Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
temps à pleurer et à prier pour les femmes qui sont enterrées dans ce cimetière. » Perceval s’assit auprès d’elle. « Je serais bien aise d’en savoir davantage, dit-il, car j’ai vu qu’elles étaient toutes mortes pour l’amour du même homme. – C’est une longue histoire, soupira la femme, et je te la raconterai, chevalier. Cependant, je vois que tu es épuisé et affamé. Aussi te donnerai-je d’abord à manger. » Pendant que Perceval retirait ses armes, elle entra dans la hutte et en ressortit peu après avec du pain noir, de la viande séchée et des fruits. Perceval se précipita sur la nourriture et la dévora gloutonnement. Puis, une fois rassasié et désaltéré par l’eau fraîche que contenait un bassin de terre cuite, il rappela sa promesse à la femme.
    « Voici, dit-elle. La forteresse qui se trouve près d’ici et que tu as vue dans un si triste état protégeait jadis une cité plaisante aux belles maisons richement pourvues. Douze chevaliers résidaient là, douze hommes vaillants et sages, riches de terres et de rentes, et chacun d’eux avait une épouse belle, élégante et de haut lignage. Dans cette cité se donnaient des fêtes brillantes, et l’on recevait volontiers les comtes et les rois. Arthur lui-même, avec ses compagnons, venait ici lorsqu’il se rendait de Carduel à Kaerlion sur Wysg. C’était certainement la plus belle cité qu’on pût voir dans tout le pays.
    « Or y survint un chevalier nommé Énéour. Il arrivait de Bretagne armorique, et comme il était pauvre et de petite noblesse, il avait quitté son manoir pour courir les aventures. Par sa prouesse, il fit si bien que, dans tout le pays, il n’y eut bientôt pas un seul chevalier de si grande renommée. Son ardeur à vivre n’avait pas d’égale. Dès qu’arrivait le mois de mai, il se levait de bon matin, et, emmenant à sa suite cinq bardes et des musiciens, s’en allait au bois d’où il rapportait en grande fanfare l’arbre de mai qu’on plantait devant sa demeure. Sa compagnie était pleine d’agrément, et le plaisir son habitude quotidienne. Mais le désir d’amour le brûlait, et les femmes s’en rendaient si bien compte qu’elles s’étaient toutes éprises de lui.
    « Ainsi devint-il l’amant des douze femmes des chevaliers. Afin de combler tous ses désirs, il assura à chacune, si elle voulait l’agréer, qu’il se considérerait heureux comme un roi. Et chacune d’elles l’écouta, s’imaginant qu’il était à elle, et à elle seule, et se montrait tendre et gracieuse. Énéour se lia de la sorte aux douze. Venait-il voir l’une ? il oubliait toutes les autres et, sans aucun scrupule, sans aucun remords, lui faisait vivre des moments entre tous délicieux. Quand des tournois étaient organisés, il s’y rendait en vue d’acquérir une gloire plus grande encore, affrontant vingt chevaliers, voire davantage, à la grande joie des dames qui l’en récompensaient généreusement.
    « Son amour pour elles dura plus d’une année, jusqu’à une certaine Saint-Jean, fête où toute créature se sent déborder de joie. Il se trouva que les nobles dames allèrent se divertir toutes les douze dans un verger qui appartenait à la belle Gwladys. La solitude les disposa à échanger les confidences les plus intimes, et l’une d’elles prit la parole. « J’ai l’intention de vous proposez un jeu, dit-elle, et vous me donnerez votre avis quand vous m’aurez entendue. – Fort bien, répondirent les onze autres. Nous ne demandons qu’à nous distraire et nous réjouir. Dites-nous donc ce que nous devons faire. – Voici, reprit celle qui avait parlé la première, et qui était Gwladys. Nous sommes toutes des femmes charmantes, élégantes et nobles. Dans tout le pays, on nous estime et l’on nous adresse des éloges sur notre beauté. Nous sommes les épouses des plus hauts chevaliers de cette cité, et nos cœurs chantent d’allégresse. Il n’en est parmi nous aucune qui ne soit amoureuse, vous en conviendrez. Et comme ce jour est un jour de fête, nous allons jouer à un jeu qui, je m’en flatte, vous plaira. L’une de nous tiendra le rôle d’un prêtre, et nous irons tour à tour nous confesser, là-bas, près de cet arbre en fleur. Chacune devra faire une confession sincère, sans rien cacher et, par conséquent, avouer le nom de celui qu’elle aime et à qui elle a fait don de sa personne. Ainsi, nous saurons en toute certitude laquelle aime

Weitere Kostenlose Bücher