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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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tour
avaient été violentées. Après quoi ils avaient enfoui dans de grands sacs les
objets du culte, clamant que tout leur était permis puisqu’ils combattaient
pour la juste cause, la vraie foi. Le pape ayant excommunié le roi, dès lors
tous leurs péchés leur étaient pardonnés !
    J’ai contemplé ces églises saccagées, ces corps martyrisés.
    Alors je me suis porté, l’épée au poing, au premier rang, et
j’ai accroché une écharpe blanche à mon épaule.
    Nous sommes ainsi arrivés jusque dans les petits villages
qui entourent Paris. J’étais auprès de Henri de Navarre quand il a dit :
« Il y va du royaume à bon escient d’être venu baiser cette belle ville et
ne lui mettre pas la main au sein serait folie ! »
    Le roi Henri III était resté à Saint-Cloud.
    Le Béarnais a levé son épée et nous avons, avec huit cents
chevaux, pris tous les villages jusqu’à Vaugirard, puis nous nous sommes
avancés vers le pré aux Clercs où les ligueurs nous ont accueillis par une
violente arquebusade.
    Quand elle cessa, un moine est sorti de leurs rangs et s’est
avancé vers nous, criant sans paraître nous craindre :
     
    Le sang qu’as
épandu devant
    Lui crie
vengeance !
    Dieu te fera
mourir par la main d’un bourreau
    Qui, de ton
bras, tyran, délivrera la France !

 
33.
    Le bourreau que le moine prophète annonçait, clamant devant
nos bivouacs sa haine du misérable Henri III, ce fut un autre moine, un
dominicain chétif de corps, à la courte barbe noire, aux yeux brillants de fou,
qui se nommait Jacques Clément.
    Il planta un long couteau à manche noir dans le bas-ventre
du roi qui, chausses défaites, à demi nu, le recevait, assis sur sa chaise
percée, le matin du 1 er  août 1589, dans la chambre de sa
demeure de Saint-Cloud.
     
    J’avais passé la nuit assis devant l’un des feux allumés par
nos soldats, non loin des remparts de Paris d’où parfois les ligueurs nous
tiraient une arquebusade.
    Autour de moi, enroulés dans leurs manteaux, veillaient
Séguret et Jean-Baptiste Colliard parmi d’autres gentilshommes huguenots. À
quelques pas, tête baissée, le menton sur la poitrine, Henri de Navarre
somnolait.
    Nous devions attaquer Paris dès le lendemain.
    Je n’avais pu fermer l’œil, priant pour que Dieu protège mon
fils et sa mère.
     
    Un courrier arrivé de Provence dans l’après-midi m’avait
informé que des bandes de ligueurs parcouraient la campagne, plus nombreuses de
jour en jour, harcelant châteaux et villages restés fidèles à Henri III et
à Henri de Navarre. Ils pillaient et massacraient au nom de Dieu et de la Saint
Église, sûrs d’être absous puisque les prêcheurs leur répétaient que celui qui
tue l’hérétique ou l’excommunié fait œuvre pie.
    J’étais sûr, Seigneur, que Vous n’aviez pas voulu cela. Mais
les démons montent ainsi en chaire et, sacrilège, se parent des habits
sacerdotaux. L’inquiétude me rongeait le cœur. J’étais si loin de mon Jean et
d’Anne de Buisson ! Ils étaient en Votre sauvegarde, Seigneur, mais
peut-être vouliez-Vous me punir d’avoir, durant quelques années, blasphémé,
douté de Vous. Je savais que Vous teniez le compte exact des actions des hommes
et que Vous pouviez les punir en frappant ceux qu’ils aimaient.
    J’aimais Jean et sa mère. Je souffrais de les imaginer
pourchassés, encerclés par les massacreurs. J’en avais tant vu à l’œuvre qu’à
chaque instant un flot de sang et des cris envahissaient ma mémoire.
    Tout au long de cette nuit, je n’ai pu chasser de ma vision
ce corps de nourrisson emmailloté dans des linges rouges. Et quand j’ai entendu
le galop d’un cheval, que j’ai vu son cavalier foncer vers nous, j’ai aussitôt
bondi, craignant qu’il ne soit le messager de la mort des miens.
     
    Il a sauté à terre. J’ai reconnu un gentilhomme huguenot. Il
s’est penché vers Henri de Navarre, lui a soufflé quelques mots ; le
Béarnais a tressailli. Je suis allé vers lui en compagnie de Séguret et de
Jean-Baptiste Colliard.
    Henri de Navarre s’est adressé à moi d’une voix étouffée.
    — Mon ami, le roi vient d’être blessé d’un coup de
couteau dans le ventre. Allons voir ce qu’il en est. Venez avec moi.
    À quelques-uns nous sommes partis à bride abattue vers
Saint-Cloud.
    Et je Vous ai remercié, Seigneur, de ne pas m’avoir frappé.
     
    J’ai d’abord aperçu dans la cour de la maison du roi le
corps

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