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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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gentilshommes qui l'entouraient.
    Outre Tristan l'Hermite qui, un peu à l'écart, contemplait avec une attention soutenue les évolutions d'un merle sautillant, il y avait là le chef bourguignon, Jean de Villiers de l'Isle Adam, et le nouveau Prévôt de Paris, messire Philippe de Ternant, l'autre maître de la ville, Michel de Lallier et l'un des plus fameux capitaines bretons, Jean de Rostrenen.
    Tandis que les gens d'Auvergne demeuraient docilement à l'entrée du verger, Catherine, toujours guidée par Jean d'Orléans, s'avança vers le Connétable et, comme s'il eût été le Roi lui-même, plia le genou devant lui.
    A son approche, la conversation avait cessé. Et, bien qu'elle gardât la tête modestement baissée, la jeune femme eut conscience des regards fixés sur elle. Il y eut un instant de silence, vite peuplé par le trille joyeux et parfaitement incongru à un moment si solennel d'un oiseau sur une branche. Puis, ce fut la voix rauque et maussade du Connétable :
    — Vous voici donc, Madame de Montsalvy ? Je ne vous attendais guère et, pour être tout à fait franc, votre visite ne me cause aucun plaisir. J'ajouterai que c'est bien la première fois.
    Le préambule n'avait rien d'encourageant. Pourtant Richemont s'était levé, courtoisement, pour accueillir sa visiteuse et lui désignait une place auprès de lui sur le banc.
    Mais Catherine négligea l'invitation tout en s'efforçant d'affermir son courage. Le ton du Connétable lui annonçait que la bataille serait rude. Il ne s'agissait pas d'une conversation mondaine. Aussi, mieux valait combattre face à face et à visage découvert.
    S'autorisant de sa double qualité de femme et de grande dame, elle riposta aussi durement :
    — Je n'ai, moi non plus, aucune joie à vous la rendre, Monseigneur ! Je ne m'attendais pas à être obligée, à peine débarquée à Paris, de venir implorer votre clémence, alors que j'entendais me plaindre amèrement du tort que l'on me fait. Mais, arrivée ici en plaignante, je me suis trouvée transformée comme par magie en accusée.
    — Vous n'êtes accusée de rien.
    — Quiconque accuse mon seigneur Arnaud m'accuse.

    — Eh bien, disons que vous êtes accusée de vouloir m'arracher une grâce que je n'ai nulle envie d'accorder. Quant à vous plaindre...
    puis-je savoir de quoi ?
    Ne faites pas semblant de l'ignorer, Monseigneur. Je vois là messire l'Hermite qui n'a pas dû oublier de mentionner les circonstances de ma venue. Mais si vous tenez à me l'entendre dire, je me plains du mal que l'on fait aux miens, à ma terre, à ma ville, à mes gens et à moi-même ! Je me plains de ce que, profitant de l'absence de mon époux et de ses meilleurs chevaliers, Bérault d'Apchier et ses fils, au mépris de tout droit, sont venus assiéger Montsalvy qui, peut-être, à cette heure, est tombée et crie sa douleur vers le Ciel ! Je me plains de n'avoir pu obtenir secours ni des consuls d'Aurillac, ni de l'évêque, parce qu'ils craignent une attaque de Villa-Andrado, actuellement à Saint-Pourçain, ni de votre bailli des Montagnes, qui préfère faire pèlerinage en compagnie de son épouse, au lieu de veiller, comme son devoir le lui commande ! Je me plains enfin de voir jeter en injuste prison le maître de cette terre mise à mal et son défenseur naturel, sans lequel moi et les miens sommes voués sans retour à la perdition et au malheur !
    La voix de Catherine, enflée par la colère, sonnait haut et le jardin n'était pas si grand. A peine la nouvelle du péril couru par la cité de Montsalvy eut-elle frappé les oreilles des Roquemaurel et de leurs compagnons, qu'ils abandonnèrent instantanément cette belle retenue qui leur était si peu habituelle.
    Ce fut une ruée. En un instant, le verger s'emplit de bruit et de fureur, tandis que Catherine et le Bâtard, demeuré auprès d'elle comme pour affirmer qu'elle se trouvait sous sa protection, se voyaient entourés d'une horde qui soufflait le feu par les naseaux.
    Jean d'Orléans fit de son mieux pour les contenir, mais les chefs auvergnats n'étaient pas disposés à s'en laisser imposer plus longtemps.
    — On attaque Montsalvy, vous le savez depuis hier, Monseigneur, et nous, qui sommes les fils de cette terre, nous l'ignorions encore !
    protesta Renaud de Roquemaurel. Que faisons-nous ici, à ergoter autour de la mort méritée d'un vilain, quand des centaines d'hommes, femmes et enfants sont en péril ? Et que sert d'arracher Paris aux Anglais si

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