Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
romaine dans son entier, sans y innover et changer aucune chose…
Nous sommes prêt et ne désirons rien davantage, dit-il, que d’être instruit par
un bon et légitime concile général et national pour en suivre et observer ce
qui y sera conclu et arrêté”.
    Il paraît donc disposé à abandonner sa foi huguenote.
    Mais la promesse de sa conversion suffira-t-elle à désarmer
les tueurs ?
    Les soldats l’ont acclamé, mais les plus entêtés parmi les
gentilshommes huguenots murmurent et renâclent devant ce qu’ils appellent une
“trahison”, une “abomination”, l’abandon du rêve d’un royaume protestant.
Plusieurs ont déjà quitté son armée.
    La tâche de Henri IV, roi de France et de Navarre, sera
donc difficile.
    J’ose pourtant conseiller à vos Illustrissimes Seigneuries
de l’accepter comme souverain légitime. C’est un homme vigoureux et résolu, au
corps et à la volonté de montagnard, et qui ne renoncera pas. Il a montré son
courage, plus homme de guerre que de cabinet, aimé de ses soldats, paillard
comme eux, mais esprit raisonnable qui semble prêt à l’abjuration de sa foi
s’il peut ainsi rallier ses sujets à son trône.
    Il est entouré d’hommes de qualité tels Michel de Polin et
Bernard de Thorenc.
    Il sera victorieux s’il échappe aux poignards des régicides.
     
    Si Votre Illustrissime République le reconnaît au moment où
il est en péril, il se souviendra d’elle quand il régnera sur un royaume
apaisé.
    Je suis prêt, dès que vous le jugerez bon, à me présenter à
lui en audience solennelle.
     
    Votre dévoué serviteur,
Vico Montanari. »

 
35.
    Seigneur, lorsque j’ai vu ces longues traînées noires qui maculaient
les murs du Castellaras de la Tour, j’ai cru que Vous ne m’aviez pas épargné.
    J’ai sauté à terre, j’ai pris mon cheval par la bride et ai
marché lentement.
    J’avais éperonné mes montures tout au long de la chevauchée
depuis mon départ de Saint-Cloud. Mais, à présent, je n’avais plus aucune hâte.
    J’ai pensé : « Les choses sont faites. Tu n’y peux
plus rien. »
    Je me suis arrêté sous la poterne. La cour était devant moi.
Et un instant j’ai craint, en levant les yeux, de voir, couchés sur les pavés,
les corps de mon fils Jean et d’Anne de Buisson, mon épouse, comme deux
sangliers tués après la battue.
    Mais il n’y avait aucun cadavre devant la porte du
Castellaras de la Tour.
    Je me suis avancé.
    Jamais quelqu’un n’avait pu traverser cette cour sans que la
meute entière hurle, se ruant contre les portes du chenil, les faisant
trembler, et nos visiteurs se hâtaient comme s’ils avaient eu tous ces chiens à
leurs trousses.
    Mais plus un aboiement pour couvrir mes pas qui résonnaient
dans la cour vide.
    J’ai eu la tentation de m’agenouiller, de Vous prier,
Seigneur, de me faire mourir là, d’un coup de lame ou d’une décharge
d’arquebuse, voire tout simplement de désespoir.
    Mais je suis resté debout, lâchant la bride de mon cheval
qui demeurait immobile près de moi, tête baissée.
    J’ai caressé son encolure et répété : « Les choses
sont faites. »
     
    Je suis entré dans la grand-salle, puis je me suis dirigé
vers notre chapelle avec, dans la gorge, ces cris et ces appels que j’aurais
voulu lancer, tant ce vide et ce silence autour de moi étaient comme une mer
nue pour un galérien jeté par-dessus bord, abandonné sans un bout de bois pour
le soutenir.
    Rien pourtant n’avait été saccagé.
    Les statues étaient en place dans leurs niches. Le tombeau
de Michele Spriano n’avait pas été profané. Sur l’autel, la tête du christ aux
yeux clos reposait sur la bannière de damas rouge.
    J’ai eu un mouvement d’espoir. Je suis tombé à genoux devant
Votre visage. Je Vous ai imploré. Mais Vos yeux sont restés clos et Vos traits
exprimaient l’accablement et la tristesse.
    Les choses étaient faites.
    Je ne me suis pas révolté contre Vous, Seigneur. Je n’ai pas
blasphémé. J’ai commencé à prier.
    Peu après, Denis, que les années avaient comme écrasé, lui
courbant le dos, enfonçant sa tête dans ses épaules, est venu s’agenouiller
près de moi.
    Il a murmuré :
    — Elle l’a sauvé, elle nous a tous sauvés. Ils ne sont
pas entrés dans le château.
    J’ai su, Seigneur, que Vous ne m’aviez pas précipité dans
l’enfer.
     
    Debout devant moi, dans la grand-salle, Denis le Vieux m’a
raconté.
    — Ils sont venus

Weitere Kostenlose Bücher