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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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est revenu à la maison après avoir achevé son éducation.
    — Et où…
    — C’est exact, le coupa Asbert. Et à peine me vit-il qu’il me proposa de prendre la place de son frère pour se joindre aux forces armées de Sa Majesté, en Sardaigne. Nous nous hâtons à présent de porter assistance à notre souverain.
    — Il appréciera beaucoup vos renforts, j’en suis certain, dit Oliver. C’est très louable de la part d’un jeune écuyer, ajouta-t-il à l’adresse de Gueralt.
    — Je mourrais pour mon roi, déclara le fils avec infiniment de sérieux. Et je le ferais volontiers, je le jure devant Dieu Tout-Puissant.
    — Je l’espère, reprit Asbert, sinon il n’est pas de mon sang.
    Il tourna alors le dos à Oliver et s’adressa au sergent :
    — Qu’allez-vous faire à Barcelone ? dit-il en désignant les mules chargées. Du commerce ?
    — Nous venons de Gérone, répondit Domingo. Nous portons des biens et des effets destinés à notre roi quand il séjourne dans cette ville.
    — Vous en prenez grand soin, dit poliment Asbert de Robau avant de se tourner vers Yusuf, autre personne à présenter un intérêt potentiel. Et vous, jeune seigneur, que faites-vous dans cette expédition ? Vous me semblez être un homme d’armes, pas un colporteur !
    Il rit de bon cœur de sa propre plaisanterie.
    — Rien, messire. Comme vous, je me suis attaché à de plaisants compagnons. Je préfère cela que de me hâter seul.
    — Vous avez bien fait. Je me souviens du jour où je me rendis sans escorte en Avignon…
    Le chevalier se lança alors dans un récit long et compliqué plein d’aventures et de tractations.
    Son fils, qui de toute évidence avait entendu à plusieurs reprises cette histoire, s’adressa à Oliver.
    — Vous avez amené avec vous votre prêtre et votre cuisinière, qui chevauchent ensemble sur cette mule ?
    La révélation de la véritable identité de Gil, faite discrètement par Oliver au sergent, s’était par magie répandue dans tout le groupe avant même qu’ils s’éloignent du ruisseau. Tous se raidirent.
    — C’est à peine un prêtre, fit Yusuf avec mépris.
    — Qu’entendez-vous par là ? demanda Gueralt.
    Oliver retint son souffle.
    — Un petit chiot, rien de plus, reprit Yusuf. Encore plus jeune que moi. Ils le conduisent chez les pères. Pour eux, c’est un fardeau comme un autre, rien de plus !
    Asbert et Gueralt rirent avec lui. Oliver se détendit.
    — C’est une belle femme, en tout cas, fit remarquer Gueralt.
    — Assez vieille pour être ma mère et la vôtre, señor, dit Yusuf avec une grimace des plus lubriques. Une des servantes de leur seigneur.
    — Encore un fardeau ? demanda Gueralt.
    — Oui, dit Yusuf en riant, à livrer – intact – à la résidence de Sa Seigneurie.
    — Ce petit gars a l’esprit vif, murmura le sergent à Oliver.
    — Oui, aussi vif que nos compagnons de voyage sont enjoués.
    — J’aimerais qu’ils le fussent moins, dit Domingo. Ils jacassent comme des pies. Difficile de se tenir sur ses gardes avec tous ces bavardages.
    — Je m’interroge. Pensez-vous qu’ils forment une paire d’aimables fous ?
    Domingo secoua la tête.
    — Je n’ai pas d’opinion. Leur caractère pourrait être conforme à leur allure.
     
    Le reste du voyage fut assez banal. Comme ils approchaient de Badalona, les nuages se déchirèrent, pareils à de vieilles étoffes, et une chaleur étouffante s’imposa à nouveau quand ils franchirent enfin les portes de la cité de Barcelone. Il était près de midi.
    Oliver avait passé son temps à passer au crible le « problème Gil » et examinait maintenant les solutions qu’il n’avait pas encore rejetées. Clara était-elle une fille de cuisine terrorisée qui cherchait du travail ? Jamais une servante n’aurait parlé ainsi. Dans ce cas, était-elle une jeune dame en quête de protection ? Ou encore, songeait-il avec pessimisme, était-elle complètement autre ? Il serait sage de le découvrir.
    Après que les hommes de l’évêque eurent pris la direction du palais royal, Oliver et les deux femmes s’en allèrent vers une robuste maison située de l’autre côté de la ville, non loin de la porte ouest.
    Ils entrèrent et un jeune homme donna l’accolade à Oliver avant de regarder ses deux compagnes d’un air soupçonneux.
    — Séjournerez-vous quelque temps ici, Oliver ? dit-il. J’ai fait préparer des chambres.
    — Le temps me manque.

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