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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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retrouvé dans la tempête, comme un minuscule esquif ballotté sur une mer déchaînée. Or c’est Dieu qui menait la barque. Un jour j’ai entendu Sa voix, et j’ai tout de suite compris que c’était Lui qui me parlait et qu’Il m’avait choisi. » Se tournant alors vers moi, il me décocha un radieux sourire. Paraissant remarquer pour la première fois ma posture inconfortable, il inclina légèrement la tête. « Vous avez mal ? demanda-t-il. Votre dos vous fait-il souffrir ?
    — Oui.
    — Alors, songez à ce que vous allez endurer en enfer ! Ils sont déjà tous là : votre ami Elliard et les autres. Peut-être le diable vous obligera-t-il à manier une pioche à jamais, sans répit, pour casser des pierres, au milieu des flammes, votre dos bossu vous faisant affreusement souffrir… Il faut éliminer les ennemis du Seigneur », ajouta-t-il en souriant.
    Je crus percevoir un bruit au fond du couloir. Je tendis l’oreille. Si on le prenait par surprise, sans faire de buit, j’avais une chance d’être délivré. Mais je me trompais. Le silence qui suivit parut s’éterniser, seulement brisé par les divagations du fou qui me faisait face.
    « L’avoué Felday m’a dit que vous connaissiez Elliard, reprit-il finalement.
    — Oui. C’était mon ami. » Je pris une profonde inspiration. « C’est à ce moment que j’ai décidé de partir à votre recherche.
    — Non, non ! C’est le diable qui vous y a poussé ! rétorqua-t-il, secouant vigoureusement la tête, avant de se remettre sur pied d’un bond, l’épée à la main. « Ne me prenez pas pour un imbécile ! » s’écria-t-il en s’agenouillant à côté de moi. La pointe de l’épée effleura à nouveau ma gorge. « Avouez la vérité ! Avouez que vous êtes possédé du diable. Reconnaissez qu’il vous habite ! »
    C’est alors que j’entendis un bruit au loin. Un cliquetis métallique, suivi d’un grincement et d’un début de ruissellement. Devinant ce qui se passait, mon cœur défaillit. À la chartreuse, on ouvrait les portes des écluses qui retenaient la masse d’eau. Sachant ou soupçonnant que nous étions dans l’égout, on allait nous noyer comme des rats. Harsnet n’avait-il pas déclaré qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger l’archevêque ?
    « Avouez que vous êtes possédé du diable ! » hurla Cantrell, fou furieux désormais. Je ne savais que répondre. Devais-je acquiescer ou nier son accusation ? Qu’est-ce qui l’inciterait davantage à me tuer ?
    « Je n’arrive pas à penser clairement, répondis-je. J’ai l’esprit troublé… » Je réfléchis fiévreusement. Si, lorsque l’eau déferlerait dans l’égout, je parvenais à gagner l’alcôve la plus proche et à m’y encastrer…
    — Le diable se débat en vous. Allez, reconnaissez-le ! Je vous l’ordonne au nom du Christ », lança-t-il en remuant la pointe de l’épée, me causant une nouvelle entaille à la gorge.
    Il y eut soudain un violent courant d’air froid, accompagné d’un sonore craquement et d’un puissant déferlement. Cantrell pivota sur lui-même. À la lumière de sa bougie, je vis un mur d’eau écumeuse qui emplissait tout le tunnel et se précipitait vers nous. Je me projetai de côté, jusque dans l’alcôve. Avant même d’avoir le temps de pousser le moindre cri, Cantrell fut emporté par le torrent, les bras étendus de chaque côté, comme s’il planait.
     
     
    Paradoxalement, je fus sauvé par la puissance du courant, car j’avais roulé assez profondément dans l’alcôve pour que le ressac me plaque contre la paroi du fond. Me contorsionnant au milieu du torrent, j’étendis mes jambes entravées pour entrer en contact avec une paroi latérale, tout en appuyant fortement mon dos contre la paroi opposée. La douleur était atroce, je savais pourtant que je ne devais pas glisser, car alors je serais emporté moi aussi. L’eau tourbillonnait autour de moi, happant mes vêtements, réussissant presque à m’extraire de mon refuge. Mes jambes tremblaient et ma bosse frottait très douloureusement contre les briques, éraflant la peau brûlée. Mais je tins bon. Lestrombes d’eau submergeaient mon cou et mon visage, tirant sur mes cheveux au moment où une chose puante passa devant mon nez. La tête me tournait et j’avais les poumons en feu. Est-ce la fin ? me demandai-je. Est-ce ainsi que ça se termine ?
    Mon corps fut à nouveau

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