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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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gentilhomme menace ma vie si je ne fais pas apparaître une personne qui n’existe pas, dit le vieillard. Quelqu’un qui ne vit pas et n’a jamais vécu ici. Je suis responsable des biens de mon maître et je ne dois laisser entrer personne en son absence.
    — Ce qui se passe ici ne regarde pas la garde épiscopale, dit l’homme à cheval. Et cela ne regarde pas plus ses compagnons qui m’ont l’air plutôt douteux, ajouta-t-il en fixant Raquel qui sentit le rouge lui monter aux joues. Je veux rendre visite à une connaissance, c’est tout.
    Raquel se rappela alors son voile et s’empressa de le rabattre sur son visage.
    — La paix et le bon ordre dans le diocèse me regardent justement, dit le capitaine avec calme. Si je ne puis passer devant la propriété d’un gentilhomme sans être attiré par la profération de menaces, ce sont mes affaires. Je pense, messire, que vous vous êtes trompé de maison. Et je vous suggère de partir et de décharger votre bile ailleurs, sans vous en prendre au médecin et à sa fille.
    D’un geste de la main, il engloba le vieillard, Isaac et Raquel.
    — Et moi je te suggère, bâtard, d’aller en enfer et d’y rester pour l’éternité avec ta catin de mère ! cria l’homme qui, furieux, éperonna son cheval et s’enfuit au triple galop avant même que le capitaine pût réagir…
    — Vous savez, papa, je crois qu’il s’agissait de maître Luis, dit Raquel. Cet homme a un caractère des plus désagréables.
    — C’était bien maître Luis, confirma le capitaine. Je me demande quelle mouche l’a piqué pour qu’il agisse ainsi.
    — Il a vraiment l’air hors de lui ce matin, dit Isaac.
    — Oh, il est rarement jovial, reprit le capitaine, mais de là à afficher un tel comportement…
    — Peut-être est-il affecté par la chaleur.
    — C’est possible. Si vous voulez bien m’excuser, je dois me retirer.
    — Certainement, capitaine.
    Isaac attendit que le bruit des sabots eût disparu dans le lointain.
    — M’adressé-je bien à Dalmau ?
    — Oui, messire, puis-je vous être d’un quelconque service ?
    Isaac mit pied à terre. Privé de son bâton et sur un sol étranger, il hésita. Raquel sauta à bas de sa mule pour lui venir en aide.
    — J’ai quelque chose pour vous, Dalmau, dit le médecin. C’est de la part de Son Excellence l’évêque.
    Il sortit un paquet du sac de cuir dissimulé sous sa tunique et le tendit de façon telle que Dalmau pût en voir le sceau.
    — Si vous voulez bien entrer, messire, dit le vieux serviteur, vous et votre fille, j’ai moi aussi quelque chose à vous remettre. Prenez mon bras, ajouta-t-il. Je vais vous conduire à l’intérieur et je vous raccompagnerai tout à l’heure.
    Isaac partit avec le vieil homme, et Raquel les suivit. Dalmau ne s’intéressa pas à la lourde porte principale et les conduisit vers une petite entrée percée dans la muraille. De l’autre côté, c’était une cour, fraîche, avec un ruisseau et des arbres.
    — Si vous voulez bien attendre ici un instant, maîtresse, dit le serviteur, nous allons bientôt revenir.
    Ils foulèrent des dalles bien plates puis s’arrêtèrent. Dalmau tambourina à une porte.
    — Ouvre, espèce d’imbécile, siffla-t-il, c’est moi !
    Il y eut le bruit d’une barre que l’on soulevait puis que l’on retirait, le grincement d’une grosse serrure. Une porte s’entrebâilla et une bouffée d’air frais frappa le médecin au visage. Posant avec précaution le pied sur ce sol inconnu, il entra derrière le serviteur.
    — Qui est-ce, Dalmau ? appela depuis l’étage une voix craintive.
    — C’est le médecin aveugle, madame, l’envoyé de l’évêque. Il apporte un paquet pour le maître. Le précédent gentilhomme s’était trompé de maison. Il est parti.
    — Je vois, fit-elle, soulagée. Donne au médecin le paquet posé sur la table et offre-lui un rafraîchissement.
    — Ta maîtresse est aimable.
    — Oh, ce n’est pas la maîtresse, mais la gouvernante.
    — Je suis surpris, fit Isaac avec courtoisie. Elle a la voix d’une…
    — C’est vrai, messire, si vous voulez bien m’excuser de vous interrompre. Je pense qu’elle s’est trouvée déchue, comme tant de gens de nos jours. Désirez-vous boire ?
    — Merci, mais nous devons repartir avant que la chaleur du jour n’empire.
    — Alors voici votre paquet, messire.
    Isaac l’enfouit sous sa tunique et Dalmau le raccompagna jusqu’à la

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