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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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Mais elle est très brave.
    — En effet, on perçoit une certaine force en elle malgré son chagrin… Jack a remarqué quelque chose de bizarre, poursuivit-il en désignant Barak d’un signe de tête.
    — Quoi donc ? »
    Barak avait les yeux rougis et le teint un peu bilieux. Avait-il passé une nouvelle nuit à courir les tavernes ? Quand il se pencha près de moi je sentis sa mauvaise haleine.
    « Vu le côté spectaculaire de ce meurtre, expliqua-t-il, on aurait pensé que la galerie du public serait bondée… Mais, en fait, les sergents repoussent ceux qui se présentent.
    — Vraiment ? » Tant mieux pour Dorothy, mais c’était unepremière. La commission du coroner, comme toutes les commissions des tribunaux, était censée se tenir en public.
    « Confrère Shardlake, un mot, s’il vous plaît. » L’intendant Rowland avait apparu à mon côté. Il m’entraîna à l’écart du groupe.
    « Mon assistant m’informe que personne n’est autorisé à assister aux débats de la commission, lui dis-je.
    — L’huissier a annoncé la décision des coroners selon laquelle l’audience se tiendra à huis clos, afin d’éviter d’intempestifs bavardages. C’est la première fois que j’entends parler d’une telle décision. »
    Nous fûmes interrompus par les appels d’un huissier en robe noire qui se dressait dans l’encadrement d’une porte. Je rejoignis Dorothy. Elle se mit sur pied, serrant les lèvres, une tache rouge sur chaque joue. « Donnez-moi la main, Margaret », souffla-t-elle. Les membres de la commission s’écartèrent pour la laisser entrer dans la salle d’audience.
     
     
    On nous avait attribué l’une des salles de réunion. Des rangées de bancs faisaient face à la table derrière laquelle étaient assis les deux coroners. L’huissier nous guida, les autres témoins et moi, jusqu’au premier rang, tandis que les membres de la commission s’installaient sur les deux rangées de bancs derrière nous. Ceux réservés au public restèrent vides. J’étudiai les deux coroners. Browne était affalé sur son siège, ses mains grassouillettes nouées sur sa grosse bedaine. À côté de lui se trouvait un homme très différent : âgé d’un peu plus de quarante ans, de petite taille mais robuste, il avait le visage carré, orné d’une courte barbe bien taillée qui commençait tout juste à grisonner, tandis que ses cheveux châtains bouclaient sous son bonnet noir. Son regard croisa le mien. Ses yeux d’un bleu très vif dardaient un regard pénétrant, évaluateur.
    « C’est sir Gregory Harsnet, chuchota Barak, le vice-coroner du roi. Il appartenait jadis au camp de Thomas Cromwell et c’est l’un des rares réformateurs qui ont gardé leur poste. »
    Browne émit un petit rot. Harsnet ayant froncé les sourcils à son adresse, il transforma un autre rot en toux et se redressa sur son siège. On voyait clairement qui était le chef. Les portes furent refermées.
    « La séance est ouverte, s’il vous plaît. » Harsnet parlait d’une voix claire, sereine, teintée d’un accent des régions de l’Ouest, ses yeux parcourant toute la salle. « Nous sommes réunis ici pour instruire l’affaire concernant la mort soudaine et atroce de Roger Elliard, avocat appartenant à Lincoln’s Inn. La commission étant composée uniquement de juristes, vous n’êtes pas sans savoir que nous allons d’abordvoir le corps, puis entendre les témoins et décider si nous pouvons parvenir à un verdict. »
    Les membres de la commission prêtèrent serment, les jeunes avocats allant recueillir la Bible des mains de l’huissier. Puis Harsnet nous adressa de nouveau la parole.
    « Avant que nous allions voir le corps, je souhaiterais appeler le Dr Malton, qui a été chargé de l’examiner, afin qu’il nous fasse part de ses conclusions. »
    Guy se leva et donna la liste de ses impressionnantes qualifications médicales, tandis que les membres de la commission fixaient avec curiosité sa peau bronzée. Il indiqua qu’il soupçonnait qu’on avait administré à Roger la substance appelée « papaver », pour le rendre inconscient, puis qu’on l’avait transporté jusqu’à la fontaine où on lui avait tranché la gorge.
    « Il y a été jeté vivant, affirma-t-il. Il n’est pas mort noyé, mais a succombé à une importante effusion de sang. Ce qui signifie… Ce qui signifie, reprit-il après une hésitation, qu’on lui a tranché la gorge avant

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