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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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nouvelles concentrations ouvrières sur les chantiers forestiers, routiers, ou miniers ; soit, au contraire, une accélération brutale de la croissance démographique — telle que celle amorcée à partir des années 1930 et surtout après la Seconde Guerre mondiale — fit augmenter massivement le nombre de bouches à nourrir ; soit, enfin, un développement disproportionné des cultures commerciales d’exportation détourna de la production vivrière une part excessive de la force de travail.
    Contre ces agressions, le corps social avait appris à se protéger, avec les moyens modestes laissés à sa disposition et utilisés jusqu’à la limite du possible. Dans l’économie paysanne, assurer la subsistance et l’entretien de la maisonnée était l’objectif majeur. Or, d’une génération à l’autre, la production vivrière pouvait connaître une alternance éventuelle d’expansion ou de diminution de l’exploitation en fonction de la dimension dugroupe et du nombre de bras susceptibles de manier la daba . Ce qui demeurait essentiel, c’était le maintien de la lignée malgré ces aléas, d’où l’importance du culte des ancêtres chargés de la protéger. Certes, les religions d’Afrique sont presque aussi nombreuses que ses langues, ses cultures et ses peuples ; à chacun ses dieux, ses génies, ses ancêtres, ses rites, ses prières, ses sacrifices. À première vue, tout oppose la religion des Dogons à celle des Zoulous. En réalité, leurs caractéristiques fondamentales sont proches : les cultes avaient essentiellement pour objet de relier les hommes, par le truchement de leurs ancêtres, au monde protecteur invisible de la nature. Le surnaturel faisait partie de la vie quotidienne. C’est pourquoi les civilisations africaines, plurielles, furent toujours prêtes à s’ouvrir à d’autres divinités voisines si leur pouvoir s’avérait efficace : d’où la faculté d’adopter les rites monothéistes (de l’islam ou du christianisme), sans pour autant renier les siens. Un proverbe se plaît à dire que l’on est en Afrique « musulman-animiste, chrétien-animiste, ou animiste-animiste ».
    Des sociétés inégalitaires
    Les sociétés africaines furent aussi inégalitaires que les autres. On peut en considérer les deux extrêmes : les sociétés dites lignagères, souvent (mais pas toujours) caractéristiques de l’Afrique centrale forestière, et les sociétés aristocratiques, dont un cas extrême est celui des éleveurs des confins désertiques et sahéliens, aussi bien au nord (tribus touarègues, Peuls, Wolofs)qu’au sud (Tswanas). Entre les deux, de nombreux États combinèrent de diverses manières l’articulation entre les privilèges des dignitaires et les tâches de la masse qui leur était soumise, alternativement composée d’agriculteurs (en saison des pluies) ou de soldats du prince (en saison sèche).
    Les ethnologues, fascinés par des coutumes dont ils découvraient l’originalité et influencés par les préjugés occidentaux de l’époque, eurent tendance à décrire la « communauté villageoise » comme un paradis perdu, une sorte de communisme primitif de la précarité. C’est inexact. D’abord, tous les lignages n’occupaient pas le même rang : il y avait des lignages forts, dont dépendaient des lignages subordonnés ou même esclaves. Ainsi, en forêt, les groupes de chasseurs pygmées étaient les esclaves des peuples cultivateurs qu’ils approvisionnaient en viande. Au sein d’un même lignage, l’inégalité était la règle. Dans ces sociétés « préscientifiques », le savoir était identifié à la sagesse, laquelle, liée à l’expérience, était réservée aux plus anciens. Les aînés exigeaient le respect : une des règles de politesse les plus tenaces, encore aujourd’hui, est le respect de la parole des anciens. Un jeune n’avait ni le droit de s’adresser à ses aînés directement, ni, encore moins, de les regarder dans les yeux. À la séniorité s’ajoutait le statut social : la famille élargie incluait non seulement ses membres génétiques (épouses et enfants, neveux et nièces, petits-enfants…), mais toute une série de dépendants (enfants « gagés » ou échangés entre lignages voisins, dépendantset « castés », et, encore au-dessous d’eux, esclaves possédés de génération en génération).
    Castes et esclaves
    Peu répandues en pays de forêt, les castes étaient fréquentes

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