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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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fusses tué, nul ne pourrait te ramener à la vie. » Et, sans plus de paroles, ils sautèrent en selle et sortirent de la forteresse.
    Perceval comprit qu’il ne fallait pas insister mais, dès qu’ils se furent lancés au galop sur le chemin, il les suivit en prenant grand soin de ne pas se faire remarquer. « Je dois savoir ce qu’il en est au juste de ces gens qui meurent et qui ressuscitent », se disait-il en galopant. L’esprit tendu, prêt à tout voir et à tout entendre, il avait beau se promettre de ne pas lâcher d’un pouce ces jeunes gens extraordinaires, il déboucha, au milieu d’un bois, dans une clairière d’où rayonnaient plusieurs sentiers. Lequel prendre ? Il avait perdu de vue ceux qu’il suivait et n’entendait même plus leurs montures. À tout hasard, il emprunta l’un des chemins qui le mena sur une grande lande ouverte à perte de vue.
    Fort perplexe, il aperçut alors, assise au sommet d’un tertre, la plus belle femme qu’il eût jamais rencontrée : mince, avec un visage encadré d’une longue chevelure noire et des yeux ardents, elle était parée d’une robe de soie blanche que découvraient les pans écartés de son superbe manteau rouge. Fasciné, Perceval s’immobilisa, et elle lui sourit. « Je connais l’objet de ta course, dit-elle. Je sais que tu vas affronter le dragon. Or le dragon non par vaillance, mais par ruse te tuera. Sur le seuil de son antre est un pilier de pierre derrière lequel il se cache et qui lui permet de voir sans être vu tous ceux qui surviennent. Depuis cet abri, il les met à mort infailliblement grâce à un dard empoisonné. Aborde-le comme tu fais, et tu subiras le même sort. – Je n’ai jamais reculé devant le danger, riposta Perceval, dussé-je y perdre la vie ! – Voilà des paroles dignes d’un jeune homme de grande noblesse, estima la femme. Aussi vais-je t’aider. Écoute attentivement. Si tu me donnais ta parole de m’aimer plus qu’aucune autre au monde, je te ferais présent d’une pierre magique qui te permettrait de voir le dragon dans son antre sans être vu de lui. – Par ma foi, répondit Perceval, je te donne ma parole ! Tu es la plus belle de toutes les femmes, j’en suis sûr, et je t’aimerai plus qu’aucune autre. – Bien, dit-elle, alors, je vais te remettre la pierre. Mais n’oublie pas, une fois accomplie ta prouesse, de revenir vers moi. – Et où te trouverai-je ? – Tu demanderas la demeure de l’Impératrice, et l’on t’en indiquera le chemin. » Se levant sur ce, elle déposa une pierre dans la paume de Perceval puis disparut sans qu’il pût distinguer dans quelle direction. Il vit seulement un oiseau noir tournoyer autour du tertre et, prenant son essor vers le ciel, s’évanouir dans les nuages.
    Il traversa l’immense lande et aborda une vallée qu’arrosait une vive rivière. Les contours en étaient boisés mais, de part et d’autre des berges, s’étendaient des prairies verdoyantes. Sur l’une des rives paissait un troupeau de moutons blancs, sur l’autre un troupeau de moutons noirs. Et chaque fois qu’un mouton blanc bêlait, un mouton noir traversait l’eau et devenait blanc. Et à chaque fois que bêlait un mouton noir, un mouton blanc traversait l’eau et devenait noir (26) . En outre, au bord de la rivière se dressait un grand arbre dont une moitié brûlait depuis la racine jusqu’à la cime, tandis que l’autre arborait un feuillage vert (27) . Tout ébahi d’un pareil spectacle, Perceval n’en poursuivit pas moins sa progression le long de la rivière.
    Il rencontra là-dessus un jeune homme qui, assis au pied d’un arbre, tenait en laisse deux limiers mouchetés, au poitrail blanc, lesquels étaient couchés à ses côtés. Jamais Perceval n’avait vu jeune homme d’aussi belle prestance et d’allure aussi royale. Dans le bois, en face, il entendit des chiens courants lever une harde de cerfs. Il salua le jeune homme, et celui-ci lui rendit son salut. Comme trois routes partaient de là, deux d’entre elles assez larges et la troisième fort étroite, Perceval demanda où elles conduisaient. « L’une, répondit le jeune homme, mène à ma demeure. Je te conseille de t’y rendre, car ma femme t’y recevra de grand cœur. Toutefois, s’il t’agrée, tu peux attendre ici en ma compagnie. Ainsi verras-tu les chiens courants pousser les cerfs fatigués du bois vers la plaine, puis les lévriers les meilleurs et les plus vaillants à la

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