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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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qu’ils redoutent qu’il soit possédé du diable ? »
    Elle acquiesça.
    « Et vous, vous en doutez ?
    — Je ne sais pas. Je n’en sais rien. Mais s’il reste à Bedlam il va mourir.
    — Il faut qu’on le libère et qu’on me le confie, déclara Meaphon. Mais ils refuseront. Je parle des papistes et des relaps du Conseil.
    — Vous êtes donc tous d’accord sur un point au moins : il ne devrait pas se trouver à Bedlam.
    — C’est ça, c’est ça ! » s’écria le père en hochant vigoureusement la tête, soulagé de trouver un point d’accord.
    Je me concentrai un certain temps, avant de reprendre la parole posément : « Ce dossier présente deux problèmes. Le premier est une question de juridiction : quiconque n’a pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat peut demander à la Cour des requêtes de s’occuper de son dossier, mais le juge a la possibilité de décider qu’il s’agit d’une affaire d’État et qu’elle doit revenir devant le Conseil privé. Cependant, si vous n’avez pas les moyens de payer les sommes réclamées par Bedlam, la Cour peut demander au Conseil de se charger de régler la facture. Celui-ci peut également intervenir pour faire cesser les négligences relatives aux soins. Quant à la libération d’Adam, cela présente un problème plus ardu… Que se passera-t-il s’il est libéré ? demandai-je après une profonde inspiration. S’il s’échappe à nouveau et se conduit derechef comme à Saint-Paul, il risque d’être finalement accusé d’hérésie. Si nous pouvions obtenir une amélioration de ses conditions de détention, je pense sincèrement que c’est à Bedlam qu’il est le plus en sécurité, à moins qu’on ne parvienne à lui faire recouvrer la raison. Il serait très dangereux de se mettre à dos le Conseil privé. » Je n’avais pas évoqué le malheureux John Collins,mais à leur mine je voyais bien qu’ils se rappelaient l’horrible sort qu’il avait subi.
    « Il faut le faire sortir de cet endroit, déclara Meaphon. Le seul remède consiste à faire comprendre à Adam que Dieu lui a envoyé cette épreuve et qu’il ne doit pas douter de Sa miséricorde. Si le diable s’est emparé de lui ou s’il a l’esprit chaviré pour toute autre cause, je suis le seul à pouvoir le secourir, avec l’aide d’autres pasteurs », conclut-il en fixant les deux parents d’Adam. Daniel Kite dit « Amen ! » mais Minnie baissa les yeux.
    « Il ne sera libéré que si le Conseil est convaincu qu’il est sain d’esprit, dis-je. Mais nous pouvons faire au moins une chose… Je connais un médecin, un homme intelligent, qui serait capable d’examiner Adam et peut-être même de l’aider. »
    Daniel Kite secoua vigoureusement la tête. « Les médecins sont des impies.
    — Celui-là est extrêmement pieux. » Je préférai ne pas leur dire que mon ami Guy était un ancien moine, toujours catholique au fond de lui-même.
    Kite semblait encore méfiant, mais Minnie s’empressa de saisir ce maigre espoir. « Faites-le venir, monsieur, on ne veut pas laisser passer la moindre chance. Mais nous n’avons pas d’argent pour le payer…
    — Je suis sûr qu’on trouvera un arrangement. »
    Elle regarda son mari, qui hésita et jeta un coup d’œil à Meaphon avant de déclarer : « Sans doute, ça ne peut pas lui faire de mal, monsieur. » Meaphon paraissant sur le point d’émettre une opinion contraire, j’intervins promptement. « Je suis certain que, pour le bien d’Adam, c’est l’attitude raisonnable à adopter. Entre-temps, je vais demander qu’on surveille la façon dont on le traite et que vous soyez dispensés de payer sa pension. En ce moment, la Cour des requêtes a de si nombreux dossiers à examiner que, bien que la session soit terminée, le juge continue à travailler pour rattraper le retard. Avec un peu de chance, une demande urgente pourrait être étudiée dans une semaine environ.
    — Merci, monsieur, dit Minnie.
    — Mais je ne veux même pas tenter de déposer une demande de libération, à moins qu’un changement ne se produise dans l’attitude d’Adam. Une telle requête échouerait purement et simplement, expliquai-je en me tournant vers le pasteur.
    — Eh bien, attendons le verdict du médecin, répondit-il d’un ton serein, tout en plantant sur moi un regard réprobateur.
    — D’autre part, il me semble que je devrais me rendre à Bedlam et peut-être faire

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