, il envisagea
Ambroise Paré tandis que le chirurgien, labourant avec cette paire de mauvais
ciseaux tant adroitement que s’il eût eu un fin scalpel en la main, coupa tout
à plein les deux premières phalanges de l’index. Quoi fait, il pansa ce qui
restait du doigt, tandis que M me de Téligny, à genoux aux pieds de
son père, sanglotait à cœur fendre.
    — Et
maintenant, le bras ! dit Coligny d’une voix ferme.
    — Quoi,
Monsieur l’Amiral ! dit Paré, voulez-vous qu’on le coupe aussi ?
    — Oui-da !
    — Qu’opinez-vous,
Monsieur de Mazille ? dit Paré.
    — J’opine
qu’on coupe au coude, dit Mazille. La plaie est béante et les os, entamés.
    — Les
chairs sont accoutumées de se refaire et les os aussi, dit Paré, en hochant le
chef, pour peu que la plaie ne devienne infecte. Je vois une entrée, mais point
de sortie. D’où j’opine que la balle est dedans. Qu’opinez-vous, Monsieur de
Siorac ?
    — Qu’on
tâche de prime d’extraire la balle, dis-je, fort étonné que l’illustre
chirurgien voulût bien quérir mon avis. Et, ajoutai-je, ne coupons qu’il

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