Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
toujours à ma porte, à demander que je fasse quelque chose à l’encontre de ses voisins au comportement mauvais. Quant aux gens de cette maison, je doute qu’il les connaisse. Cela fait au moins vingt ans qu’ils ne vivent pas sur leurs terres. La propriété est tenue par un bailli et quelques domestiques. J’en déduis qu’une personne liée à cette maison – peut-être même le maître – est un loyal serviteur de Sa Majesté.
    — De toute évidence, Votre Excellence.
    — C’est cependant un autre serviteur du roi qui me préoccupe aujourd’hui.
    — Pasqual Robert était donc au service de Sa Majesté ? s’enquit Isaac.
    — Il l’était, dit Berenguer. Et Sa Majesté ne sera pas heureuse d’apprendre qu’il a été assassiné à l’une de nos portes, à quelques pas de nous, sans que nous ayons la moindre idée de l’identité de l’auteur de ce crime.
    — Nous avons entendu des bruits, dit prudemment Isaac. Bien que, s’il s’agit de son meurtrier, vous cherchiez un assassin capable de courir aussi vite et aussi silencieusement que la pensée elle-même.
    — Comment ?
    — Oui, Votre Excellence. Comment aurait-il pu échapper à vos officiers autrement ?
    — Ont-ils mis beaucoup de temps à s’élancer après lui ?
    — Pas beaucoup, Votre Excellence.
    — Cela m’a paru très long, pour ma part – assez long pour qu’un assassin franchisse la rivière et disparaisse.
    — Je ne le crois pas, Votre Excellence.
    — Vous vous fourvoyez, maître Isaac. Nous avons entendu ce bruit terrible, et maître Pasqual n’est apparu que plus tard. Pendant tout ce temps, nous étions pareils à des blocs de pierre, à ne rien faire.
    — Le temps joue des tours à nos sens, Votre Excellence, murmura le médecin. Avez-vous pu voir s’il y avait du sang sur sa mule ?
    — Mes yeux ne sont pas assez perçants, maître Isaac. Et je m’intéressais plus à cet homme qu’à sa mule. Quelqu’un le sait, sans aucun doute. Bernat ! appela-t-il, et son secrétaire ouvrit la porte de la pièce adjacente.
    — Oui, Votre Excellence ?
    — Y avait-il du sang sur la mule de Pasqual ?
    — Un instant, Votre Excellence.
    Et Bernat disparut.
    — Nous parlions du temps qui a effectivement passé, Votre Excellence, dit Isaac, plutôt que du temps qui a semblé passer à cause de votre surprise.
    — Vous n’avez pas été étonné, maître Isaac ?
    — Je peux l’être, Votre Excellence, mais pas par le son de la violence humaine. C’est chose trop commune. Ce matin, à l’aube, j’ai entendu un homme crier et un claquement de sabots sur le pavé. Ce que je n’ai pas entendu, Votre Excellence, c’est le bruit d’un cavalier qui s’enfuit au galop. Ou de pieds qui courent.
    — C’est vrai, reconnut Berenguer. Moi non plus. Je ne m’en souviens pas, tout au moins.
    — Ensuite, reprit le médecin, après un intervalle pendant lequel on pourrait compter lentement jusqu’à deux, ma femme a poussé un cri. Est-ce là que Pasqual est apparu ?
    — Oui.
    — J’ai entendu différents bruits de pas. On m’a dit que Pasqual a parcouru quelques pas quand Oliver courait vers lui. Oliver l’a rattrapé alors qu’il tombait, a vu le couteau et demandé du secours. Les gardes sont partis aussitôt. Si je compte à partir de cet instant, dit le médecin en frappant dans ses mains puis en s’arrêtant, oui, les gardes ont franchi la porte, et il n’y a nulle trace de l’assassin.
    — C’est un peu bref pour qu’un assassin s’enfuie, dit l’évêque. En êtes-vous sûr ?
    — Tout à fait, Votre Excellence. Je ne suis pas distrait par mes autres sens.
    — Et l’on ne peut porter de loin pareil coup.
    — Non, Votre Excellence. Si l’on avait trouvé une flèche plantée dans son dos, il serait plus facile de croire qu’il a crié au moment d’être frappé. Bien sûr, il est toujours possible d’admettre que la porte d’une maison voisine se soit ouverte pour accueillir l’assassin.
    — Quelqu’un – vous, mon ami à l’ouïe si fine – l’aurait entendue, fit remarquer Berenguer. Et ce n’est pas le cas. Lequel des habitants de Sant Feliu vivant tout près des portes pourrait porter une haine mortelle à Pasqual Robert ? ajouta-t-il après un instant. Non, je n’y crois pas. Il menait une existence des plus discrètes. Personne dans la ville ne l’aurait cru riche ou puissant. Personne. J’en suis persuadé.
    — Par conséquent,

Weitere Kostenlose Bücher