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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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baguette), le valet de
valise, lequel était vieil assez, et la mine honnête et bénigne, me fit un
grand merci mais ne put dire plus, le populaire nous ruant des pierres et les
encharnées mégères, aux fenêtres, nous lançant trognons et tuilots, d’aucunes
même, sacrilègement, leurs propres pots de fleurs, boulets dont nous eûmes
grand mal à nous garer, mon vieux valet étant par la mal’heure si bien
accommodé d’une vieille poêle à frire qu’il eût sans ma main secourable vidé es
étriers.
    La merci Dieu,
la coche maintenant roulait sur le pont-levis, encore que de fort près serrée
par la houle de l’émeute, les maillotiniers lapidant et l’escorte et la coche
et la garde de pont, laquelle, se souhaitant à mille lieues de là, se voulut
peu inquisitive, se fiant aux armes des Guise sur les caparaçons, un archer
cependant, baissant sa pique, demanda, quand ce fut à nous de passer :
    — À qui
ceux-ci ?
    — À la
Dame de Belesbat, dit le vieux valet de valise. Nous suivons à Étampes.
    — Par la
Mort Dieu ! dit un autre archer, ceux-ci n’en sont pas ! Ils ne
portent pas livrée !
    — Si en
sont-ils ! dit le valet. On les a engagés hier, ayant bon bras et bonne
épée.
    — De quoi
je ne doute, dit le premier, nous jetant un œil et nous voyant si farouches.
    Quoi disant,
il haussa la pique pour nous bailler passage, lui et ses casaques bleues ayant
fort à faire, par ailleurs, à contenir le populaire, lequel nous voulait faire
le pourchas et l’escorte du loup jusque dans le Faubourg Saint-Germain.
Cornedebœuf ! Nous laissâmes derrière nous ces sanguinaires ribauds aux
prises avec le guet, nos montures ruant éclairs sur le pavé de leurs quatre sabots
et nous ressoudant à l’escorte en un clin d’œil, bien aises que nous fûmes de
passer à sa suite le poste des gabelous de la Croix Rouge, lesquels, à vrai
dire, inquisitionnaient surtout les gens des villages et autres vivandiers qui
étaient accoutumés à passer là pour envitailler Paris.
    Je fis de
grands mercis à mon vieux valet de valise que je trouvai tant content en sa
conscience de m’avoir été, à son tour, de service qu’il refusa tout à plat mon
obole, disant que sans moi, il serait de présent à gésir sans vie sur le pavé
de la rue des Arcs, égorgé par la canaille, et dépouillé de ses biens
terrestres ; qu’il se doutait bien que nous avions nos raisons de vouloir
départir de Paris à la chaude colle, mais qu’il nous jugeait trop honnêtes gens
pour songer à nous les enquérir.
    — Compagnon,
dis-je, peux-je te demander qui est cette Dame de Belesbat que vous suivez à Étampes ?
    — Ne le
savez-vous point ? dit-il très à la parisienne, en levant le sourcil.
C’est la fille unique de Michel de l’Hospital, et encore qu’il soit catholique,
le populaire le hait à l’égal d’un hérétique, pour ce qu’il a tant soutenu les
huguenots quand il était chancelier. Et vous, Monsieur, dit-il, mettant quelque
délicatesse à sa question et quelque réserve à son ton, suivrez-vous aussi à Étampes ?
    — Nenni,
nous arrêtons à Saint-Cloud, y ayant de bons amis.
    Le valet de
valise me parut fort conforté qu’on le quittât si tôt, se faisant souci, je
gage, de ce que d’aucuns des cavaliers de l’escorte se retournant sur leurs
selles, nous envisageaient d’un air fort suspicionneux, à telle enseigne qu’ils
nous auraient peut-être requis de montrer patte blanche s’ils avaient eu le
loisir de s’arrêter au lieu que de suivre la coche.
    À la parfin,
les premiers moulins de Saint-Cloud apparurent, tournant joliment leurs ailes
bleues dans la bonne brise de la vesprée, et passée la rivière Seine que je
n’envisageai pas au passage sans frissonner, la coche mit au pas pour monter
par un chemin pentu jusqu’au village, où tendant une chaleureuse dextre à mon
vieux valet de valise et des yeux lui souriant – sourire qu’il me rendit
sans mot piper mais de tout cœur – je bridai mon cheval devant l’église et
jetant un œil autour de moi, j’aperçus musant, le nez en l’air et la mine fort
éveillée, un de ces petits galapians en livrée qu’en jargon de Paris on nomme
des « vas-y-dire » pour ce que leur maître les envoie continuement
qui cy qui là porter messages.
    — Un sol
pour toi, mon drôle, dis-je, si tu nous conduis à la maison de M. de Quéribus.
    Le
« vas-y dire » se donna le temps de se réfléchir et de nous

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