Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
Vom Netzwerk:
mine abattue.
    « Je crois comprendre que vous étiez aide soignant dans l’infirmerie des moines à Westminster, dis-je. Avant la Dissolution. Nous aurions besoin de renseignements sur votre ancien maître, le Dr Goddard. »
    Il fit une grimace de dégoût. « Il est mort ? fit-il, l’air intéressé pour la première fois.
    — Non, mais nous devons le rechercher et enquêter sur lui. Sauriez-vous où il se trouve ? »
    Il émit un petit rire amer. « Comme s’il y avait la moindre chance qu’il demeure en contact avec moi ! Il me traitait comme un moins que rien. Je serais volontiers resté moine quand on nous a expulsés, il y a trois ans, mais j’étais en tout cas ravi de ne plus avoir à le supporter… A-t-il tué un malade ? demanda-t-il après un bref silence. Ce ne serait pas la première fois.
    — Quoi ? m’écriai-je, stupéfait. Que voulez-vous dire ? »
    Il haussa les épaules. « À cause de ses mauvaises pratiques, il en a envoyé un ou deux jouir du repos éternel avant leur heure… Goddard était un salaud, poursuivit-il.
    — Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? »
    Il haussa de nouveau les épaules. « J’étais impuissant. L’abbé Benson ne m’aurait pas écouté. De plus… on ne pouvait pas contrarier Goddard.
    — Vous aviez peur de lui ? demanda Barak.
    — On ne pouvait pas s’opposer à lui. » Le jeune homme avala sa salive, ce qui fit brusquement monter et descendre la grosse pomme d’Adam qu’avait mentionnée le doyen Benson. Il passa sa langue sur ses lèvres nerveusement et j’aperçus des dents grisâtres et cassées.
    « Nous avons parlé à l’abbé Benson, dis-je. Il nous a dit que Goddard vous avait fourni des lunettes. Votre vision est défectueuse ?
    — C’est vrai. Parce qu’il avait besoin de moi. » Le ton me parut dépité, même si je n’étais pas réellement capable d’interpréter l’expression de son visage, les deux lacs bleus derrière ses verres étant très troublants. « Il ne voulait pas prendre la peine de former quelqu’un de nouveau, poursuivit-il, puisque l’abbaye allait bientôt être dissoute.
    — Combien de temps êtes-vous resté moine ?
    — J’ai commencé mon noviciat à seize ans. Grâce à mon père qui effectuait des travaux de menuiserie pour l’abbaye. Il ne voulait pas que je travaille avec lui, car il me trouvait maladroit. Alors que c’était à cause de ma mauvaise vue, en fait, expliqua-t-il d’un ton geignard.
    — Comment se fait-il que vous ayez fini par travailler à l’infirmerie ? »
    Il haussa les épaules. « Goddard avait besoin d’un assistant et j’étais le seul jeune moine. Ça ne m’a pas gêné, car je pensais que ce serait mieux que la copie d’anciens textes que j’effectuais auparavant. Ils les ont tous brûlés quand le monastère a été dissous, ajouta-t-il avec un rire amer.
    — Vous regrettez votre ancienne vie ? »
    Il haussa les épaules. « J’aimais ce mode de vie organisé. Après un certain temps, j’ai fini par croire tout ce qu’ils disaient. Sur notre sacerdoce, notre existence consacrée à servir Dieu. Mais… eh bien… tout cela était faux, d’après ce qu’on dit aujourd’hui. C’est aussi inutile de dire des messes pour le repos de l’âme des morts que de jeter une pierre contre le vent pour l’arrêter… Aujourd’hui, tout va de travers dans le monde, reprit-il. Ce n’est pas votre avis, monsieur ?
    — Parlez-moi de Goddard. De ce qu’il a fait pour tuer ses patients.
    — Je ne vais pas avoir d’ennuis ? demanda-t-il nerveusement.
    — Seulement si vous refusez de répondre », répondit Barak.
    Il réfléchit quelques instants. « Le Dr Goddard était un homme impatient. À mon avis, il lui arrivait de prescrire trop de médicaments, ce qui entraînait la mort du malade. Il y a eu aussi ce vieux moine qui s’est déboîté et cassé le bras en tombant dans l’escalier. Goddard avait l’habitude de pratiquer les opérations lui-même, car ça coûtait de l’argent de faire venir le barbier-chirurgien. Alors il a donné au moine une forte dose d’une substance qui endort. Le moine a en effet dormi pendant toute l’opération, mais il ne s’est jamais réveillé. Goddard a dit qu’il avait dû lui administrer une trop forte dose. Et il a ajouté qu’au moins il n’aurait plus à l’entendre se plaindre de sa voix nasillarde.
    — Cette substance, était-ce du papaver ?
    — C’est

Weitere Kostenlose Bücher