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Peines, tortures et supplices

Peines, tortures et supplices

Titel: Peines, tortures et supplices Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anonymous
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commença aussitôt.
    Le premier officier désigné fut placé au milieu de la chapelle, et les sergents lui bandèrent les yeux. On lui donna les dés et le cornet. Il se pencha en avant, agita les dés et les lança; ils roulèrent sur la dalle...
    Douze! dit l'adjudant au milieu d'un silence de mort.
    Et le pauvre condamné ne put retenir une exclamation de joie, car son point était avantageux.
    Le second joueur prit les dés à son tour.
    Neuf! compta l'adjudant. Ce point intermédiaire ne préjugeait rien encore.
    Le troisième officier s'avança en tremblant; il était sans force contre les funestes pressentiments qui l'agitaient. Il joua:
    Cinq! dit l'adjudant en baissant tristement la voix.
    À ce mot, Benito, qui était resté immobile pendant tout le temps qu'avait duré cette loterie de la mort, s'élança et se saisit des dés. Il cherchait à maîtriser un sourire. En effet, le point de cinq lui assurait presque l'existence, car il était fort au-dessous de la moyenne favorable.
    Benito agita les dés, il les entendit retentir sur la dalle, arracha son bandeau et se précipita... Quatre! s'écria-t-il avec un accent qui n'avait rien d'humain...
    Et cet infortuné, condamné pour la seconde fois à mort dans la même journée, retomba dans sa sombre douleur.
    Ses compagnons sortirent; il les embrassa, mais sans leur adresser une parole.
    Benito, resté seul avec le prêtre, tira de son sein un portrait d'enfant qu'il y tenait renfermé.
    Tout était rentré dans le silence.
    Le lendemain matin, les troupes de la garnison étaient réunies sous les murs de la ville. Elles formaient les trois côtés d'un carré dont un fossé profond traçait le quatrième. Derrière les troupes, la foule grondante et agitée.
    À dix heures, le capitaine-général commandant les forces de la province, et le brigadier commandant la garnison de la ville arrivèrent accompagnés de leur état-major.
    Le brigadier tira son épée, fit un signe, le silence s'établit.
    «Peuple! dit-il, de par la reine, quiconque proférera le cri de grâce sera déclaré traître, et à l'instant même puni comme tel. Il y va de la vie!»
    À peine ces redoutables paroles étaient-elles prononcées, qu'un roulement de tambour se fit entendre, et le condamné parut accompagné d'un détachement de soldats de son régiment.
    Benito entra dans le carré; il était vêtu de son uniforme, mais sans chapeau et sans épée. Il avait les mains liées. Le prêtre marchait auprès de lui.
    Benito était calme.
    Le drapeau du régiment fut amené au milieu du carré; Benito s'agenouilla devant lui. Un soldat vint placer le chapeau du condamné sur sa tête, un autre lui ceignit son épée.
    Un second roulement se fit entendre. Alors un officier, l'adjudant qui avait présidé à la lugubre scène de la nuit, vint se placer devant le condamné et lui dit à voix haute:
    «Le Souverain, dans son insigne bonté, vous avait accordé le droit de rester couvert devant son glorieux drapeau; vous vous êtes rendu indigne de cet honneur, sa justice vous l'enlève!»
    Un soldat qui se tenait derrière le condamné jeta le chapeau à terre.
    Benito tressaillit.
    Après un moment de silence, l'adjudant reprit:
    «L'épée qui vous avait été donnée pour combattre les ennemis de la reine, vous l'avez souillée; l'arme d'un loyal soldat ne doit pas rester dans la main d'un traître: qu'elle soit brisée, pour l'exemple de tous, et pour votre propre honte!»
    Un soldat tira l'épée du fourreau, et, l'ayant brisée, en jeta les morceaux devant le condamné.
    Benito jeta un cri étouffé.
    Enfin, après un second silence, l'adjudant reprit encore:
    «Dépouillez maintenant cet homme de l'uniforme qui servit à le confondre avec d'honnêtes et loyaux soldats; qu'il subisse le châtiment que mérite son crime, que son corps soit livré au supplice, et que Dieu ait son âme!»
    Benito était livide. Deux soldats lui délièrent les mains et arrachèrent son uniforme. Le peloton chargé de l'exécution s'avança.
    Benito, par un effort suprême, se releva; mais à peine debout, sa figure se contracta en une horrible convulsion, un râle déchirant sortit de sa poitrine, il tourna sur lui-même comme un homme ivre, puis tomba comme une masse inerte, le visage contre terre et les mains en avant: il était mort.
    Les soldats reculèrent.
    —Que la justice de la reine ait son cours, cria le capitaine-général d'une voix retentissante.
    —Feu! dit le commandant du

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