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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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dans la grande pièce qui servait à la fois de salle à manger, de salon et de chambre à coucher. Elle y avait effectué beaucoup de travail : tout était propre, les assiettes étaient empilées sur une vieille desserte éraflée, et le lit soignement refait. Mais l’endroit puait l’humidité et, autour de l’unique fenêtre, le mur était maculé de plaques de moisissure noirâtre. Pour se protéger du vent, on avait calfeutré les volets de bois pourrissants avec des chiffons. On s’était aussi efforcé de nettoyer les murs mais les taches de moisissure refaisaient leur apparition. Je vis que Barak était absent.
    « Asseyez-vous, je vous prie, monsieur, me dit-elle en indiquant une chaise devant la table. Puis-je prendre votre manteau ? Je crains que Jack ne soit sorti.
    — Je vais garder mon manteau. Je… euh… Je ne vais pas m’attarder. » En vérité, il faisait si froid dans la pièce sans feu que je n’avais pas envie de l’ôter. Je m’assis et scrutai Tamasin. Âgée d’une vingtaine d’années, le visage doté de hautes pommettes, de grands yeux bleus et d’une bouche pulpeuse, c’était une très jolie femme. Avant son mariage, elle avait aimé s’habiller aussi élégamment que le lui permettait sa bourse, voire un peu plus. Aujourd’hui, elle portait une robe grise informe sous un tablier blanc élimé et sa chevelure blonde était ramenée sous un bonnet de ménagère blanc. Elle me décocha un sourire radieux mais ses yeux restaient ternes et ses épaules affaissées.
    « Voilà longtemps qu’on ne s’est pas vus, monsieur, dit-elle.
    — Près de six mois. Comment allez-vous, Tamasin ?
    — Ça ne va pas trop mal. Je regrette que Jack ne soit pas là.
    — Peu importe. Je passais devant chez vous après avoir emmené un ami consulter le Dr Malton.
    — Voulez-vous un verre de bière, monsieur ?
    — Ce serait avec plaisir, Tamasin. Mais peut-être devrais-je m’en aller… » J’enfreignais les règles de l’étiquette en restant seul avec elle.
    « Non, restez, monsieur. Ne sommes-nous pas de vieux amis ?
    — Je l’espère.
    — Un peu de compagnie me fera plaisir. » Elle prit un pot de bière sur la desserte, en versa dans un verre, me l’apporta, puis s’installa sur un tabouret en face de moi. « Le Dr Malton a-t-il pu aider votre ami ? »
    Je pris une gorgée de bière, laquelle était agréablement forte. « Oui. Comme il s’était mis à faire des chutes soudaines il craignait d’avoir contracté le mal caduc, mais il se trouve qu’il a seulement un défaut au pied. »
    Elle retrouva presque son ancien chaleureux sourire. « Je parie qu’il est extrêmement soulagé.
    — En effet. Dès qu’il sera rentré chez lui, il va probablement danser dans tout son appartement, malgré son pied défaillant.
    — Le Dr Malton est un homme de bien. Il me semble qu’il vous a sauvé la vie quand vous avez souffert de cette fièvre l’avant-dernier hiver.
    — Oui. Sans aucun doute.
    — Mais il n’a rien pu faire pour mon petit Georgie.
    — Je sais. »
    Elle fixa un espace vide sur le mur du fond. « Il est mort-né. On a couché son corps sans vie dans le petit berceau qu’on avait fait fabriquer pour lui… Après ça, poursuivit-elle, en posant sur moi son douloureux regard, j’ai refusé que Jack enlève le berceau. J’avais l’impression que tant qu’il était là une partie de Georgie demeurait avec nous. Mais Jack ne supportait pas ce rappel.
    — Je m’en veux de ne pas être venu vous voir après la mort du bébé,Tamasin. Je souhaitais le faire mais Jack m’a dit que vous préfériez tous les deux rester seuls.
    — J’avais des crises. Jack n’aurait pas voulu que vous en soyez témoin. » Elle sourit, fronçant un peu les sourcils. « Et vous, monsieur, comment vous portez-vous ?
    — Très bien. Je travaille beaucoup et réussis fort bien. Grâce à l’aide de Jack, ajoutai-en souriant.
    — Il vous admire, monsieur. Il raconte toujours comment messire Shardlake a réussi à gagner tel procès en démolissant la partie adverse ou tel autre en mettant au jour de nouvelles preuves.
    — Vraiment ? m’esclaffai-je. À en juger par ses remarques, j’ai parfois l’impression qu’il me prend pour un crétin.
    — C’est seulement sa manière d’être.
    — Soit. » Lorsque nous nous étions rencontrés pour la première fois, durant le grand voyage du roi à York, je m’étais méfié de son

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