Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
prairies.
    — Vous voulez abandonner Sa Majesté ? demanda Yusuf.
    — Ne t’inquiète pas, mon garçon, je n’y songe pas. Mais de toutes les choses qu’on peut exiger d’un soldat, mener un siège est certainement la pire. Je ne suis pas seul à le penser. J’ai parlé à un vétéran qui a échappé à la peste alors que tout le monde se mourait autour de lui, et maintenant il est ici, couché sur de la paille, grelottant de fièvre. Il est ainsi depuis deux semaines, à deux doigts de la mort. Ce qu’il désire, c’est rentrer chez lui, retrouver un bon lit avec des draps de lin et laisser ses servantes le dorloter.
    — Le voyage dure des jours, dit Yusuf. Je n’aimerais pas être ballotté par le vent et les vagues quand je suis déjà cloué au lit par la fièvre.
    — Moi non plus, mon garçon. Marc et toi, vous vous êtes bien occupés de nous. J’aimerais mieux être debout et prêt à me battre. Car le temps d’attaquer à nouveau est venu. Ils ne s’y attendent pas et sont particulièrement faibles en cet instant.
    Nous aussi, pensa Yusuf qui se rappelait le visage grisâtre et le front baigné de sueur de Sa Majesté.
    — J’ai beaucoup à apprendre en matière de stratégie militaire, señor, dit Yusuf avec tact. Je suis heureux de ne pas avoir à prendre pareille décision. Mais d’où tenez-vous tous ces bavardages ?
    — Le bouffon aux yeux vifs et son ami – celui qui se prétend l’ami du seigneur Pere –, ils étaient là ce soir. Sa Seigneurie dormait, mais ils n’ont pu s’empêcher d’ébruiter toutes ces choses.
    — Vraiment ? Gueralt de Robau et Don Manuel sont des personnages intéressants. Puis-je vous apporter autre chose ?
    — Non, mon garçon, dit le chevalier qui esquissa un sourire timide. Je crois que je vais dormir. Je vais peut-être mieux.
     
    Il était temps de reconstituer leurs réserves de plantes. Le lendemain matin, avant que la rosée ne sèche, Yusuf était dans la colline avec le panier de Marc et cherchait ce qui l’intéressait. Quand le panier fut plein, il se laissa tomber dans l’herbe et observa les nuages blancs qui couraient dans le ciel.
    Un instant, il se serait cru revenu à Gérone. Sous lui, l’herbe était semblable à celle des pentes que Raquel et lui foulaient en quête de simples. Brusquement, lui aussi eut envie de rentrer au pays, et il fut troublé de réaliser qu’il entendait par là les montagnes du Nord où il vivait désormais.
    — Alors, le page de Sa Majesté s’offre un petit somme au soleil ?
    Il sursauta. Une ombre s’allongeait sur lui.
    — Bonjour, señor, dit-il en s’asseyant.
    Il s’agissait de Gueralt, le fils d’Asbert de Robau.
    — C’est un endroit agréable, dit Gueralt. Que faites-vous là ?
    — Je cueillais des plantes. Et vous, señor ?
    — Oh, vous me faites honte. Je suis là parce que je m’ennuie, c’est évident. Je n’ai pas la patience d’un soldat expérimenté, alors je déambule. J’ai grand besoin d’exercice, et les jeux de la guerre ne sont même pas là pour nous distraire. Ce serait charitable de votre part de bavarder avec moi.
    Gueralt se laissa tomber sur l’herbe et s’appuya sur un coude.
    — Je vous envie, mon garçon.
    — Et pourquoi, Don Gueralt ?
    — Parce que vous avez une occupation. Et que vous aidez ceux dont vous avez la charge. Quelles plantes avez-vous ramassées ?
    — Ce sont des herbes destinées à soigner les malades, expliqua-t-il. Nos réserves commencent à s’épuiser.
    — J’aimerais mieux ça que rien du tout. Je pourrais peut-être vous aider. Cueillir des herbes ne doit pas être trop compliqué quand on vous a enseigné l’escrime, l’équitation et les arts de la guerre, ajouta-t-il avec le ton moqueur qui le caractérisait.
    — Je crains que vous ne sachiez lesquelles choisir.
    — Vous pourriez me les indiquer.
    — J’aurais aussi vite fait de les cueillir moi-même, dit Yusuf. J’en ai fini pour aujourd’hui.
    — Hélas. Oh, Don Manuel… Joignez-vous à nous, je vous prie.
    L’ami de Gueralt les rejoignit, haletant d’avoir grimpé à flanc de colline, puis ils reprirent leur conversation.
    Yusuf sourit poliment et se tourna vers Gueralt.
    — Peut-être n’y a-t-il pas de jeux guerriers parce que les participants sont malades…
    — C’est vrai. Y compris Sa Majesté, dit Don Manuel quand il eut retrouvé son souffle. On dit qu’il est aux portes de la mort. La reine s’est

Weitere Kostenlose Bücher