Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
Vom Netzwerk:
agresseur. »
    Piers frappa à la porte et apporta un gros cruchon de vin et deux coupes. Quand il fut ressorti, je dis à Guy : « J’ai promis à Dorothy de trouver le meurtrier, mais je ne vois pas comment on peut s’y prendre pour l’attraper.
    — Vous avez déjà résolu des affaires semblables, comme je le sais mieux que quiconque. Vous vous sous-estimez.
    — Je serais stupide de sous-évaluer les difficultés de cette affaire. Et à cause de Pâques et des misérables pratiques des bureaux du coroner, la commission d’enquête ne sera formée que quatre joursaprès le meurtre. Quatre jours sans enquête officielle. J’espérais que le coroner du roi pourrait diligenter l’affaire, mais cela n’a pas été le cas. Il y a neuf chances sur dix que l’assassin ait déjà quitté la ville, même si, vu la difficulté de lui mettre la main au collet dans Londres, il se peut qu’il y soit toujours et se gausse de la bêtise des coroners et des sergents… Comme la lettre envoyée à Roger était vraisemblable, j’imagine qu’il a des notions de droit. Or il semble désormais qu’il possède également des connaissances médicales.
    — Voilà qui doit limiter le nombre des suspects. Vous savez aussi bien que moi que les domaines juridiques et médicaux sont des mondes clos et que leurs membres sont jaloux de leurs secrets.
    — Soit. Mais bien des gens de notre classe possèdent des connaissances dans les deux domaines. Quoiqu’il soit rare de connaître le papaver.
    — Et la façon de l’administrer. Attendons la commission d’enquête de demain. On verra s’il y a du nouveau. »
    Je bus une gorgée de vin et fus surpris de voir que Guy, adepte de la modération en toute chose, avait déjà terminé sa coupe.
    « Merci d’avoir accepté de vous occuper d’Adam Kite », dis-je.
    Il hocha lentement la tête. « L’obsession du salut. Étrange. L’humanité se laisse facilement fasciner par les idées, la religion, ou les personnes. Et, bien sûr, le fanatisme religieux est partout. Le plus étonnant, c’est qu’il n’y ait pas davantage de gens comme Adam. » Il fit tourner sa coupe dans sa main d’un air songeur.
    « Un batelier m’a dit aujourd’hui que ces énormes poissons trouvés dans le fleuve sont des léviathans et qu’ils annoncent le second avènement du Christ, la fin du monde.
    « Il n’y avait qu’un seul Léviathan.
    — C’est bien ce que je croyais.
    — C’est devenu un monde en noir et blanc, un monde manichéen dans lequel les prédicateurs encouragent leurs fidèles à déclencher au plus vite un conflit entre le bien et le mal. Chacun étant persuadé naturellement que son camp détient l’entière vérité. »
    Je souris, inclinant la tête. « Aussi bien les catholiques que les protestants ?
    — Oui. N’oubliez pas que mes parents étaient des moriscos , des Maures espagnols que l’Inquisition a contraints à quitter l’Espagne. J’ai moi aussi été témoin de la sauvagerie qu’entraîne la prise du pouvoir par des fanatiques… Mais, notez bien, ajouta-t-il gravement, que, quels que soient ses torts, l’Église catholique à toujours cru au libre arbitre, que les hommes peuvent choisir de se tourner vers Dieu, aussi bien par leurs actions que par leur foi. Le nouveau rigorisme protestant ne le permet pas : on est ou sauvé ou damné, selon lavolonté de Dieu. On peut prier afin d’être définitivement sauvé, on peut se croire définitivement sauvé, mais pour ces protestants la décision n’appartient qu’à Dieu, pas aux hommes. Ainsi un Adam Kite est-il persuadé que Dieu ne veut pas de lui.
    — Et, parce qu’il ne peut pas le guérir, son misérable pasteur pense que le gamin est possédé.
    — C’est une façon d’expliquer l’échec.
    — Je n’ai jamais soutenu Luther et sa doctrine de la prédestination, Guy. J’étais du côté d’Érasme dans leur débat sur le libre arbitre. Pas plus tard que ce matin, j’ai vu un prédicateur sans autorisation emmené à Saint-Paul sous le sac et la cendre. Bonner va s’attaquer sans merci aux protestants et ceux-ci ne vont pas se laisser faire. Ceux qui n’appartiennent à aucun des deux camps feront les frais de l’affrontement.
    — Vous avez raison. Vu mon teint basané et mon passé de moine, j’ai intérêt à sortir le moins possible, à ne pas discuter trop ouvertement des découvertes de Vésale et encore moins de celles de ce savant polonais qui a

Weitere Kostenlose Bücher