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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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nouveau. Les deux portes étaient closes.
    — Bernat, dit Berenguer. Vous voyez ? Je laisse habituellement ces deux portes entrouvertes, au cas où j’aurais besoin d’appeler.
    — Le capitaine est ici, ajouta le secrétaire, et il apporte les affaires de Pasqual Robert. Désirez-vous que je reste ?
    — Oui, Bernat. Nous recherchons des lettres et un portrait. De plus, son argent doit être déposé au trésor pour revenir à ses héritiers.
    — J’y veillerai, Votre Excellence, dès que nous l’aurons compté et que le trésorier aura apposé sa signature.
    — Bernat est décidément très précis. Je pense souvent qu’il a dû être témoin de beaucoup de vilenies dans sa jeunesse pour être si efficace quand il s’agit d’empêcher ses semblables de s’enfuir avec le trésor de l’Église.
    — C’est mon devoir, Votre Excellence, dit-il en ignorant les remarques faites sur son passé.
    L’évêque disposait d’un arsenal de plaisanteries grinçantes dont il faisait usage chaque fois que sa goutte se réveillait ou que son genou se rappelait à lui.
    Bernat ouvrit le paquetage. En murmurant, il secoua les vêtements, les replia et les empila sous le regard du capitaine. Quand la bourse tomba à terre, le capitaine la ramassa et la déposa sur le bureau de l’évêque. Vint ensuite un petit sac de cuir, qui ne tarda pas à rejoindre la bourse. Puis ce fut le tour du sac en soie brune.
    — Ouvrons cela, dit l’évêque. Nous nous occuperons de compter l’argent plus tard.
    — Oui, Votre Excellence.
    Il y avait, comme l’avait dit Judith, trois feuilles de papier couvertes d’écriture.
    — Désirez-vous que je les lise, Votre Excellence ? demanda Bernat.
    — Je vous en prie, dit Berenguer en soupirant. Vous êtes là pour ça.
    — Souhaitez-vous que je reste, Votre Excellence ? demanda le capitaine.
    — Je pense qu’il vaut mieux que nous ayons des témoins. Votre présence nous est utile.
    Bernat déplia la première feuille, la parcourut et s’empressa de la ranger.
    — Celle-ci n’est peut-être pas pour vos yeux, Votre Excellence. C’est une série de mots qui n’ont aucun sens.
    — Un code. Nous la scellerons et la renverrons à la personne qui convient. Continuez.
    — Il s’agit maintenant d’une lettre. Elle est simplement adressée à « Mon très cher ».
    Bernat la lut très vite, fronçant parfois les sourcils sur un mot.
    — Il semble que ce soit une lettre d’ordre privé, Votre Excellence. Si maître Pasqual avait une femme, je dirais que cela vient d’elle.
    — Lisez-la, ordonna Berenguer. Elle peut nous apprendre quelque chose.
    — Si Votre Excellence le désire. Il est écrit : « Nous nous portons bien tous deux et vous nous manquez beaucoup. Tout est calme ici. J’aimerais connaître la date de votre retour. Le vieux F., qui possède les terres sur la colline, est très malade et veut vendre ses vignes. Elles donnent bien et rapporteraient encore plus avec un peu de soin. Si nous les détenions, nous aurions accès à un autre cours d’eau. F. refuse d’attendre, j’ai donc décidé d’acheter. Je vous assure que nous pouvons nous le permettre. J’espère que vous conviendrez que c’est une sage décision. Le notaire est de cet avis et pense que cela pourrait nous éviter des ennuis à l’avenir. J’aimerais que vous soyez là pour discuter de ces décisions, mais puisque ce n’est pas le cas, je fais de mon mieux. Le notaire a également suggéré que nous acquerrions des parts d’un navire, mais je préfère acheter la prairie de l’autre côté de la route. Elle serait à vendre si j’en offrais un bon prix.
    « Votre fils ressemble de plus en plus à son papa, hormis qu’au cours de ces dernières semaines il est devenu si grand que je ne puis le croire. Quand je le regarde et vous vois dans ses yeux, je suis ravagée par le chagrin et me languis de vous.
    « Parfois il sourit tout comme sa sœur, et une fois de plus je souffre terriblement pour notre fille. C’est assez affreux que nous ayons dû être séparés en cette époque terrible, mais qu’elle dût mourir m’est encore plus cruel. Quand vous n’êtes pas ici pour me réconforter, je songe aux façons dont j’aurais pu la sauver. Je sais que vous me dites, avec votre sourire bienveillant, qu’il ne sert à rien de me tourmenter. Et que je ne devrais pas ajouter mes vieux chagrins à votre fardeau déjà si lourd. La plupart du temps, je suis

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