Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
bonne qu’à ococouler votre petite sœur Catherine. Et
quant aux jeunes, Franchou allaite son bâtard. La Gavachette attend le sien. Reste
l’Alazaïs qui a la force de deux hommes, mais qui ne peut tout faire en ce
grand logis.
    — Eh
quoi ! Miroul ! dis-je en haussant le sourcil, je t’aurais cru plus
insoucieux du train de la maison, lequel n’est pas affaire d’un homme, que je
sache.
    — Moussu,
dit Miroul, son œil bleu plus innocent que son œil marron, comment peux-je être
insoucieux du train de Mespech, étant si affectionné à la châtellenie ? Et
n’est-il pas constant que le labour au château ne se fait pas toujours, pour ce
que le bras féminin défault ?
    — Ha,
Miroul, dis-je riant, si j’étais tant picanier que toi, je feindrais de ne pas
entendre le quoi, le qu’est-ce et le comment de ce tant beau discours.
    — Mais
Moussu, vous l’entendez ! dit Miroul avec un sourire mi-gaussant,
mi-inquiet.
    — Tant et
si bien, Miroul, que je me demande comment tu pourrais mener, en plus du tien,
un cheval de bât, ayant en croupe une tierce personne.
    — Ha !
Moussu ! s’écria Miroul rosissant et son œil bleu étincelant en l’excès de
son bonheur, la tierce personne sait chevaucher. Et vous aurez, en plus de ces
quatre-ci, quatre autres montures à Montfort.
    — Cependant,
dis-je pour le tabuster quelque peu, que ferons-nous si la frérèche ne veut
point engager une chambrière surérogatoire ?
    — Moussu,
dit vivement Miroul, vous la pourrez vous-même payer : vous êtes riche.
    — Ha,
Miroul, tu te moques !
    — Que
nenni !
    Et détachant
de son ceinturon une bourse ventrue, mon gentil valet dit d’un air d’immense
piaffe :
    — Ceci,
Moussu, est l’escarcelle de ce gautier barbu qui dagua le pauvre enfantelet
après que vous l’eûtes racheté. À dire le vrai, elle était si lourde que je
faillis, en ce long pourchas, m’en désemparer quand et quand, mais je ne le
fis, et fis bien. Voyez plutôt.
    Et ce disant,
déliant les cordons et s’approchant de la table, il déversa sus, non sans une
lenteur et une douceur infinies, le contenu de la gibecière. Ha !
lecteur ! Les quelques écus qu’il y avait là n’étaient que plomb vil au
regard des diamants, perles, rubis, émeraudes et autres gemmes qui drillaient
de mille feux splendides sur le chêne noirci et poli de la table, d’aucuns –
je parle des diamants – d’une grosseur que je n’avais à ce jour jamais
vue, et bellement taillés. Il était manifeste que ce cruel barbu avait pillé un
orfèvre étoffé, et lequel, comment Dieu le savoir ? Tous ceux du pont aux
Changes, quoique papistes, ayant été occis et défenestrés.
    Havre de
grâce ! Je vins plus près de la table et après avoir de l’œil admiré et
des doigts caressé ces beautés mises à tas, lesquelles en leurs scintillantes
couleurs me ramentevaient les précieuses et éblouissantes pierres que le Maître
Sanche, en Montpellier, pilait en un mortier pour les réduire en poudre fine,
et les mélanger à égale quantité de miel – remède qu’on appelle électuaire en apothicairerie et qui est souverain en nombre d’intempéries –
je prélevai sur ce trésor dix écus, ceux mêmes que j’avais baillés au
massacreur pour racheter l’enfantelet, et les mis dans mon escarcelle.
    — Moussu,
que faites-vous ? dit Miroul en levant le sourcil.
    — Je
reprends mon bien, Miroul, le reste est à toi, étant ta légitime et guerrière
picorée, ayant occis de ton cotel le monstre qui l’avait sur soi.
    — Mais
Moussu, dit Miroul, c’est vous qui m’avez commandé de l’occire et de prendre
son escarcelle. Je ne fus que le bras.
    — Nenni,
qui l’a fait doit le profit garder. C’est droit de guerre. Quel capitaine irait
rogner la portion du soldat ? En outre, si tu as des enfants un jour, les
voudrais-tu misérables en chétive masure, comme tu le fus toi-même ?
    Je le vis se
réfléchir à cette remarque et devenir tout soudain fort rêveur et songeux.
    — Mais
qu’en ferais-je ? dit-il à la parfin.
    — Ce que
Cabusse fit de sa picorée de Calais, acheter terre, vivre de ses fruits, marier
une bonne garce, être son maître en sa maison.
    — Ha, dit
Miroul, point ne me plairait la monotonie des champs. À être votre valet,
Moussu, j’ai vu pays et j’y ai appétit.
    — Miroul,
dis-je, fort ému qu’il eût en sa vergogne déguisé en friandise d’aventure son
attachement à moi, ne

Weitere Kostenlose Bücher