Petite histoire de l’Afrique
successeurs surent exploiter ce succès religieux en confiant à leurs fidèles la production arachidière. Aujourd’hui, les responsables mourides investissent dans l’immobilier et dans le commerce international.
3 . Si l’on veut en savoir davantage, cf. Catherine C OQUERY -V IDROVITCH , Afrique noire. Permanences et ruptures , Payot, Paris, 1985 (2 e éd. révisée, L’Harmattan, Paris, 1993).
4 . On raconte à Dakar qu’Amadou-Makhtar Mbow (né en 1921), qui fut directeur général de l’UNESCO (1974-1987), aurait en 1966 opté pour une carrière internationale parce que, alors qu’il se présentait aux élections municipales dans le parti d’opposition, les gens se tenaient sur le pas de leur porte une savate à la main pour signifier que sa famille appartenait à la caste des cordonniers.
5 . Cf. Harris M EMEL -F OTÉ , L’Esclavage dans les sociétés lignagères de la forêt ivoirienne ( XVII e - XX e siècle) , Éditions du CERAP-IRD, Paris, 2007.
6 . La mention de l’ethnie sur la carte d’identité fut supprimée au Burundi à l’indépendance (1962), mais maintenue au Rwanda jusqu’en 1994 : c’est pourquoi, au moment du génocide, avoir « perdu » sa carte d’identité signifiait que l’on était tutsi et exposait au massacre…
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Les grandes étapes de l’histoire africaine jusqu’au XVI e siècle
L’Afrique au sud du Sahara, de l’Égypte ancienne à l’or médiéval
L ’histoire de l’Afrique commence avec l’Égypte ancienne. Ce fut le coup de génie du Sénégalais Cheikh Anta Diop que de reprendre une thèse oubliée (déjà proposée à la fin du XIX e siècle) en rappelant en 1954 ce que l’égyptologie « blanche » élaborée depuis le XVIII e siècle s’était bien gardée de retenir : l’Égypte est en Afrique. Certes, ce physicien de formation n’était pas historien, mais ses intuitions relevaient du sens commun. C’est en Haute-Égypte, territoire proche de la Nubie des Éthiopiens anciens (qui étaient des Africains noirs), que prit forme une splendide civilisation, dont les racines plongeaient au sud autant qu’au nord. Ce fut l’un des creusets du monde, où des peuples venus de tous les alentours contribuèrent à engendrer la civilisation que nous connaissons. Ces gens (y compris certains pharaons)avaient des teints de peau très variés, en un temps où le racisme de couleur ne prévalait guère sur le racisme de culture ; on était civilisé ou barbare, et les allusions à la couleur de peau étaient rares dans le monde antique méditerranéen et oriental, sans doute précisément grâce à cette variété. La plupart des habitants, compte tenu des métissages et du climat, étaient plutôt basanés — certains plus noirs, d’autres plus clairs — et de morphologie variée, comme en témoignent les profils des fresques tombales… L’idée d’une Égypte africaine, qui était tout sauf scandaleuse, apparut néanmoins comme telle, dans les années 1950, aux égyptologues occidentaux. Le commun des mortels n’était pas encore débarrassé de l’héritage du « racisme scientifique », codifié au XIX e siècle, selon lequel les Noirs étaient inférieurs aux Blancs, sur le plan de l’intelligence comme sur celui de la civilisation. L’idée fit alors scandale en Occident, elle fut en revanche essentielle en Afrique subsaharienne, rendant leur dignité à des peuples dont on déniait l’historicité sous le prétexte qu’ils avaient vécu sans écriture.
L’héritage égyptien se diffusa vers le sud au début de notre ère, dans ce qu’on a appelé la Nubie ancienne : en attestent les impressionnants vestiges de villes telles que Méroé ou Axoum, où l’on a retrouvé aussi bien des restes de pyramides (d’influence égyptienne) que des traces de l’industrie du fer (qui n’existait pas encore en Égypte). Le lien est donc évident entre la destruction de l’Égypte pharaonique par les Romains (la dernière pharaonne, Cléopâtre, se suicida après la défaite d’Antoine, son amant,vaincu par Octave, le futur empereur Auguste) et la descente vers le sud de certains de ses héritiers.
La phase suivante demeure assez obscure. La région de la Corne de l’Afrique eut à subir des invasions perses à partir du V e siècle de notre ère. Elle ne connut ensuite un renouveau qu’avec l’arrivée de l’islam et l’émergence d’une culture métisse dite « swahilie ». Dans l’Afrique du Nord
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