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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’air ; il n’y avait pas un souffle de vent. Raquel se cala sur sa mule et regarda autour d’elle. Les jeunes gardes s’en étaient allés, le capitaine songeait trop à sa tâche pour s’intéresser à elle et la campagne était déserte. Elle écarta légèrement son voile, mais le moindre contact de l’étoffe sur ses joues brûlantes était plus qu’elle n’en pouvait supporter. Elle le rejeta jusqu’à ce qu’il ne tienne plus que par une seule épingle accrochée à une boucle de cheveux.
    — Le paquet que l’on vous a remis, maître Isaac, dit le capitaine, doit être déposé dans une ferme proche d’une petite route située légèrement à l’écart de la nôtre. Il vaudrait mieux que votre fille et vous-même l’apportiez sans mon assistance.
    — Certainement, capitaine, dit Raquel avec une assurance un peu artificielle.
    — Prenez la première route à droite et suivez le cours d’eau jusqu’à ce qu’elle fasse un coude. Vous verrez un étang et une petite cascade. L’entrée de la maison se trouve juste après.
    — Son Excellence m’a donné des instructions à partir de ce moment, dit Isaac. C’est une mission toute simple, semble-t-il.
    — Oui, mais si vous n’y voyez pas d’objection, maître Isaac, j’aimerais vous suivre à distance raisonnable au lieu d’attendre ici. Si tout se passe bien là-bas, je vous rattraperai quand vous quitterez la maison.
    — Certainement, capitaine, dit le médecin. Nous serons heureux de savoir que vous êtes là.
    Comme l’avait dit le capitaine, la distance n’était pas très importante. La route suivait un ruisseau bordé d’arbres et était si étroite que même un petit char à bœufs aurait eu du mal à l’emprunter. Mais il faisait une fraîcheur agréable à l’ombre des arbres, les champs qui s’étendaient par-delà le ruisseau étaient plantés de céréales et les pentes des collines, d’oliviers et de vignes aux fruits encore verts. Au lieu de s’inquiéter pour Yusuf, de se tracasser pour Daniel ou de se demander si elle désirait vraiment qu’on l’épouse – ses réflexions habituelles quand son esprit n’était pas occupé par des affaires plus pressantes –, Raquel se prit à rêver à une vie dans un cadre aussi paisible, loin des tracas du monde.
    Ses rêves d’existence idyllique furent soudain brisés par des éclats de voix. Des cris et des injures résonnaient dans les collines, s’amplifiant alors qu’ils approchaient de leur destination.
    — Qu’y a-t-il, papa ?
    — Quelqu’un de contrarié ? suggéra Isaac avec une certaine ironie.
    Derrière eux, le capitaine éperonna sa monture et se retrouva bientôt à leur hauteur.
    — Ça vient de la ferme, dit-il. Je vous précède pour m’assurer que tout va bien.
    — Oui, dit le médecin, nous n’aimerions pas arriver au beau milieu d’une rixe.
    Un ordre, et le cheval du capitaine partit au triple galop, leur projetant poussière et cailloux au visage. Aiguillonnées par la volée de graviers et le soudain départ de leur compagnon d’écurie, les mules adoptèrent une allure rapide. Nouvellement acquise à l’art de l’équitation, Raquel fit tout pour contrôler la mule de son père et se tenir en selle sur la sienne. Les bêtes revinrent au petit trot et s’engagèrent sur un chemin parfaitement entretenu.
    Devant eux, le cheval du capitaine se remit au pas. Les mules le rattrapèrent, perdirent tout intérêt pour la course et se dirigèrent vers l’herbage qui longeait le chemin.
    Les cris avaient pour origine un cavalier de haute taille. Sa monture et lui-même étaient couverts de poussière et suaient abondamment, comme s’ils venaient de parcourir une distance considérable. Il hurlait après un vieux serviteur qui défendait la porte de la maison contre vents et marées.
    — Je ne partirai pas tant qu’on ne m’aura pas fait entrer, vieil imbécile ! lança l’homme à cet improbable héros.
    — Le maître ne veut pas d’étrangers dans sa demeure quand il n’est pas en résidence, répondit le serviteur avec courage mais d’une voix chevrotante. Et peu importe celui que vous cherchez, il n’y a ici personne de la sorte.
    Le capitaine mit pied à terre, tira son épée et s’approcha du cavalier.
    — Que se passe-t-il ici ?
    Les deux protagonistes se tournèrent vers lui et découvrirent un homme armé, botté, en éperons et portant l’uniforme de capitaine de la garde épiscopale.
    — Ce

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