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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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étrange rêve durant la nuit. Quelqu’un tirait sur mon bras blessé en gémissant. Me retournant, j’avais aperçu un Bealknap faible et décharné. « Vous auriez pu m’aider, geignit-il. Vous auriez pu m’aider… »
     
     
    Le lendemain matin, Barak et moi partîmes à cheval en direction de Westminster. Juché sur Genesis, je me sentais plus en sécurité car je pouvais mieux surveiller la foule. Mon bras m’élançait, mais beaucoup moins que la veille, et force m’était de reconnaître que Piers l’avait bien recousu. Au petit déjeuner, Barak avait été inhabituellement silencieux et Tamasin ne s’était pas montrée.
    « C’était courageux de ta part de grimper sur le mur de Londres, hier, dis-je.
    — J’ai eu peur que le jeune Kite se rue contre nous et nous précipite en bas.
    — Il ne souffre pas de ce genre de folie.
    — Qui peut prévoir ce que peuvent faire les fous ?
    — Tu sais, il était là, notre tueur. Quand vous étiez dans le corps de garde, je l’ai remarqué au moment où il s’éclipsait parmi la foule.
    — Qu’avez-vous vu ?
    — J’ai entraperçu un pourpoint marron. Il me semble qu’il s’agit d’un homme de haute taille.
    — C’était peut-être simplement quelqu’un qui quittait la foule.
    — Je ne le pense pas. J’ai eu le sentiment… J’ai la nette impression que je suis sa prochaine cible. »
    Barak se tut quelques instants, puis reprit : « Croyez-vous qu’il fasse semblant d’être un réformateur rigoriste et qu’il se mêle quelque part aux extrémistes ?
    — Oui. Et qu’il recueille les noms de personnes à tuer. Les évangélistes rigoristes passent probablement la moitié de leur temps à maudire et à vilipender les réformateurs apostats. »
    Je passai la matinée au tribunal, puis nous gagnâmes Westminster à cheval, avançant lentement dans les rues étroites et fort animées. Un mendiant s’approcha de moi et je m’écartai peureusement. « Fiche le camp ! hurla Barak. Tout va bien, me rassura-t-il, je l’avais à l’œil.
    — Maintenant, je dois repérer les mendiants, au lieu de constamment éviter leur regard. Quelle ironie ! » ricanai-je amèrement.
    Nous pénétrâmes dans la ruche qu’était la cour d’enceinte sud. Barak étudia les bâtiments. « Le rapport indique qu’il habite dans la rue où se trouve l’auberge du Chêne Blanc. Tenez, la voilà ! » lança-t-il en désignant une maison de deux étages, en piètre état et dont la peinture s’écaillait. À côté se trouvait une grande double porte, fermée et cadenassée, au-dessus de laquelle on lisait, en lettres à demi effacées : Adrian Cantrell, menuisier .
    « Je croyais que tous les anciens moines recevaient une cure en plus de leur pension, dit Barak.
    — Lockley n’étant qu’un frère convers, on ne lui aurait pas proposé une cure. Mais on a dû en offrir une à Cantrell. Toutefois un grand nombre d’entre eux ont décliné l’offre.
    — Peut-être a-t-il pris femme… »
    Nous traversâmes la rue boueuse et je frappai à la porte. Il n’y eut aucune réponse et j’allais frapper à nouveau quand j’entendis un bruit de pas à l’intérieur. La porte s’ouvrit sur un jeune homme hâve d’environ vingt-cinq ans, vêtu d’un pourpoint de cuir éraillé par-dessus une chemise fort crasseuse. Le visage mince, encadré par une tignasse d’un blond filasse, il portait des lunettes à monture de bois, dont les verres étaient si épais que ses yeux semblaient deux lacs bleus translucides.
    « Êtes-vous Charles Cantrell ? demandai-je.
    — Oui. »
    Je lui souris pour tenter de le mettre à l’aise. « Je viens de la part du vice-coroner du roi. Nous espérons que vous pourrez nous aider en répondant à quelques questions. Pouvons-nous entrer ?
    — Si vous voulez. » Il nous fit pénétrer dans la maison, où régnait une âcre odeur de saleté, et nous conduisit le long d’un couloir sombre jusqu’à une salle garnie pour tout mobilier d’une table de planches mal équarries et de tabourets durs. À travers les carreaux poussiéreux d’une fenêtre, on apercevait une cour contenant un petit jardin potager tombé en friche, ainsi qu’un appentis sans doute utilisé autrefois par le père. Je remarquai qu’en marchant Cantrell appuyait deux doigts contre le mur, comme pour se guider. D’un geste, il nous indiqua les tabourets, s’affala lui-même en face de nous sur l’un d’entre eux, la

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