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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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nous reste plus qu’à trouver ce dernier. »
    Je soupirai. « Voyons ce que l’autre assistant pourra nous dire. »

22
    N ous gagnâmes Smithfield à cheval à travers une campagne qui renaissait au printemps, où le bétail paissait dans les prairies après les mois d’hiver passés à l’intérieur. Des hommes labouraient les champs, tandis que les femmes marchaient derrière des attelages de deux chevaux aux sabots couverts de longs poils, tout en jetant des grains contenus dans des sacs suspendus à leur taille. Quel genre d’homme allait être Lockley ? Qu’un ancien moine vive dans une taverne et qu’il en soit peut-être l’hôte était certes inhabituel, mais, après l’expulsion de milliers de moines des monastères, on évoquait maintes situations encore plus étranges.
    Nous atteignîmes la vaste place de Smithfield. Comme ce n’était pas jour de marché, les grands parcs à bestiaux étaient démontés, entassés contre les murs à l’extrémité nord. D’un côté se dressait la grande église de Saint-Barthélemy où, trois ans plus tôt, Barak m’avait sauvé la vie lors de notre première mission effectuée ensemble. Je constatai que, derrière les hauts murs, tous les bâtiments monastiques avaient été démolis. Tout près se trouvait l’immense hôpital vide, dont la vue me rappela la promesse que j’avais faite à Roger. Dans quelques heures seulement, on célébrerait son enterrement.
    Barak fit un signe de tête en direction de l’église. « Vous vous rappelez ?
    — Oh oui ! soupirai-je. L’époque était aussi dangereuse que celle que nous vivons aujourd’hui.
    — Non. Nous avions affaire alors à des hommes politiques. Leurs turpitudes ont des motifs. Ils ne tuent pas dans une frénésie de violence.
    — Le plus souvent, c’est pour acquérir du pouvoir et de la richesse.
    — Voilà au moins des mobiles compréhensibles. »
    Nous continuâmes à chevaucher le long de Charterhouse Lane – la rue de la Chartreuse –, passâmes sous l’arc de pierre qui mène à Charterhouse Square, vaste place herbue plantée d’arbres s’étendant au-dessus des fosses communes creusées durant la Grande Peste d’il ya deux siècles. Une vieille chapelle se dressait en son centre. Serrés les uns contre les autres, un petit groupe de mendiants haillonneux étaient assis devant la façade. Au nord, au-delà d’un mur de brique peu élevé, se trouvaient les bâtiments de la chartreuse dont les moines avaient défié le roi au moment de la rupture avec Rome la plupart d’entre eux avaient été brutalement exécutés pour leur peine. Lord Cromwell avait organisé le massacre, comme tant d’autres opérations. Les bâtiments étaient désormais utilisés comme entrepôts, à part ceux qui, disait-on, avaient été transformés en habitations pour les musiciens italiens que le roi venait de faire venir à grands frais de leur pays.
    Comme dans tous les monastères, les moines avaient loué des terrains à l’intérieur de l’enceinte. De ce côté-ci de la place, les bâtiments étaient petits et misérables d’aspect – constructions de bois d’un étage au plus –, mais, de l’autre côté, s’alignaient de jolies maisons de pierre et de brique. J’avais entendu dire que la plus belle appartenait à lord Latimer, et donc à présent à sa veuve, Catherine Parr. Vaste demeure de brique dotée de hautes cheminées, elle était la seule à posséder un parc. Juste à ce moment-là, un cavalier en livrée rouge galopa à bride abattue le long de la rue où se trouvait la rangée de maisons et s’engouffra dans l’allée de la demeure en soulevant des nuages de poussière. Le roi exerçait-il une nouvelle pression ?
    Barak me ramena sur terre en désignant une enseigne accrochée à la façade d’un vieux bâtiment délabré. « Voilà notre taverne : L’Homme Vert. » L’enseigne représentait un homme vêtu de rameaux de vigne peints en un vert éclatant.
    Comme nous descendions de cheval devant la taverne, les mendiants se dirigèrent vers nous. Peut-être la chapelle avait-elle été abandonnée au moment de la dissolution de l’abbaye et s’y étaient-ils réfugiés. Des mains maigrichonnes et sales s’agrippèrent à nous tandis que nous accrochions nos montures à la barre fixée sur la façade de la taverne.
    « Foutez-moi le camp ! leur lança Barak, repoussant deux ou trois mains tout en attachant sa jument. Après ce qui s’était

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