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Pour les plaisirs du Roi

Pour les plaisirs du Roi

Titel: Pour les plaisirs du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Hugon
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porte.
    — Si, de son valet de chambre.
    Lebel s'immobilisa.
    — Et cela, il ne le goûtera que très peu, continuai-je. À moins que cet aveu n'intervienne à un moment où il ne pourra que l'en remercier.
    — Vous voulez dire ?
    — Je veux dire, monsieur le valet de chambre, qu'il n'y aura aucun courroux à craindre de Sa Majesté si Elle apprend la vérité sur Jeanne quand Elle y sera attachée. Vous savez comment depuis toujours nos monarques sont indulgents à ce propos. Il faudra alors juste y mettre quelques déguisements. Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude de ces costumes-là.
    Lebel ne disait plus rien. Il était livide et encore plus défraîchi qu'à l'accoutumée. Il s'appuya sur un petit guéridon. J'en profitai pour apporter la dernière touche à mon œuvre. L'estocade, diraient certains.
    — Enfin, je vous engage à beaucoup de prudence sur notre conversation. Il est sûrement de votre connaissance que M. de Richelieu s'honore d'être un de mes proches amis. Il ne vous est pas inconnu non plus que ce digne maréchal de France a l'oreille du roi. Il serait dommage qu'il lui expliquât nos accords en cette affaire. Vous comprenez, monsieur le valet de chambre ?
    Lorsque l'on a le loup pour complice, il faut se garder de lui proposer de veiller sur la bergerie. Lebel saisit combien cette alliance pouvait lui porter tort et redoutant que le berger ne l'apprenne, il fit dès lors tout ce que je voulus. C'était au demeurant fort peu : accompagner ma protégée dans les appartements du roi. La course n'était pas longue. Et le soir même il tenait la lanterne pour se faire le guide zélé de Jeanne jusqu'aux appartements de Sa Majesté.
    Voilà comment tout se passa. Vous devez trouver qu'il était bien imprudent de spéculer sur le silence de Lebel. Pour d'autres, ce serait vrai. Mais à son âge, le bougre estima qu'il y avait plus de coups à prendre qu'à donner dans une intrigue qui le dépassait de cent coudées. Dans un affrontement, c'est toujours celui qui a le plus à perdre qui accepte les compromis. Et puis, espérait-il, le roi se lasserait peut-être vite de sa lubie. Pour l'heure, je décidai tout de même d'épargner cet allié forcé en louant pour Jeanne un coquet petit appartement à Versailles, rue de l'Orangerie, afin qu'elle ne reste pas chez Lebel. C'était à deux pas du château, ce qui lui permettait de s'y rendre à son aise sans trop attirer l'attention. Bientôt, elle n'eut d'ailleurs plus besoin de l'entremise de Lebel car le roi prit l'habitude d'aller la faire quérir par un jeune page dans lequel il avait toute confiance. Les rendez-vous se multiplièrent.
     
    Trois semaines après leur première entrevue, l'intérêt du roi ne se démentait pas. Mieux, un jour, M. de Richelieu recueillit quelques confidences du souverain. Depuis sa jeunesse, où le duc lui avait servi de cicérone en mauvaises manières, Louis XV se permettait parfois de lui narrer ses aventures amoureuses. Le roi était comme nous tous : lorsqu'il arrive des bonnes fortunes, l'envie prend souvent de s'en vanter. Et au duc il avoua qu'il voyait une jeune femme dont il affirma qu'elle le surprenait autant qu'elle le charmait. Il ajouta même qu'elle lui avait fait découvrir des plaisirs qu'il disait ignorer. Elle lui était une cure de jouvence et il se surprenait depuis bientôt un mois à n'avoir presque plus de cette mélancolie qui l'assiégeait sans répit. Jeanne avait bien travaillé. Mais au fait, quelques-uns sont sûrement curieux de savoir comment elle se portait. On ne peut mieux. Et si je ne la voyais pas beaucoup durant ces dernières semaines, je gardais de ses nouvelles par un petit stratagème. J'avais toute confiance dans sa loyauté, cependant je m'avisai pour sa tranquillité et la mienne de placer une femme de chambre à ma solde près d'elle. Une petite brunette, très jeune et très vive, dont je ne savais même pas comment elle était entrée dans ma maison – c'est Simon qui s'occupait de cela –, me parut taillée pour cette mission. Je la chapitrai bien comme il faut sur les services et la discrétion qu'elle devait à Jeanne, puis je lui indiquai de me tenir informé chaque jour par un billet de ce qu'elle voyait et surtout entendait auprès de sa maîtresse. Je lui promis un petit pécule afin d'arrondir ses gages pour ce rôle d'ange gardien. En plus des quelques visites que je faisais à Jeanne, elle ajouta quelques renseignements que ma protégée pouvait

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