Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
suzerain.
    — J'ai encore tout le temps de m'arranger avec Dieu, moine.
    Quand je tiendrai cette terre, je lui ferai un beau présent avec l'or que je vais ramasser ici. J'ai un chapelain très accommodant : trois Pater, trois Ave et une demi-douzaine de messes et il me fera blanc comme un agneau, eussé-je trucidé tous ceux de ce nid à rats.
    — On t'a déjà dit qu'il n'y a pas d'or. Messire Arnaud, quand il est parti avec ses lances, a emporté tout l'argent dont le château disposait...
    — Je me contenterai du mobilier ! fit Apchier têtu. Et puis, voici le printemps. Bientôt, les troupes de marchands en route pour les foires du Sud, les bandes de pèlerins en chemin vers Conques et les hauts lieux d'Espagne vont affluer. Vous êtes peut-être une sauveté, mais vous êtes aussi un péage, hein, saint homme ? Et c'est très lucratif un péage ! Donc même si Arnaud le magnifique a tout emporté, il reste qu'une saison ici... et même plusieurs, peuvent être pleines d'intérêt.
    Tu as compris maintenant ?
    Oui, l'abbé avait compris et Catherine autant que lui. Le forban ne venait pas, comme tous ses pareils, pour piller, brûler et s'enfuir : il venait tout simplement s'installer afin de pouvoir rançonner à son aise les grandes transhumances qui, de haute Auvergne vers la vallée du Lot et les riches terres du Sud, passaient obligatoirement par Montsalvy !
    Une bouffée de colère la poussa à rejoindre l'abbé sur son créneau : Tu n'oublies qu'une chose, bandit : c'est le seigneur de ces lieux !
    Même si tu parviens à nous vaincre, même si tu t'emparais de notre ville, ce qu'à Dieu ne plaise, sache qu'un jour ou l'autre Arnaud de Montsalvy reviendra. Il a la main encore plus lourde que toi et alors rien ne pourra te sauver de sa vengeance. Souviens-toi que le-Roi l'aime et que le Connétable est notre ami.
    — Peut-être ! S'il revient ! Mais quelque chose me dit à moi que, justement... il ne reviendra pas. Alors, autant nous arranger tout de suite...
    — Il ne-

    Catherine n'alla pas au bout de son cri suffoqué. La main de l'abbé serrait son bras, tandis qu'il chuchotait :
    — Du calme ! N'ayez pas l'air de prêter attention à ses paroles ! Il ne cherche qu'à vous faire sortir de vous- même, afin que vous commettiez quelque sottise. D'ailleurs, écoutez ! Il n'est plus guère possible de discuter.
    En effet, une véritable tempête de hurlements courait tout le long du rempart, assortie d'une grêle de pierres sous laquelle les quatre routiers durent battre en retraite. D'ailleurs une pluie fine, glaciale, commençait de tomber. Ils s'éloignèrent vers leur camp qui se dressait maintenant à mi-chemin de la ville et du Puy de l'Arbre dont leurs feux de cuisiné éclairaient les ruines.
    Mais, tandis que ses fils se retiraient avec une indifférence absolue et sans paraître attacher la moindre importance à l'explosion de fureur populaire, le vieux Bérault se retourna plusieurs fois pour montrer le poing à la cité.
    Catherine descendit du créneau et regarda le cercle de visages qui l'entouraient. Dans la lumière des torches, ils paraissaient rouges, encore flambants de la grande colère qui avait soulevé les gens de Montsalvy à entendre insulter si bassement leur dame et leur seigneur.
    Mais, de toutes ces figures, il ne sortait qu'une voix unanime pour assurer la châtelaine du dévouement des siens.
    — On tiendra, dame Catherine ! N'ayez crainte : les remparts sont solides et nous avons bon courage.
    — Le vieux forban regrettera bientôt d'être venu jusqu'ici. C'est pas demain qu'il s'installera chez nous et tiendra notre ville.
    Spontanément, Catherine leur sourit, serra les mains les plus proches, mais Gauberte, la toilière, demanda brusquement:
    — Qu'est-ce qu'il entendait par là quand il a dit que messire Arnaud ne reviendrait pas ?
    Il y eut un silence. La grosse Gauberte venait de traduire tout haut le tourment secret de la châtelaine et aussi la question que chacun se posait tout bas. Mais l'abbé coupa court parce que l'angoisse de cette question sans réponse possible venait de reparaître dans les yeux de Catherine.
    — Soyez sans crainte, assura-t-il, nous le saurons sous peu, en admettant que ce ne soit pas une simple bravade destinée à abattre notre courage. S'il a un plan, Bérault d'Apchier précisera sûrement sa menace, ne serait-ce que pour forcer Dame Catherine à effectuer des sorties dangereuses puisqu'en rase campagne nous n'aurions aucune

Weitere Kostenlose Bücher