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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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langue avec les ligueurs de Paris.
    J’ai envoyé Leonello Terraccini dans la capitale afin de
connaître l’opinion de ceux qui ont armé le bras de Jacques Clément. Ce que me
rapporte Terraccini confirme les avis que m’ont prodigués Michel de Polin et
Bernard de Thorenc.
    Jacques Clément, moine sot et lourdaud, au témoignage de
ceux qui l’ont connu, a été poussé à commettre son acte tyrannicide : il a
rencontré à plusieurs reprises le père Veron, l’un des plus zélés catholiques
et prêcheurs que l’on ait vus et entendus dans Paris. Le père Veron est de
l’entourage de Diego de Sarmiento, et le roi d’Espagne ne peut que se réjouir
de savoir que la France est à nouveau tachée de sang et écartelée.
    À Paris, à l’annonce de la mort du souverain, les ligueurs
ont festoyé, sortant des tables dans les rues. On a loué Dieu et chanté :
     
    Peuple dévot
de Paris
    Éjouis toi de
courage
    Par gais
chants et joyeux ris
    Il est mort
ce traître roi
    Il est mort,
ô l’hypocrite !
     
    La sœur des Guises, M me  de Montpensier,
a fait distribuer au peuple des écharpes vertes afin que chacun arbore ce signe
d’espérance. Elle a parcouru les rues en carrosse, accompagnée de sa mère, M me  de Nemours,
et ces deux princesses de Guise ont crié au peuple assemblé :
    — Bonne nouvelle, les amis ! Bonne nouvelle !
Le tyran est mort ! Il n’y a plus de Henri de Valois en France !
     
    Illustrissimes Seigneuries,
    Je ne puis dire aujourd’hui si Henri de Bourbon-Navarre,
qu’on nomme désormais Henri IV, pourra conquérir ce trône qu’en mourant
Henri III vient de lui léguer.
    Le peuple dévôt de Paris et tous les catholiques du royaume
le haïssent, et les prêcheurs vont exhorter les bons moines à tuer ce “renard
béarnais”, ce “loup”.
    Michel de Polin m’assure que les Écossais de la Garde royale
lui ont prêté serment, et qu’il est le plus fort. Les soldats, prétend-il, se
rallieront à lui. Et certains nobles ne renieront pas le serment qu’ils ont
prêté devant le monarque mourant en faveur du nouveau souverain.
    Mais qu’en sera-t-il des provinces du royaume ?
    Bernard de Thorenc a quitté Saint-Cloud pour regagner la
Provence car sa demeure, le Castellaras de la Tour, serait menacée par des
bandes de catholiques zélés ou de pillards qui se prétendent tels.
     
    Leonello Terraccini a appris que les chefs de la Sainte
Ligue ont demandé aux prédicateurs de louer l’acte de Jacques Clément. Ce
moine, disent-ils, est un vrai martyr qui a enduré la mort pour délivrer la
France de la tyrannie de ce chien de Henri de Valois. Pour eux, Dieu le
voulait, Jacques Clément l’a accompli. C’est une grande œuvre de Dieu, un
miracle, un pur exploit de Sa Providence, que l’on peut comparer aux mystères
de Son incarnation et de Sa résurrection.
    Ces prêches, qui sont un appel au tyrannicide, seront-ils
entendus et Henri IV pourra-t-il esquiver les poignards, le poison ou le
plomb des arquebuses, maintenant qu’il est devenu gibier ?
    Les machiavélistes, les politiques – comme Michel de
Polin et Bernard de Thorenc – lui ont prodigué maints conseils.
     
    J’ai vu Thorenc avant son départ pour le Castellaras de la
Tour. Il ne pouvait dissimuler sa fureur et son accablement.
    Il dit que c’est manœuvre diabolique d’invoquer le nom de
Dieu et la religion pour mener des batailles d’ambition. Les vrais hérétiques,
les ennemis de la foi sont ceux qui pervertissent ainsi les principes sacrés.
    Mais Thorenc craint aussi que ces mauvais bergers
n’entraînent le peuple dans une guerre sans fin qui ne verra que l’abaissement
du royaume et le triomphe de la mort après d’infinies souffrances et de grands
massacres, le sang faisant jaillir le sang. Les tueries de la Saint-Barthélemy
ont conduit au meurtre des Guises, et celui-ci a provoqué l’assassinat du roi,
Clément ripostant aux tueurs de Blois !
    — J’ai peur pour mon fils et ma femme, a conclu Thorenc
avant de me quitter.
    Beaucoup d’autres gentilshommes protestants ou papistes
partagent de semblables inquiétudes. Ils craignent un regain de haine. Ils ne
croient pas que le peuple catholique pourra accepter un roi qui ne le serait
pas.
     
    Henri IV a-t-il écouté Michel de Polin et Bernard de Thorenc ?
    Dans une déclaration solennelle, il vient d’affirmer qu’il
veut “maintenir et conserver en notre royaume la religion catholique
apostolique et

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