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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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veut du bien.
    — C'est bien pour cela que j'ai si peur. Je craindrais moins le pire de mes ennemis qu'un ami offensé. Et puis, je n'aime pas cette maison
    : elle porte malheur.
    Décontenancé par cette affirmation inattendue, le Bâtard ouvrit de grands yeux :
    — Malheur ? Vous me la baillez belle ! Qu'entendez-vous par là ?
    — Rien d'autre que ce que je dis. Je suis née tout près d'ici, monseigneur, et je sais que tous les propriétaires de cet hôtel sont morts tragiquement.
    — Ah bah !
    — Vous l'ignoriez ? Souvenez-vous : depuis Hughes Aubriot, qui le fit construire et qui mourut à Montfaucon, il y eut Jean de Montaigu, traîné sur la claie et pendu, Pierre de Giac, l'homme qui vendit sa main au Diable et que le Connétable fit coudre dans un sac et jeter à l'Auron après lui avoir tranché le poing, votre propre père, le duc Louis d'Orléans, qui lui donna son porc-épic, assassiné, le prince de Bavière, dont la mort fut suspecte, le duc Jean de Bourgogne, assassiné...
    — Ciel ! Ne dites pas de telles choses ! Souvenez- vous que Richemont est breton, donc superstitieux. Et puis, cela ne menace que lui et vous n'êtes pas, que je sache, propriétaire de cette maison.
    Non. Mais tant de drames laissent des traces... une atmosphère. Ce n'est pas ici la maison de la clémence. Le Bâtard tira son mouchoir et s'essuya le front en soupirant :
    — Eh bien, ma chère, vous pouvez vous vanter de vous entendre comme personne à relever les courages. Je cherchais à vous réconforter et c'est vous qui me venez troubler avec des histoires de revenants... Ah ! Messire du Pan !
    Le maître d'hôtel du Connétable s'approchait, en effet, au moment où Catherine et son compagnon allaient commencer à gravir l'escalier menant à la salle d'honneur. Dunois l'accueillit avec un visible soulagement.
    — Voulez-vous, messire, nous annoncer, Madame et moi ? On dirait qu'il y a là-haut grande assemblée.

    Des voix nombreuses se faisaient entendre et l'étage bourdonnait comme une ruche en été. Mais le maître d'hôtel s'inclinait en souriant
    : — Trop grande assemblée, justement. Les ordres de Monseigneur sont que je conduise Madame au jardin où il s'est retiré avec ceux de son Conseil.
    Catherine retint un soupir de soulagement. Elle avait craint que Richemont ne la contraignît à une explication publique, une espèce de lit de justice où, à cause de la grande foule, elle eût peut-être entendu sa condamnation sans réussir à s'expliquer.
    Les bruits qui emplissaient l'hôtel le lui avaient fait redouter dès l'entrée. Aussi sourit-elle au sire du Pan qui, courtoisement, s'apprêtait à lui montrer le chemin. Mais les choses faillirent tourner mal quand il voulut séparer Catherine de son escorte et interdire l'entrée du jardin aux seigneurs arvernes.
    — Monseigneur le Connétable souhaite entendre la comtesse de Montsalvy en petit comité, messires. Il a dit qu'il désirait que cette malheureuse affaire gardât, autant que faire se pourrait, les nuances d'une affaire de famille, à cause des liens étroits qui l'attachent à la maison de Montsalvy.
    Amaury de Roquemaurel sortit du rang, fit un pas qui l'amena à dominer le maître d'hôtel de toute la tête.
    — Nous sommes les frères d'armes d'Arnaud de Montsalvy, donc nous sommes la famille, sire maître d'hôtel. Aussi entrerons-nous !...
    que cela vous plaise ou non ! Justement, nous n'aimons guère la façon dont, à la Cour, se traitent les affaires de famille : Dame Catherine et nous ne formons qu'un seul cœur et elle peut avoir besoin de nous.
    — Laissez-les entrer, du Pan ! intervint Dunois. Ils se tiendront au fond du verger et n'approcheront que si le besoin s'en fait sentir. Je le prends sur moi...
    — Dans ce cas, je m'incline. Veuillez donc me suivre.
    Le soleil inondait le jardin qui descendait en pente douce jusqu'à la Seine. C'était un endroit frais et charmant, un grand verger où, sous de vieux cerisiers que le printemps tardif couvrait de fleurs blanches, de grands tapis d'herbe nouvelle s'émaillaient de violettes, de primevères et d'anémones. Quelques bosquets de lilas bleu ménageaient, autour de longs bancs de pierre verdie, des retraites d'ombre douce entre les branches desquelles on pouvait voir briller l'eau paresseuse du fleuve.

    Richemont attendait Catherine dans l'un de ses bosquets. Vêtu de velours gris foncé, sans aucun ornement, il se tenait assis sur le banc et causait avec quelques

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