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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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le sais. »
    On alla chercher des torches, on ouvrit la trappe, et les hommes de Cranmer descendirent dans la cave. J’aperçus une grande salle pleine de barriques et un gros tas de charbon. Les gardes regardèrent derrière les barriques et plantèrent leur épée dans le tas de charbon, au cas où Cantrell s’y serait caché. Puis ils se tournèrent vers la trappe. « Elle est verrouillée de notre côté ! lança l’un d’eux. Personne ne peut se trouver là.
    — Regardez malgré tout ! »
    Quand ils l’ouvrirent, de l’air froid et vicié monta jusqu’à nous. « Descendez dedans ! » ordonna Harsnet. Ils obtempérèrent, et peu après on entendit un bruit de bottes escaladant les barreaux métalliques, puis une voix cria : « Il y a personne ! »
    L’un des hommes envoyés par Harsnet pour fouiller la maison revint. « Aucun intrus, monsieur. »
    Harsnet et moi échangeâmes un regard.
    « Peut-être est-il parti quand le messager de Cranmer est arrivé et que la fouille a commencé, suggéra Barak. Il a dû comprendre que quelque chose se passait. »
    Harsnet prit un air grave. « Si c’est le cas, il faudra garder lady Catherine avec vigilance quelque temps encore. Fouillez à nouveau la maison tous les quatre, dit-il aux gardes. De fond en comble, s’il vous plaît. »
    Nous regagnâmes le vestibule. « Je vais aller reparler au majordome », annonça Harsnet, nous laissant seuls, Barak et moi. Barak se dirigea vers l’escalier.
    « Où vas-tu ? demandai-je.
    — Je vais participer à la fouille, répondit-il avec un triste sourire. Pour oublier mes soucis.
    — Je t’accompagne. »
     
     
    Nous gravîmes le grand escalier. En haut se trouvait un autre large corridor et en face de nous une porte à double vantail entrouverte, derrière laquelle étaient postés deux gardes. Une jeune femme blonde vêtue d’une belle robe de velours rouge nous regardait d’un air anxieux. L’une des dames d’honneur de lady Catherine, pensai-je. En approchant, j’aperçus une double porte interne ouverte et un lit tendu de luxueuses tapisseries aux couleurs éclatantes, à côté duquel Harsnet et le majordome étaient en train de parler à une dame. Je reconnus la belle silhouette et le visage, remarquable quoiqu’un rien austère, de Catherine Parr. Elle se tourna alors et fixa sur moi des yeux noirs écarquillés de frayeur. À l’évidence, elle ne se souvenait pas de notre rencontre à Westminster. Peut-être même s’imagina-t-elle que cet homme étrange était le tueur.
    « Vous ne devriez pas regarder dans la pièce ! s’écria, scandalisée, la dame d’honneur.
    — Je… Je suis désolé, balbutiai-je. Je ne voulais pas… » Elle me claqua la porte au nez. Barak me lança un regard de commisération. « Vous ne pouviez pas savoir… », commença-t-il. Un cri poussé quelque part dans la maison l’interrompit brusquement.
    « Au feu ! Au secours ! Au feu ! »

45
    H arsnet sortit en courant des appartements de lady Catherine . Il me regarda d’un air perplexe un bref instant, puis nous nous précipitâmes tous vers la fenêtre la plus proche par laquelle on voyait un rougeoiement illuminer l’obscurité. Il cria au majordome de lady Catherine, qui hésitait sur le seuil des appartements, de demeurer avec sa maîtresse.
    De l’autre côté de la pelouse, un grand pavillon d’été construit en bois était en feu. Des flammes sortaient par toutes les fenêtres, tandis que, planant au-dessus de l’herbe, une nappe de fumée se dirigeait vers la maison. Chargés de seaux d’eau, des gardes et des domestiques couraient partout. L’omniprésente terreur du feu avait fait voler la discipline en éclats.
    « Que cherche-t-il à faire ? souffla Harsnet.
    — À créer une diversion… Allez chercher le sergent et faites rentrer ces hommes dans la maison ! » lançai-je d’un ton pressant.
    Le coroner se précipita dans l’escalier. Barak ouvrit la fenêtre et se pencha à l’extérieur. Le pavillon d’été était entièrement la proie des flammes. On ne pouvait rien y faire, mais heureusement le pavillon se trouvait trop loin pour que l’incendie puisse gagner la demeure. Harsnet sortit dans le jardin, rappelant tout le monde. Je regardai les portes fermées des appartements de lady Catherine. « S’il cherchait à éloigner tout le monde de lady Catherine, il a raté son coup. Viens ! »
    Nous descendîmes l’escalier quatre à quatre.

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