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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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enverrai chercher quand j’aurai suffisamment de loisir.
    — Et moi, je dois rentrer chez moi pour dîner, Votre Excellence, dit Isaac en prenant congé.
     
    — Pourquoi quelqu’un voudrait-il tuer Pasqual Robert ? demanda Raquel qui, ayant perdu tout appétit, dédaignait son dîner.
    — Je l’ignore, ma chérie, répondit son père d’un air las.
    Ils étaient assis autour de la table à tréteaux de la cour, à l’ombre d’un bel arbre vert. On y avait disposé une grande variété de plats excellemment préparés, idéals pour exciter la faim en une belle journée comme celle-là : sardines grillées, arrivées le matin même de la côte, légumes froids et épicés, pois chiches aux herbes et au vinaigre, poulet cuit aux abricots. Il y avait aussi du vin et des cruches de boissons fraîches parfumées à la menthe, au citron et au zeste d’orange.
    — Il avait l’air si inoffensif, reprit Raquel. Était-ce un coureur de jupons, papa ? Il aurait pu être tué par un mari jaloux.
    — Je n’ai rien entendu de tel, répondit son père qui semblait n’avoir pas plus d’appétit que sa fille, ou même que sa femme.
    Seuls les jumeaux avaient mangé goulûment leurs plats préférés ; à leur grande surprise, on les autorisa à quitter la table quand ils le demandèrent.
    — Yusuf le saurait, dit Raquel d’un air sombre. J’ignore toujours comment il fait pour collecter tant d’informations sur autant de monde. Cela m’a toujours surprise qu’on lui raconte ce qui ne le regarde pas.
    — C’est parce qu’il fréquente les cuisines et écoute les serviteurs, dit Isaac, pendant que toi et moi soignons les malades dans leurs chambres.
    — Même si eux aussi vous disent tout, reprit Raquel en mordant dans un fruit.
    — Les maîtres et les maîtresses n’en savent jamais autant que leur domesticité, intervint Judith.
    — Je suppose qu’il en est ainsi, dit Raquel en reposant la pêche à moitié mangée. Cela fait drôle de ne pas avoir Yusuf avec nous. Il me manque.
    — Il n’est tout de même pas parti dans un endroit si dangereux que ça, Raquel, lui dit sa mère. Il sera de retour avant les fêtes. Tout comme Daniel. Tu ferais mieux de te mettre à ton trousseau.
    — Mais, maman, c’est vous qui avez dit…
    — Son Excellence croit qu’un étranger a tué Pasqual, dit Isaac pour faire diversion. Elle dit qu’aucun habitant de cette ville n’aurait pu le poignarder.
    — Un étranger ? fit Judith, sceptique. Pourquoi ?
    — C’est une chose commune, lui répondit son époux. Et un danger pour un homme qui voyage seul sur une route déserte.
    — Vous laissez entendre qu’un vulgaire voleur l’a tué pour lui prendre son argent et ses biens ?
    — Non, ma mie. C’est Son Excellence qui soutient cette thèse. Personnellement, je n’en sais rien.
    — Et qu’il l’a laissé à moitié mort, capable de nommer, ou tout au moins de décrire son assaillant, reprit-elle. En outre…
    — N’importe quel voleur sait qu’un tel coup est fatal, tôt ou tard, dit Isaac. De plus, Pasqual n’a peut-être pas vu ses traits.
    — Dans ce cas, pourquoi lui laisser son paquetage avec son argent, ses papiers et ses habits de rechange, de fort bonne qualité d’ailleurs ? ajouta-t-elle triomphalement. Sans parler de son excellente mule. Voilà un piètre voleur !
    — Que savez-vous de ses effets ? demanda Isaac.
    — J’étais là, Isaac. Pendant que Raquel et vous lui veniez en aide, j’ai fait de mon mieux. J’ai ramassé tout ce qu’il a fait tomber, je l’ai plié et j’en ai fait un tas bien propre. En plus de son linge de rechange, il avait une bourse de cuir avec beaucoup d’argent dedans et certains papiers couverts d’écriture.
    — Des lettres ? Vous savez s’il s’agissait de lettres ?
    — Je l’ignore, Isaac. Comment le saurais-je ? C’étaient des feuilles de papier, écrites des deux côtés.
    — Vous les avez rangées avec les vêtements ?
    — Bien entendu. Elles étaient tombées d’un sac en soie et je les y ai remises. De la soie brune. Très lourde, avec une bordure couleur crème. J’ai remis le tout dans ses effets, j’ai fait de même pour l’or, et voilà.
    — Qui l’a pris ? Vous avez vu ?
    — Qui l’a pris ? dit Judith indignée. Personne. J’ai tout confié au capitaine.
    — Il faut que j’informe Son Excellence, dit Isaac en commençant à se lever.
    — Pas maintenant, lui conseilla sa

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