Petite histoire de l’Afrique
antique, la Libye était partagée entre, à l’est, la Cyrénaïque, sous influence égyptienne et grecque, et dont la superbe capitale donna son nom à la province (Cyrène), et, à l’ouest, la Tripolitaine, héritée de Carthage et sous influence romaine : à l’est de Tripoli, la zone de Leptis Magna, jusqu’alors si brillante, tomba dans le marasme à partir du V e siècle de notre ère à la suite de l’invasion des Vandales puis, dès la fin du VII e siècle, après le passage apparemment destructeur des premiers Arabes conquérants qui visaient l’ouest. Elle ne devait retrouver son lustre qu’avec l’émergence de l’Empire ottoman (au XV e siècle). En revanche, l’essor musulman fut plus précoce au Maghreb où s’épanouirent, entre le X e et le XII e siècle, les grandes dynasties almoravide puis almohade à partir du monde berbère marocain.
La conquête par les Arabes de l’ensemble de l’Afrique du Nord, depuis la Basse-Égypte jusqu’à l’extrémité occidentale du « Maghreb » (terres du couchant), allait provoquer pendant plusieurs siècles une désorganisation des relations entre le nord et le sud du désert. À l’ouest, l’assèchement progressif du Sahara avait rompu les relations jusqu’à ce que fût introduit, vers le III e siècle de notre ère, le chameau (en fait un dromadaire à une bosse). Celui-ci,capable de résister au manque d’eau pendant une dizaine de jours de marche d’oasis en oasis, fut un élément essentiel de la reprise du contact. À l’est, le désert se combinait au massif montagneux éthiopien qui servit de zone refuge aux peuples hostiles à la conquête arabe : juifs falachas et chrétiens coptes des origines, mais aussi peuples animistes rétifs à l’islam. Bref, il y eut, de facto , captation par le monde méditerranéen d’une grande partie d’un héritage égyptien jadis commun.
Mais il ne faut pas exagérer cette coupure ; dès la fin du VIII e siècle, les musulmans d’Afrique du Nord avaient rétabli le contact en atteignant les rives du fleuve Niger. Les régions les plus rapidement touchées par l’islam furent celles où les cités étaient des lieux de rencontre avec les commerçants musulmans venus du Maghreb. On trouve dans un texte de 990 la mention suivante : « Le roi du pays Kawkaw se déclare musulman devant ses sujets ; beaucoup d’entre eux se déclarent également musulmans. » Au début du XI e siècle, le chef de Koukya se convertit à son tour à l’islam en déplaçant sa capitale de Koukya à Gao, sur le fleuve Niger. Avant sa mort en 1040, le roi du Tekrour, qui subissait l’hégémonie du Ghana voisin encore animiste (royaume qu’il ne faut pas confondre avec l’État actuel du Ghana, qui a repris ce nom glorieux de l’histoire ouest-africaine), épousa également la religion musulmane. Quant au Ghana, il dominait depuis un ou deux siècles la région du haut fleuve Sénégal, probablement jusqu’à la vallée du Niger. Ibn Hawkal le décrivit comme « le pays le plus riche du monde à cause de son or ». L’influence musulmane s’y était déjà fait sentir : Al-Bakri insiste sur le niveau culturelde certains musulmans entourant le roi, parmi lesquels « des jurisconsultes et des érudits » qu’il jugeait précieux pour le règlement des affaires du pays. Il les utilisa comme interprètes, voire comme trésoriers ou ministres. En fin de compte, le Ghana ne put résister à l’offensive des Berbères, auxquels se joignirent des Noirs du Tekrour déjà islamisés. En 1076, la capitale Koumbi Saleh fut prise et saccagée par les Almoravides et le roi se convertit à son tour. Même si, par la suite, profitant des disputes nées autour de l’héritage de son roi, tué en 1097, le Ghana se libéra, il demeura, en tout cas au niveau de ses classes dirigeantes, une terre d’islam. Les populations rurales, elles, restèrent dans leur grande majorité animistes au moins jusqu’au XVII e , sinon jusqu’au XIX e siècle.
Tombouctou, située au sommet de la boucle du Niger et la seule grande ville méridionale accessible depuis le nord par chameau, était un point de passage incontournable qui permettait le transbordement des marchandises, et notamment des barres de sel, depuis les caravanes jusqu’aux grandes pirogues du fleuve. Celles-ci assuraient ensuite la liaison nord-sud entre Tombouctou et Djenné, ville construite par les Arabes à partir du XII e siècle à
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