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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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publié un livre où il affirme que la Terre tourne autour du Soleil… Mais de quelle tranquillité d’esprit puis-je jouir ici ? » murmura-t-il d’un ton si bas que j’eus du mal à le comprendre. Une expression de douleur et de tristesse apparut soudain sur son visage.
    « Guy, quelque chose ne va pas ? Avez-vous des soucis ?
    — Non, répondit-il en souriant. Seulement les maux et les douleurs de l’âge. Et j’ai bu assez de vin… Je vous souhaite le bonsoir ! me lança-t-il en se levant.
    — Je vais annoncer aux parents d’Adam Kite que vous allez les voir. Ce sera un soulagement pour eux. »
    Nous nous serrâmes la main et je m’en allai. J’étais content que nous nous soyons séparés en bons termes, finalement. Mais je ne le croyais pas quand il affirmait n’avoir aucun souci.

8
    L e lendemain matin, j’allai chercher Dorothy pour l’accompagner à la réunion de la commission d’enquête. Elle n’était pas sortie de chez elle depuis la mort de Roger et je craignais sa réaction. Quand nous traversâmes Gatehouse Court, je constatai que, comme à Westminster, la vanne souterraine avait été ouverte et que l’eau jaillissait joyeusement dans le vaste bassin. Le temps s’était radouci, les oiseaux pépiaient et chantaient dans les arbres. C’était le renouveau de la nature, mais je ne pouvais y prendre aucun plaisir.
    Dorothy était assise dans son fauteuil près de l’âtre, la fidèle Margaret à son côté. En grand deuil, elles étaient tout de noir vêtues et coiffées de bonnets aux longs rubans noirs tombant dans le dos. Le visage ovale de Dorothy était livide et ses yeux regardaient dans le vague. Elle me rappela une autre veuve que j’avais vue récemment : Catherine Parr. Elle me fit un brave sourire.
    « Est-ce l’heure ? Oui ? Je le vois à ton expression… » Elle sourit, fixant la frise accrochée au-dessus de la cheminée. Je suivis son regard. Une belette m’épiait entre des lianes de bois étroitement entremêlées.
    « Comme c’est ressemblant ! m’exclamai-je.
    — Oui. Roger l’appréciait énormément. Il n’a pas été content de la réparation effectuée après la cassure.
    — Tu es sûre de pouvoir affronter cette épreuve ? demandai-je en voyant la pâleur de son teint et ses joues creuses.
    — Bien sûr ! répliqua-t-elle, avec un léger regain de fermeté. Je ferai tout pour qu’on arrête le meurtrier de Roger.
    — Je vais identifier le corps à ta place, si tu le souhaites.
    — Merci. En effet, cela… Cela risquerait d’être au-dessus de mes forces.
    — On va gagner le Guildhall en bateau.
    — Parfait. » Elle hésita un instant, puis demanda soudain : « Que dit le public ?
    — Seulement qu’un meurtre atroce a été commis ici.
    — Si j’entends quelqu’un dire du mal de Roger, je me jetterai sur lui.
    — Bravo, maîtresse ! » acquiesça Margaret. Elle aida Dorothy à se mettre debout.
     
     
    Comme d’habitude, le grand vestibule orné de piliers du Guildhall de Londres était très animé. Ce qui était inhabituel cependant, c’était la présence de deux sergents portant l’uniforme de la ville, postés près du portail. À l’intérieur, des agents officiels et des représentants des guildes couraient en tout sens. Certains regardaient avec intérêt un groupe d’avocats en robe noire qui se tenait dans un coin. Je reconnus le visage sévère de l’intendant Rowland, les autres étant tous des avocats de Lincoln’s Inn. Il s’agissait des membres de la commission d’enquête. Je fus surpris de constater qu’à part l’intendant Rowland ils étaient tous très jeunes et qu’il n’y avait aucun juriste de premier plan parmi eux. Certains paraissaient manifestement mal à l’aise, tout comme les deux étudiants qui avaient découvert le corps et qui restaient aux abords du groupe. Un peu à l’écart, Guy s’entretenait avec Barak.
    Dorothy regarda la foule, hésita, avant de se diriger vers un banc placé contre le mur. Elle s’assit et fit signe à Margaret de la rejoindre. « Nous allons attendre là, m’informa-t-elle. Je n’ai pas le courage de parler à quiconque. J’entrerai dans le prétoire quand on nous appellera.
    — Fort bien. »
    Je rejoignis Guy et Barak.
    « Bonjour, Matthew ! me lança Guy. Est-ce là l’infortunée veuve ? fit-il en jetant un coup d’œil à Dorothy. Elle est fort pâle.
    — Ça lui a beaucoup coûté de venir aujourd’hui.

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