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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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emporte ! »
    Je me tus. La bougie se consumait peu à peu. Cantrell restait silencieux, l’air morose. Au bout d’un moment il soupira et tourna vers moi un regard lourd, impitoyable. « Vous avez contrecarré le projet divin, reprit-il. Je ne sais plus que faire. » Il secoua la tête. « Je n’ai pas terminé la série. Voilà pourquoi j’ai échoué.
    — Que voulez-vous dire ? »
    Il prit sa tête entre ses mains. « J’ai la tête qui tourne. Depuis que Dieu m’a parlé… Tant de messages… Tant de pensées… » Il poussa un long et sonore gémissement. « Dieu m’avait dit de placer cette mèche de façon à vous laisser le temps de vous enfuir et que vous pensiez que Goddard était l’unique coupable. Or, comme Goddard n’était pas un apostat de la véritable religion, les prophéties n’ont pas été réalisées. C’est vous qui êtes l’apostat, la personne sur qui doit être versée la septième coupe. Vous êtes aussi l’agent du diable. Et vous devez mourir au cours d’un grand tremblement de terre. » Son débit s’accélérait, et il se parlait, en fait, à lui-même. « Afin, je le comprends à présent, que les prophéties se réalisent et que je puisse tuer la Grande Prostituée… Mais je ne vois pas comment m’y prendre dans cet égout, poursuivit-il en me fixant du regard, et je ne peux pas vous faire sortir d’ici vivant. » Il pointa sur moi un doigt maigre. « J’ai su que vous étiez le suppôt de Satan quand vous êtes venu à l’endroit où j’avais laissé le Dr Gurney. J’ai remarqué votre dos voûté, signe d’une âme biscornue. Et j’ai appris que vous étiez un apostat de la véritable réforme. Quand je vous ai aperçu près du fleuve, j’ai vu que vous aviez l’air triste et perdu… Voilà à quoi doit ressembler un possédé, me suis-je dit alors. »
    Avait-il infligé ce genre de tirade à Tupholme et à mame Bunce durant leur lente et douloureuse agonie ? me demandai-je en frissonnant. Les frissons se changèrent en violents tremblements, car j’étais gelé. Cela faisait des semaines que j’avais froid, mais jamais à ce point. Cantrell, lui, ne semblait guère affecté par la température.
    « Il faudra que je vous fasse sortir d’ici vivant, plus tard, poursuivit-il. Que je trouve une manière de vous tuer. » Une bouffée de soulagement monta en moi. Donc, là, en tout cas, il ne devrait y avoir ni torture ni mort. Sauf si, dans son esprit enfiévré et bourdonnant, une voix lui intimait l’ordre de me tuer. Je tressaillis au moment où Cantrell plongea la main dans sa poche et en retira une longue paire de pinces affilées, qu’il brandit en souriant.
    « N’espérez pas être délivré. Personne ne sait qu’on est là. Après vous avoir descendu jusqu’ici, j’ai utilisé ces pinces pour reverrouiller d’en bas la trappe. La fente était juste assez grande car latrappe s’ajuste mal. Je l’ai examinée quand je suis venu la semaine dernière, la première fois où j’ai prétendu être le livreur du charbonnier. » Il contempla sa main où s’accrochait un bout d’excrément qu’il essuya sur sa tunique avec dégoût. « Quel répugnant endroit ! C’est à cause de vous que je suis coincé là ! » s’écria-t-il en me lançant un regard qui me glaça les sangs.
    Il se tut à nouveau, fronçant les sourcils pour mieux se concentrer. Il était fou, je le savais. Par certains côtés, son obsession me rappelait celle d’Adam Kite en ses pires moments, mais la différence était que celle de Cantrell avait quelque chose de barbare et de sauvage que je ne comprenais absolument pas. Je savais qu’il risquait à tout moment de se jeter sur moi pour me tuer. Toutefois, il demeura calme et pensif, avant de se remettre d’un seul coup à parler. « Goddard me traitait fort mal. Quelle langue de vipère ! Il l’a regretté quand je lui ai planté des clous dans la mâchoire avant de le droguer… Lorsqu’il s’est réveillé après que j’étais entré chez lui par effraction et l’avais assommé, il a eu l’air fort surpris, poursuivit-il en souriant. Encore un autre qui me prenait pour un crétin ! Il a appris à ses dépens qu’il se trompait. »
    Mon dos me brûlait et les liens m’écorchaient les poignets et les chevilles. Il parlait dorénavant sans même me regarder. « Quand on a fermé le monastère et qu’on m’a jeté dans le vaste monde, j’ai été pris de vertige. Je me suis

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