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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’enseigne Cornaton, le ministre
Merlin et M. de Ferrières à qui, l’ayant tiré à part dans une encoignure de
fenêtre, je contai ce que j’avais appris le matin par les entretiens avec
Recroche et Alizon touchant la façon dont les prêtres papistes agitaient Paris
en faisant courre le bruit que nous allions attaquer la maison des Guise, et
que Paris, en conséquence, s’armait derrière les contrevents clos, quarteniers
et dizeniers marquant les maisons des nôtres.
    — Ha !
Monsieur de Siorac ! dit M. de Ferrières de sa voix basse et grave qui
m’étonnait toujours, saillant de son corps frêle. Il est, hélas, bien manifeste
que cette villasse va nous tomber sus et que pourrons-nous faire, étant trois
mille et ces Parisiens, trois cent mille ? Les signes d’une proche tempête
se vont d’heure en heure multipliant. Savez-vous que Montmorency qui, ès
qualité de gouverneur de Paris, devrait l’ordre garder, vient fort
opportunément de quitter la ville pour aller sa mère visiter.
    — Mais,
dis-je, je le croyais cousin de Coligny et fort ami de lui.
    — Il
l’est, mais il est aussi papiste, très ménager de la faveur du Roi et point du
tout insoucieux de son avancement. Voyant tourner le vent, il a fui devant la
tempête, ponce-pilatant le sang de l’Amiral.
    — Et le
nôtre, dis-je, les dents serrées.
    — Ha !
dit Jean de Ferrières. Si Dieu le veut, je serai départi avant ! C’est
démence de demeurer céans, fondant tout espoir sur la volonté du Roi, laquelle
n’existe pas. Charles n’a jamais tourné un œuf en son Louvre sans que sa mère
le sût. Et il ne met rien au feu que survenant, elle ne le lui dérobe et cuise
le rôt à sa propre sauce.
    Ambroise Paré,
sur ces mots, survenant et l’Amiral ouvrant les yeux, on quit de lui qu’il
voulût bien se lever et sur un siège s’asseoir, cette position étant mieux
accommodée au pansement de ses navrures. À quoi il acquiesça d’une voix
affermie, et sans aide aucune, se leva et sur une escabelle prit place, la face
pâle assez du sang qu’il avait de moins, mais les traits fermes. Les plaies
étaient belles et nettes sans pus ni odeur, et il n’y avait rien à y reprendre,
sauf à retirer deux ou trois esquilles d’os à celle du coude pour non point que
les chairs en fussent infectées ; ce que Paré fit de ses pinces avec une
admirable dextérité. Après quoi, ayant lavé à l’esprit-de-vin, on pansa
derechef, Paré disant qu’il était fort content de l’état du patient, dont la
complexion avait pris le dessus et sur la navrure, et sur le pâtiment, et sur
le sang perdu.
    L’Amiral
s’étant remis au lit et la custode derechef tirée, le chirurgien du Roi me dit
d’aller un morceau gloutir et qu’il attendrait mon retour pour lui-même
départir du logis.
    — Ha !
Moussu ! dit Miroul à peine eûmes-nous sailli dans la rue de Béthisy. J’ai
ouï ce que M. de Ferrières vous a appris touchant le département de M. de
Montmorency. Voilà qui pue à dix toises la meurtrerie de tous les nôtres. Le
seul qui ait du nez céans, c’est M. de Ferrières, lequel a pris le vent des
chiens et des chasseurs et va s’ensauver à temps, droit au gîte !
Cornedebœuf, Moussu ! Je vous en conjure au nom de Monsieur votre père,
imitons-le, ne délayons pas davantage !
    — J’y
songerai, Miroul, dis-je, fort ébranlé, mais cependant répugnant encore à
quitter l’Amiral pour la raison que j’ai dite.
    Nous tirâmes
du côté de la rue de la Truanderie où nous devions, comme on s’en ramentoit,
retrouver Giacomi sur les midi devant la bonne repue de Guillaume Gautier. Il y
était déjà nous espérant, mais la porte était close, et les contrevents
remparés. Sur ma venue, on sonna à l’étage, sans autre effet que de faire
déclore, non pas l’huis, mais un fenestrou au second par où, passant la tête,
une ébouriffée chambrière nous dit que le maître Gautier ne donnerait pas à
manger ce jour d’hui, ayant, dit-elle en riant, d’autres chats à châtrer, et
quels chats c’étaient là, elle pensait que nous le savions ! Force fut de
rire avec elle de ce méchant mot, tant est qu’il y allait de la vie, en ces
sombres heures, de clocher avec les boiteux.
    Notre estomac
aboyant de mâle faim, et le cœur par surcroît fort rabattu, il ne nous fut plus
que de trouver un pâtissier déambulant, lequel nous encontrâmes enfin en la
Grand’Rue Saint-Denis, et qui nous vendit ses

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