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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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j’ai une confiance absolue. Et à qui je pourrais te confier avec une égale confiance.
    — Qui ? demanda Gil, un peu tendu.
    — On l’appelle tante Mundina. Et elle te prendra chez elle. Elle vit à Santa Maria, et nous allons passer devant chez elle. Elle saura comment utiliser deux mains habiles comme les tiennes. Et tu mangeras à ta faim chez tante Mundina.
    — Mais je dois aller à Gérone, dit Gil sur un ton désespéré. C’est la seule ville où…
    Il s’arrêta, et ses yeux s’emplirent de larmes.
    — Allons, mon gars, ne pleure pas. Si tu dois te rendre à Gérone, nous nous arrêterons chez tante Mundina à notre retour. Car nous allons revenir, je te le jure. L’évêque n’aimerait pas perdre quatre gardes, leurs chevaux et ses meilleures bêtes de somme.
    Gil eut un sourire timide.
    — Pourquoi faites-vous tout ça ? Je ne comprends pas.
    — Je suis furieux de voir qu’un enfant puisse être vendu comme une marchandise à un riche étranger – car tu es un joli garçon, et c’est ce qui arriverait –, tout ça parce qu’une femme de la ville ne pense qu’à l’argent.
    — C’est ce que m’a répété la cuisinière.
    — Mais dis-moi, si tu le peux, pourquoi Gérone ?
    — Je crois que ma mère a de la famille là-bas, dit enfin le garçon.
    — Et tu espères la retrouver ? Je ne crois pas que ta mère soit morte. Elle t’a mise chez les frères parce qu’elle ne pouvait plus te nourrir. Cela n’a rien de honteux, ajouta Oliver, c’est une chose trop fréquente.
    Gil garda un silence obstiné – ou apeuré.
    — Tu espères qu’elle vit chez un parent. Peut-être lui a-t-il dit qu’il ne pouvait accueillir qu’une personne, pas deux.
    — Non. Ma mère est morte. Et même si elle était en vie, elle ne serait pas là. Je veux dire, si elle se cachait, on la rechercherait en premier lieu dans la maison d’un parent, non ?
    — Et pourquoi se cacherait-elle ?
    — Elle ne se cache pas, répéta l’enfant. Elle est morte. Je le sais.
    — Qui est ce parent ? lui demanda Oliver. Je connais certaines personnes à Gérone, et le sergent connaît tout le monde, même les mendiants qui quêtent aux portes avec leurs chiens.
    — Je n’ai jamais entendu son nom. Mais lui doit savoir le nom de ma mère. Je demanderai si quelqu’un la connaît.
    — Mais toi, insista Oliver, ta maîtresse ne va-t-elle pas te chercher dans la maison de ce parent et demander à te reprendre ?
    — Elle ignore le nom de ma famille. De même pour les frères. Elle ne me retrouvera pas ainsi. Personne ne peut me trouver si je vais là-bas, dit-il tandis que ses paupières s’alourdissaient. J’y serai en sécurité, personne ne me…
    Soudain, le garçon s’endormit avec la brusquerie d’un jeune chien. Comme il basculait, Oliver le rattrapa. Sa tête se posa doucement sur la cuisse de l’homme.
    Oliver plaça son paquetage derrière sa tête et s’allongea en prenant soin de ne pas bouger la jambe. Il était las, mais il mit tout de même beaucoup de temps à s’assoupir, car bien des éléments du récit de cet enfant lui paraissaient mystérieux, à commencer par son nom.

CHAPITRE IV
    — Un habile médecin ne devrait pas jouer les messagers, je le sais, dit Berenguer qui ne semblait nullement contrit.
    — J’ai été heureux de me mettre au service de Votre Excellence.
    — Ces échanges doivent s’effectuer de manière discrète, poursuivit-il. Et moins de gens sont au courant, mieux c’est. Bernat ou mon capitaine, ou encore mon excellent sergent les portent habituellement, mais le capitaine est devenu trop connu dans cette région.
    — En un mot, vous ne faites pas autant confiance à vos gardes qu’ils pourraient le croire, dit Isaac, amusé.
    — Certains membres de mon escorte sont peut-être trop curieux. Je pourrais sans doute confier à nombre d’entre eux l’or de la cathédrale ou des secrets que j’ai en ma possession, mais pas les documents de Sa Majesté. C’est pour Don Pedro que vous m’avez rendu ce service.
    — Nous devons assister de notre mieux Don Pedro. Et cet incident ne fut pas sans intérêt.
    Il raconta à l’évêque comment maître Luis, fou furieux, avait été repoussé par un vieillard courageux.
    — Maître Luis est une épine à mon côté, dit l’évêque. Mon épreuve quotidienne. Il renforce mon âme. Le connaissez-vous ?
    — Vaguement, répondit Isaac. Il n’est pas de mes patients.
    — Il est

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