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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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ça, monsieur. » Il sembla surpris que nous en connaissions l’existence.
    « Si vous pensiez que le médecin hâtait le trépas des patients, n’auriez-vous pas dû le dénoncer ? »
    Il s’agita sur son siège. « Je n’en étais pas certain, monsieur. Je ne suis pas médecin. Grâce à son bagout, il aurait su convaincre que c’était faux et c’est moi qui aurais eu des ennuis. Vous ne savez pas quel genre d’homme c’était… Il me regardait parfois comme s’il avaitaperçu quelque bestiole sur sa table, poursuivit-il, avant de pousser un petit rire gêné. Quelquefois, quand j’étais en train de travailler dans l’infirmerie en silence, vu qu’il n’aimait pas parler à des inférieurs comme moi, il se mettait d’un coup à m’enguirlander pour une peccadille, pour rien. » Un sourire amer flotta sur son visage mince. « Je pense qu’il faisait ça uniquement pour me faire bondir de peur… Qu’a-t-il fait ? monsieur ? demanda-t-il à nouveau.
    — Je crains de ne pouvoir le dire. Vos yeux sont-ils toujours faibles ?
    — Même avec les verres, j’ai du mal à voir. Il paraît que le roi porte des lunettes maintenant… Je parie qu’il voit mieux que moi, ricana-t-il en s’avachissant davantage sur le tabouret. Quand j’ai quitté le monastère, je suis retourné travailler pour mon père, mais je n’étais pas doué du tout. Après sa mort, j’ai laissé tomber l’affaire… C’était là son atelier, fit-il en lançant un coup d’œil à une porte intérieure. Vous voulez le voir ? »
    Je regardai Barak, qui haussa les épaules. Je me levai.
    « Merci pour votre aide, dis-je. Si vous pensez à quelque chose qui puisse nous aider, quoi que ce soit, on peut me joindre à Lincoln’s Inn. » J’hésitai, puis ajoutai : « Je suis désolé que votre vue soit déficiente. Avez-vous jamais consulté un médecin ?
    — Personne ne peut rien y faire, rétorqua-t-il sèchement. Tôt ou tard je deviendrai aveugle.
    — Je connais quelqu’un…
    — Les médecins ne m’inspirent guère confiance, monsieur, déclara-t-il avec un sourire sardonique qui lui tordit la bouche. Après mon expérience avec le Dr Goddard… Vous comprenez… »
     
     
    Dehors, Barak secoua la tête. « Vous enverriez au vieux Maure le moindre moineau tombé du nid. »
    J’éclatai de rire. Soudain Barak me toucha le bras. « Regardez, là-bas, la vieille femme qui nous appelle. » Suivant son regard, j’aperçus de l’autre côté de la rue une vieille dame qui nous faisait signe d’approcher. D’aspect respectable, coiffée d’un bonnet blanc, elle bringuebalait deux lapins morts dans un panier. Nous la rejoignîmes. Elle posa sur nous un regard perçant.
    « Vous êtes allés voir Charlie Cantrell ?
    — En quoi cela vous regarde-t-il ? demanda Barak.
    — Il n’a pas d’ennuis, n’est-ce pas ?
    — Non. Il nous aide dans une enquête judiciaire. C’est tout.
    — Le pauvre homme ! Je ne crois pas qu’il sorte beaucoup de chezlui. Son père est mort l’année dernière, et Charlie a hérité la maison et l’affaire. J’étais une amie de son père. Adrian était tellement doué comme menuisier qu’il était constamment obligé de refuser du travail. Charlie, lui, ne peut pas travailler le bois à cause de sa mauvaise vue, et il n’a plus pour vivre que sa pension de moine. » Avide de ragots, elle nous fixa du regard, dans l’attente d’une réaction de notre part.
    « Vous habitez dans le voisinage, mame ? demandai-je.
    — À cinq maisons d’ici. J’ai demandé à Charlie s’il voulait qu’on l’aide à faire le ménage. Son intérieur est affreusement sale et sa pension lui permettrait de payer quelqu’un pour le nettoyer. Mais il refuse de laisser entrer quiconque chez lui. Je suppose qu’il a honte.
    — Le malheureux jeune homme ! » m’écriai-je, l’air impassible. Comprenant qu’elle n’allait rien tirer de nous, elle pinça les lèvres à mon adresse, avant de s’éloigner, tandis que les têtes des lapins pendant hors du panier se balançaient de haut en bas.
    « Quelle vieille garce indiscrète ! s’écria Barak.
    — Le jeune Cantrell n’est pas de ceux à qui la Dissolution a ouvert les portes d’une vie meilleure.
    — Le pauvre idiot ! Je ne pense pas qu’il ait jamais été très vaillant, même s’il avait eu une bonne vue.
    — Soit. Mais cela ne l’empêche pas de vouer Goddard aux gémonies.
    — Il ne

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