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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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gobelet de vin et un peu de votre temps.
    — La soupe et le vin seront ici sans tarder, répondit-elle sur le même ton. Mais mon temps m’appartient, et je ne le vends certainement pas aux seigneurs du palais.
    Elle disparut pour revenir un court moment plus tard avec une soupe fleurant bon les épices, du pain et du vin.
    — Dans ce cas, je vous implore de m’accorder un peu de votre temps au lieu de vous le demander. Par bonté pour un ami défunt, murmura Oliver.
    — Le mien ou le vôtre ?
    — Le mien. Pasqual Robert. Un certain Martín, maintenant mort d’une mauvaise blessure, recherchait un dénommé Luis. Je sais que Martín suivait Pasqual. Il l’a fait sans arrêt depuis la Castille. Je sais également qu’il ne l’a pas tué. Ce Luis connaît peut-être le nom et le mobile de l’assassin.
    — Je vous vendrai les informations que vous désirez, dit maîtresse Ana.
    — Excellent. Et quel sera le prix ?
    — Un cierge. Quand vous en brûlerez un pour Pasqual Robert, qui était un brave homme, allumez-en un autre pour un pécheur nommé Baptista 3 .
    — Je vous le jure.
    — Dans ce cas, venez dans la cuisine dès que vous aurez terminé.
     
    — Martín est arrivé samedi. Les affaires battaient leur plein et tout le monde était joyeux. Il s’est planté au milieu de la pièce et il a dit chercher un nommé Luis – il ne pouvait préciser lequel –, mais ce Luis attendait une certaine marchandise et pouvait se permettre de lui en donner cent sous. Il y avait deux Luis dans la salle. Il a eu une longue conversation avec chacun d’eux. D’ailleurs, l’un d’eux se trouve ici. C’est un rouquin, légèrement dégarni, un homme robuste, mais pas aussi grand que vous, señor. Cela vaut-il un cierge pour Baptista ?
    Ses yeux audacieux le défiaient de poser une question, mais il n’en fit rien. Il se contenta de hocher la tête.
    — Cela vaut bien le cierge que je brûlerai pour lui et la messe que je ferai dire pour le repos de l’âme de Baptista, maîtresse. Merci.
    Il sortit de la cuisine et se trouva une place à côté de Luis le rouquin.
     
    — C’est bizarre, dit Luis, maintenant que vous en parlez… Ce Martín m’a pris à part pour me demander si j’étais bien le Luis qui lui donnerait cent sous contre un renseignement inscrit sur un morceau de papier. Je lui ai répondu que je paierais volontiers cette somme, mais il faudrait que ce soit écrit sur parchemin.
    — Et alors ?
    — Il a dit que ça n’avait pas d’importance, sur quoi c’était écrit. C’est plus l’information qui comptait, une information qui me conduirait à ce que je désire vraiment. Il faut que je vous explique, messire, que je suis boucher. Un bon boucher. Mon maître est mort sans héritiers, et je cherche une licence pour ouvrir mon propre commerce. La sienne est disponible, et je donnerais cent sous à quiconque me permettrait de l’obtenir, ajouta-t-il en secouant la tête.
    — Je comprends. C’est ce que vous aviez en tête, et vous avez cru qu’il parlait de la même chose que vous.
    — Oui, messire. C’est moi, que je lui ai dit. Alors, il fouille dans sa tunique et il m’en sort un morceau de papier couvert de lignes. Il le pose sur la table et explique qu’il n’y en a que la moitié. La moitié de quoi ? que je fais. C’est alors qu’il répond : « La moitié de la carte. Donne-moi cent sous et tu auras les deux parties. Je l’ai suivi de Saragosse jusqu’à l’endroit qui t’intéresse. Je sais suivre les gens, moi, même des roublards comme lui. » Au lieu de transmettre cette information à son maître, il me raconte qu’il veut me la vendre. Je lui explique alors qu’il s’est trompé de Luis – je ne m’intéresse qu’à une licence de boucher – et là, il s’excuse et disparaît.
    — Merci, dit Oliver. Je vous souhaite sincèrement d’obtenir cette licence.
     
    — Nous disposons à présent de trois versions du comportement de Martín de Tudela, dit Oliver le lendemain matin. Au moins l’une d’elles abonde en mensonges.
    — Est-ce parce que Martín a abordé différemment chacun des Luis ? demanda Berenguer, le front soucieux.
    Assis sur un tabouret devant lui, son médecin lui manipulait le genou et massait ses muscles endoloris.
    — Oui. Le premier a révélé que Martín cherchait un homme ayant une certaine allure, le deuxième qu’il était un artisan cartographe, et le troisième qu’il désirait vendre

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