Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
l’épée rouge. « Ami, lui dit-il, voici venu le moment de nous séparer. Retourne vers la femme qui t’aime le plus au monde et sois heureux avec elle. Je te donne la pierre. Fais-en tel usage qu’il n’y ait plus de miséreux en tes domaines. Tu as bien mérité cette pierre, pour m’avoir fidèlement servi. – Dieu te le rende, répondit Etlym, et qu’il aplanisse si bien la route devant tes pas que rien n’entrave tes entreprises. » Puis, Etlym à l’épée rouge retourna vers la cour de la comtesse des Prouesses, et Perceval s’en fut de son côté (29) .
    Il arriva bientôt dans une vallée qu’arrosait une rivière, la plus belle qu’il eût jamais vue. Il y remarqua une grande quantité de pavillons de différentes couleurs. Mais, ce qui l’étonna le plus fut le nombre de moulins à eau que comportait cette vallée, ainsi que le nombre de moulins à vent tournant sur les hauteurs. Or, il croisa un homme brun vêtu à la manière des charpentiers et lui demanda qui il était. « Je suis le chef meunier de tous ces moulins que tu vois, répondit celui-ci. – Consentirais-tu à m’héberger ? demanda Perceval. – Volontiers, seigneur. » Perceval le suivit donc, et la beauté de son logis ne manqua pas de le ravir. Après avoir prié son hôte de lui prêter quelque argent pour acheter nourriture et boisson, s’engageant à le dédommager avant de partir, il lui demanda pour quelle raison se trouvaient rassemblés en ces lieux tant de pavillons de toutes sortes et de toutes couleurs.
    « De deux choses l’une, répondit le meunier, ou tu viens de très loin, ou tu n’es pas dans ton bon sens. Sache que l’Impératrice nous honore de sa présence. C’est une dame puissante et riche qui a décidé de prendre pour ami l’homme le plus vaillant du monde. Elle l’a fait publier par tout le pays, et de nombreux chevaliers sont accourus dans l’espoir de prouver leur valeur. Et comme il serait impossible d’apporter ici des vivres pour une telle multitude d’hommes, on a bâti tout autour quantité de moulins. – Mais, s’étonna Perceval, comment se peut-il que l’Impératrice, puisque tu la prétends riche et puissante, ait tant de mal à découvrir un ami digne d’elle ? – Je l’ignore, avoua le meunier. Mais comme elle est la plus belle femme de toute l’île de Bretagne, je suppose qu’il lui faut le plus bel homme de toute cette île. » Cette nuit-là, Perceval dormit néanmoins sans se soucier du lendemain.
    Dès le jour, il se leva, s’équipa puis décida d’aller au tournoi. Parmi les innombrables pavillons, il en distingua un plus riche et plus décoré que les autres. Il se dirigea de ce côté et souleva légèrement la tenture qui en masquait l’entrée. À l’intérieur, sur un lit recouvert de peaux d’hermines, une femme était allongée, perdue dans ses rêveries. À sa longue chevelure noire et à ses bras d’une blancheur éclatante, Perceval reconnut la femme qui lui avait donné la pierre. Il la regarda longuement, la trouvant si belle qu’il pensa ne jamais pouvoir s’arracher de sa contemplation. Et, de fait, il demeura ainsi à la considérer depuis le matin jusqu’à midi, puis depuis midi jusqu’à nones, heure où s’achevait le tournoi. Regagnant alors son logis, il se dépouilla de ses armes et, à nouveau, pria le meunier de lui prêter de l’argent. La femme du meunier s’emporta contre lui ; elle connaissait, disait-elle, ce genre d’homme qui promettait tout sans jamais rien tenir. Néanmoins, le meunier consentit. Or, le lendemain, Perceval se conduisit comme la veille : il consacra sa journée à contempler la femme brune dans son pavillon puis, au crépuscule, revint à son logis et fit un nouvel emprunt au meunier.
    Le troisième jour, comme il se trouvait à la même place, tout à contempler la femme brune, il ressentit un violent coup du manche d’une cognée entre le cou et les épaules. Il se retourna et vit le meunier qui le menaçait. « Qu’as-tu donc à me frapper ainsi ? » demanda-t-il. Le meunier lui répondit, sur un ton de colère : « Voilà déjà trop longtemps que tu nous abuses ! J’ai l’impression que tu n’es qu’un vantard et un parasite au détriment des honnêtes gens. L’heure est venue de choisir : ou tu déguerpis, ou tu vas au tournoi ! – Je vais au tournoi, dit Perceval, et tu ne pourras pas dire que j’ai abusé de ton hospitalité ! »
    Il se rendit donc parmi ceux

Weitere Kostenlose Bücher